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le Jeudi 25 novembre 2021 6:01 Société

Tendre la main à toutes

Pour Gaye Hanson, les événements de la dernière année ont permis à la population de comprendre les différents facteurs contribuant à exacerber la violence chez les personnes autochtones, comme les inégalités sociales, la pauvreté, les effets de la colonisation et des pensionnats ainsi que le trauma intergénérationnel.
Pour Gaye Hanson, les événements de la dernière année ont permis à la population de comprendre les différents facteurs contribuant à exacerber la violence chez les personnes autochtones, comme les inégalités sociales, la pauvreté, les effets de la colonisation et des pensionnats ainsi que le trauma intergénérationnel.

L’élimination de la violence à l’égard des femmes revêt plusieurs formes au territoire, mais elle est partout articulée autour des mêmes mots clés : respect, adaptation et soutien.

Pour Gaye Hanson, les événements de la dernière année ont permis à la population de comprendre les différents facteurs contribuant à exacerber la violence chez les personnes autochtones, comme les inégalités sociales, la pauvreté, les effets de la colonisation et des pensionnats ainsi que le trauma intergénérationnel.

 

En mars 2020, l’Équipe d’intervention en cas d’agression sexuelle (le SART, en anglais) faisait son arrivée au territoire, après avoir fait ses preuves dans de nombreuses autres régions à travers le Canada et les États-Unis. Le SART vise à offrir un plus grand nombre de services adaptés aux personnes victimes de violence sexuelle, tant sur le plan émotionnel et médical que juridique.

Ketsia Houde-Mclennan est coordinatrice du support aux victimes pour le SART et forme diverses agences comme la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour que les interventions auprès des victimes soient les plus efficaces et respectueuses possibles.

Par exemple, pour la GRC, l’important est de s’assurer que les membres du corps policier de première ligne aient une connaissance des effets du trauma sur une victime, pour ainsi adapter leurs interventions, explique-t-elle.

Pour Véronique Maggiore, de la maison de transition pour femmes à Whitehorse, il est capital que les interventions policières en matière de violences à caractère sexuel soient plus adaptées : « Parfois, on perd le fil narratif de ce qui nous est arrivé, et ça devient plus une question d’investigation et d’avoir des accusations que du soutien à la victime. »

Elle affirme diriger très souvent des personnes de passage à la maison de transition vers le programme. Selon les données de 2018 de Statistique Canada, les femmes des territoires du Canada étaient trois fois plus susceptibles que les hommes d’avoir été victimes d’agression sexuelle au cours de leur vie.

Le SART ratissera plus large

L’expansion du SART dans les communautés figure dans la lettre de mandat envoyée à Jeanie McLean, ministre de la Direction de la condition féminine et de l’équité des genres du gouvernement du Yukon.

Les services sont présentement disponibles à Whitehorse seulement, mais Watson Lake et Dawson sont les prochaines communautés sur la liste, affirme Jeanie McLean. « Nous savons que le programme sera différent dans les communautés, mais c’est une expansion importante et nous travaillerons de pair avec les intervenants sur place pour y arriver », ajoute-t-elle.

Selon Gaye Hanson, consultante pour le Cercle des femmes autochtones de Whitehorse, le SART n’a pas encore été révisé sous la lunette de l’adaptation culturelle, mais elle demeure optimiste que le travail se fera bientôt.

Pour Ketsia Houde-Mclennan, une autre façon de rejoindre des victimes de violences à caractère sexuel est d’offrir des services à d’autres endroits qu’à l’hôpital, puisque « présentement, c’est une barrière », estime-elle.

« Il y a des gens qui peuvent avoir eu de mauvaises expériences à l’hôpital ou qui ont un traumatisme », précise-t-elle. Elle croit tout de même que SART est une avancée importante pour les victimes et que celles qui auront une meilleure expérience avec des intervenants et intervenantes de soutien pourront la partager avec d’autres victimes et les encourager à chercher l’aide dont elles ont besoin.

L’importance des projets ciblés

« Remettre des pamphlets à des femmes sur la violence basée sur le genre, c’est une intervention qui peut aider, mais ce n’est pas aussi profond et puissant que d’autres méthodes », remarque Gaye Hanson.

Ce raisonnement résume bien ce que les différents organismes offrant des services aux personnes se définissant comme femmes remarquent : pour les aider, il faut un éventail de services différents.

Du soutien pour mieux soutenir, c’est un peu l’essence du projet qu’elle a développé grâce au Fonds de la prévention de la violence faite aux femmes autochtones du Yukon. Le programme de soutien par les pairs et de connexions culturelles consiste en des modules d’aide au soutien spécialement créés pour répondre aux besoins des femmes autochtones.

« Dans les moments plus difficiles, on a tendance à s’appuyer les unes les autres, et il y a des manières plus saines de le faire, explique-t-elle. Nous essayons de donner des outils aux femmes pour qu’elles puissent s’entraider d’une manière saine. »

Les femmes autochtones sont invitées à s’inscrire et à participer à des activités tous les lundis pendant huit semaines, depuis le 15 novembre.
Pour Jeanie McLean, faire en sorte que les organisations au cœur des communautés puissent développer des projets adaptés est « d’une importance vitale ».

Véronique Maggiore insiste sur le fait que la violence à caractère sexuel est exacerbée par de multiples facteurs et nécessite donc une approche holistique pour la contrer. « On parle beaucoup d’impacts systémiques, une façon de contrer la violence est une meilleure sécurité de logement », précise-t-elle, en faisant référence au fait que les personnes victimes de violence qui n’arrivent pas à trouver un autre logement auront davantage de difficulté à s’éloigner de la situation.

Gaye Hanson est du même avis : « Améliorer l’accès aux services de santé mentale, de thérapie, à l’emploi et au logement sont toutes des façons d’aider une femme à vivre une vie dans laquelle est sera moins à risque de violence. »

Elle a participé grandement à l’élaboration de Changer la donne pour défendre la dignité et la justice, la stratégie yukonnaise de lutte contre la violence faite aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles+ autochtones et a hâte de voir les recommandations être implantées.
Même son de cloche pour Jeanie McLean, qui affirme que les cadres de mise en œuvre seront disponibles à la mi-décembre.

Vous ou quelqu’un que vous connaissez avez été victime d’une agression sexuelle? Appelez sans frais la Ligne d’écoute en cas d’agression sexuelle, accessible en tout temps partout au Yukon 1 (844) 967-7275.

IJL – Réseau.Presse. l’Aurore boréale