« Lance corporal, Joseph Novak, au nom du président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’honneur. »
Devant son fils, ses ami.e.s, ainsi que des représentant.e.s de la division de Whitehorse de la Légion canadienne royale, du consulat français de Vancouver et de l’Association des vétérans de la GRC, le Montréalais d’origine Joseph Novak a accepté la médaille qui lui a été remise par le général Benoît Puga, grand chancelier de l’ordre national de la Légion d’honneur, lors d’une cérémonie présidée par la commissaire du Yukon, Angélique Bernard, et tenue dans les bureaux de la Légion royale canadienne de Whitehorse.
Le ruban de la Légion d’honneur est le plus haut ordre du mérite français, tant militaire que civil, et est décerné depuis sa création en 1802 par Napoléon Bonaparte aux personnes ayant servi la République de façon exceptionnelle.
Arrivé à bon port… à 21 ans
Deux ans après avoir rejoint les Forces armées canadiennes, Joseph Novak, alors âgé de 21 ans, faisait partie des quelques 150 000 soldats qui ont débarqué en Normandie, au nord de la France, en juin 1944.
Ces débarquements ont été surnommés le Jour J de la Seconde Guerre mondiale, puisqu’ils ont été un point tournant dans la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie.
« Il est venu d’aussi loin […], dans un pays qu’il ne connaissait pas, pour aller défendre des gens qu’il ne connaissait pas, simplement parce qu’on partageait les mêmes idéaux démocratiques, a affirmé avec gratitude Benoît Puga lors de son discours précédant la remise. Il est venu en France pour défendre notre pays et se battre en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Il est venu nous aider à être libres à nouveau. »
Joseph Novak affirme que l’armée ne l’a jamais quitté et que s’il y a une chose dont il s’ennuie de ses années au front, c’est la proximité avec ses camarades. Il n’est jamais retourné sur les lieux, mais aurait bien aimé « refaire le même trajet, en arrivant à Juno Beach en Normandie, jusqu’en Belgique, et jusqu’à Breda aux Pays-Bas ».
Avec Louise Miller, Joseph Novak serait le seul vétéran de la Seconde Guerre mondiale encore vivant au Yukon. Il est arrivé au territoire avec sa femme il y a 17 ans, pour se rapprocher de son fils. Il vit désormais au Centre Whistle Bend, un établissement de soins prolongés. Il parle encore très bien le français, même s’il le parle peu depuis qu’il est au Yukon.
Une médaille pour tous
Rencontré la veille de la remise de la médaille, Joseph Novak était fébrile. Il a avoué que cet honneur était une surprise : « J’étais abasourdi quand je l’ai appris, parce que je ne me vois pas comme un individu si important. »
Ces propos ne surprennent pas le général Benoît Puga, qui a décoré de nombreuses personnes vétérantes au fil des ans : « Je retiens leur grande modestie. Ils […] veulent associer à cette déclaration le souvenir de leurs camarades et, effectivement, derrière la déclaration, vous ne décorez pas seulement une personne. C’est une équipe. »
C’est d’ailleurs ce qu’a souligné Joseph Novak le 20 octobre dernier. « Je n’accepte pas cette médaille comme si j’en étais le détenteur, a-t-il lancé. Cette médaille appartient à tous ceux qui ont participé à la libération, de la côte est à la côte ouest, du Nord au Sud, ce sont ces vétérans qui méritent cette médaille [ainsi que] les Premières Nations qui ont contribué aux Forces armées canadiennes. […] Elles se sont portées volontaires et se sont battues pour notre voix. »
Il a ajouté qu’il ne cessera jamais de rappeler l’importance de souligner l’apport des personnes autochtones lors des combats de la Seconde Guerre mondiale. Ce dernier aimerait également qu’un monument reconnaissant le dévouement des ancien.ne.s combattant.e.s soit érigé à Whitehorse.
Environ 1 400 Canadien.ne.s auraient reçu la Légion d’honneur dans les 15 dernières années, selon le général Puga.