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le Jeudi 16 septembre 2021 5:11 Société

La communauté étudiante « frustrée » de ne pas pouvoir voter sur les campus

La FÉÉCUM devra redoubler d’efforts afin de bien informer les étudiant.e.s qui devront exercer leur droit de vote à l’extérieur du campus, selon la présidente de l’organisme, Mathilde Thériault. Photo fournie.
La FÉÉCUM devra redoubler d’efforts afin de bien informer les étudiant.e.s qui devront exercer leur droit de vote à l’extérieur du campus, selon la présidente de l’organisme, Mathilde Thériault. Photo fournie.

Le taux de participation des 18 à 24 ans aux deux dernières élections fédérales a été le plus bas enregistré par Élections Canada parmi toutes les tranches d’âge. La décision de l’organisme de ne pas ouvrir de bureaux de vote sur les campus cette année en raison de la pandémie soulève de nombreuses inquiétudes auprès des représentant.e.s de la communauté étudiante.

La FÉÉCUM devra redoubler d’efforts afin de bien informer les étudiant.e.s qui devront exercer leur droit de vote à l’extérieur du campus, selon la présidente de l’organisme, Mathilde Thériault. Photo fournie.

 

 

Mathilde Thériault se souvient d’avoir vu de nombreux.ses étudiant.e.s exercer leur droit de vote sur le campus de l’Université de Moncton lors du scrutin de 2019. Déçue, la présidente de la Fédération des étudiantes et étudiants du Campus universitaire de Moncton (FÉÉCUM) ne remet toutefois pas en question la décision d’Élections Canada de ne pas tenir le programme de vote sur campus cette année.

« On comprend les raisons et le contexte […], mais c’est sûr que ça n’enlève pas notre frustration par rapport à la décision. »

Déjà, à l’automne 2020, Élections Canada avait pris la décision de ne pas tenir le programme de vote sur campus en raison « de la complexité que représente ce programme dans un contexte de pandémie », explique l’organisme dans un courriel à Francopresse.

Faute de connaître la date exacte des élections et de savoir si les étudiant.e.s seraient de retour sur les campus en raison des conditions sanitaires, Élections Canada a choisi de « réaffecter les ressources nécessaires au programme de vote sur campus à d’autres programmes qui nous aideraient à mener l’élection ».

En juillet dernier, l’organisme annonçait l’évaluation de diverses options pour offrir des services de vote sur les campus aux prochaines élections, tout en précisant que dans le cas où elles seraient déclenchées à court terme, la décision de l’automne 2020 serait maintenue.

Inquiétudes quant au taux de participation

La décision déplait à la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) et à la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada qui ont exprimé leur désaccord par voie de communiqué.

« On comprend le contexte dans lequel se tiennent ces élections, mais on parle ici de jeunes qui se préparent à exercer leur droit de vote pour la première fois. On veut leur faciliter la tâche au maximum pour que ce soit une expérience positive qu’ils aient le goût de refaire aux élections suivantes. On n’y parviendra pas sans mesures adaptées et, surtout, sans s’assurer qu’ils soient au courant de ces mesures », déplore la présidente de la FCFA, Liane Roy, dans le communiqué.

Pour cette raison, la FÉÉCUM redoublera d’efforts afin d’offrir aux étudiant.e.s le plus d’informations possible sur les diverses façons de voter.

« On va avoir une campagne pour démystifier tout ce qui entoure le vote : où se trouvent les bureaux, quels bus il faut prendre pour se rendre dans ces bureaux-là. Ce sont des informations importantes à faire circuler vu qu’il n’y aura pas de programme de vote sur le campus », précise la présidente Mathilde Thériault.

Les 18 à 24 ans votent le moins

Le taux de participation le moins élevé des trois dernières élections a été enregistré chez les électeurs de 18 à 24 ans — 55 % en 2011, 67 % en 2015 et 68 % en 2019 — tout juste derrière les 25 à 34 ans.

Afin de favoriser le vote chez les jeunes, Élections Canada a démarré en 2015 un projet pilote de vote sur campus en ouvrant des bureaux de scrutin dans 39 établissements postsecondaires du pays. Plus de 69 000 personnes avaient alors utilisé ce moyen pour exercer leur droit de vote.

En 2019, le programme a été offert sur 109 campus d’établissements postsecondaires et a permis à plus de 110 000 personnes de voter.

Afin de favoriser l’intérêt du vote chez les jeunes, la FJCF a reçu le mandat de ses membres, en 2015, de travailler avec les élus pour faire abaisser l’âge du vote à 16 ans au Canada.

« On croit dur comme fer au sentiment d’appartenance à la démocratie canadienne […]. Pour développer ce sentiment d’appartenance, il faut pouvoir comprendre le système », affirme la présidente de l’organisme, Sue Duguay.

C’est pour cette raison que dans son mémoire déposé en 2016 au Comité spécial sur la réforme électorale, l’organisme demande qu’un programme d’éducation civique obligatoire soit développé, en accord avec les provinces.

La FJCF a développé en parallèle le projet Né.e pour voter, qui a pour but d’éduquer les jeunes au vote pendant les campagnes électorales.

« Pour ceux et celles qui pensent que leur “vote est inutile”, c’est important de démystifier ce message-là, de faire comprendre que chaque vote compte. Ça s’arrime donc avec le reste de nos revendications, comme l’abaissement de l’âge du vote à 16 ans et l’éducation civique », ajoute Sue Duguay.

Le projet de loi pour faire abaisser l’âge du vote à 16 ans de la sénatrice Marilou McPhedran, déposé en 2020, et celui de la députée du Parti vert Elizabeth May, déposé en mars dernier, sont morts au feuilleton avec le déclenchement des élections.