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le Mercredi 1 septembre 2021 21:37 Société

Peuples autochtones : un lexique pour savoir quels termes employer

Photo : Maryne Dumaine
Photo : Maryne Dumaine

 

Inès Lombardo, Francopresse

 

Ces dernières semaines, les découvertes successives de centaines de tombes non identifiées d’enfants près d’anciens pensionnats autochtones ont mis les Canadiens face à un pan de leur histoire la plus sombre. Depuis, des citoyens s’éduquent, discutent et participent à des marches en soutien aux peuples autochtones dont les droits les plus fondamentaux ont été bafoués. Dans ce contexte plus que sensible, Francopresse s’est attaché à produire un lexique des termes de bases à utiliser pour éviter que les mots ne blessent autant que les actes.

Photo : Maryne Dumaine

 

Termes généraux

Peuples autochtones : Terme utilisé au paragraphe 35 (1) de la Loi constitutionnelle de 1982, qui reconnait et confirme les droits existants — ancestraux ou issus de traités — des peuples autochtones. Selon le paragraphe 35 (2), ce terme s’entend des Indiens (Premières Nations), des Inuits et des Métis du Canada.

Premiers peuples : Terme utilisé à l’occasion à la place de « peuples autochtones ». Ce terme ne revêt pas de signification juridique.

Premières Nations : Terme désignant tous les Indiens, inscrits et non inscrits, ainsi que leurs collectivités. Bien qu’il ne soit pas défini dans la Loi sur les Indiens, il est maintenant utilisé dans la plupart des lois canadiennes (p. ex. Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis).

Chef : Personne à la tête du gouvernement d’une Première Nation en vertu du régime de la Loi sur les Indiens. Le chef et ses conseillers, lesquels forment le conseil de bande, sont élus en fonction de divers systèmes électoraux.

Ce modèle de gouvernance n’est pas traditionnel chez les Premières Nations. Traditionnellement, certaines Premières Nations avaient des structures de gouvernance héréditaires. Certaines d’entre elles ont maintenu leurs institutions traditionnelles, parallèlement au régime de la Loi sur les Indiens. Les rôles et responsabilités contemporains des chefs héréditaires varient d’une communauté à l’autre.

Inuits : Peuple circumpolaire vivant principalement dans l’Inuit Nunangat, le territoire couvrant la terre, les glaces et les eaux du Nunavut, du Nunatsiavut (nord du Labrador), du Nunavik (nord du Québec) et de la région désignée des Inuvialuits (nord du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest).

En inuktut, « langue parlée par les Inuits qui habitent la partie orientale de l’Arctique canadien », « Inuit » signifie « le peuple ». Par conséquent, l’expression « peuple inuit » est à éviter.

En anglais, le mot « Inuk » est la forme singulière du mot « Inuit » et sert à désigner une seule personne. En français, on accorde « Inuit » en genre et en nombre. Autrefois, les Inuits étaient appelés « Esquimaux », un terme aujourd’hui considéré péjoratif.

Il convient de noter que les Inuits et les Innus ne sont pas le même peuple : les Innus forment une Première Nation habitant le nord-est du Québec et le sud du Labrador.

Les Innus (parfois appelés « Montagnais » ou « Naskapis ») : Peuple autochtone vivant dans les régions subarctiques et boréales du Québec et du Labrador. Le recensement de 2016 dénombre 27 755 personnes se disant d’ascendance innue/montagnaise, tandis que 1 085 autres s’identifient comme Naskapis. Source : L’Encyclopédie canadienne, Innu (Montagnais-Naskapi)

Métis : L’identité métisse se définit de différentes façons. Les Métis peuvent être décrits comme « les personnes dont les ancêtres habitaient l’ouest et le nord du Canada et ont reçu une terre ou un certificat de Métis ». Autrement dit, il s’agit des descendants de la nation métisse historique.

Une définition plus large inclut les personnes d’ascendance mixte (Autochtone et non Autochtone) qui s’identifient comme Métis.

Dans le jugement Powley de 2003, la Cour suprême du Canada a retenu trois facteurs principaux comme indicateurs de l’identité métisse : l’auto-identification, les liens ancestraux et l’acceptation par la communauté.

Réserve : Une réserve est une terre réservée aux membres d’une Première Nation pour qu’ils l’occupent et l’utilisent. À ne pas confondre avec un « territoire revendiqué », un terme qui englobe toutes les terres traditionnelles de la Première Nation en question, c’est-à-dire un territoire bien plus grand qu’une réserve. Source : Atlas des peuples autochtones du Canada, Foire aux questions.

« Survivante » plutôt que « victime » : Dans son Lexique terminologique, l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) a « choisi d’utiliser le terme “survivante” pour désigner les personnes qui ont vécu la violence, reconnaissant que l’usage de ce terme ne constitue pas un appel lancé aux personnes afin qu’elles “se dépêchent de guérir”.

« Une variante respectueuse consiste à éviter complètement d’utiliser un terme, et de simplement faire référence aux “personnes qui ont vécu la violence” ou à “celles qui ont vécu la violence”. Exception : Si le terme “victime” est nécessaire dans le contexte du système de justice pénale. »

Termes particuliers au droit

Droits ancestraux : En- semble de droits protégés par la Constitution canadienne que détiennent les peuples autochtones en vertu de leur occupation et de leur utilisation historique du territoire en tant que sociétés distinctes ayant leurs propres pratiques, coutumes et traditions.

Titre ancestral : Droit collectif d’occupation et d’utilisation exclusives d’un territoire par un groupe autochtone.

Droits issus des traités : Droits définis dans les traités historiques et modernes négociés entre la Couronne et les peuples autochtones.

Indien : Bien que désuet, le terme « Indien » a un sens juridique précis selon la Loi sur les Indiens et son utilisation peut être indiquée dans certaines circonstances. Il désigne généralement les Indiens inscrits, les Indiens non inscrits et les Indiens visés par un traité. Le terme « Premières Nations », qui n’a pas de sens juridique, est maintenant largement accepté en remplacement du terme « Indiens ».

Loi sur les Indiens : Instaurée en 1876, la Loi sur les Indiens est le principal texte législatif sur lequel s’appuie le gouvernement fédéral pour administrer les réserves et les gouvernements locaux des Premières Nations. Elle énonce les obligations du gouvernement à l’égard des peuples des Premières Nations et définit le « statut » – la reconnaissance juridique de l’héritage d’un membre d’une Première Nation, qui lui procure certains droits, comme celui de vivre dans une réserve. Cette loi demeure la première ressource définissant les interactions entre le gouvernement fédéral et les membres des Premières Nations du Canada. Source : Atlas des peuples autochtones du Canada, Foire aux questions.

Les termes de ce lexique ont été réorganisés par thèmes. La source principale est le site de la Colline parlementaire « Notes de la Colline », qui fait partie de la Bibliothèque du Parlement canadien. D’autres sources ont été utilisées, auxquels cas celles-ci sont indiquées à la fin de la définition du terme concerné.