Depuis un mois, les travailleurs et travailleuses temporaires essentiel.le.s et en santé ainsi que les diplômé.e.s étranger.ère.s peuvent compter sur un nouveau programme pour acquérir leur résidence permanente au Canada. Cette « nouvelle voie » dite plus simple et plus rapide sera-t-elle la nouvelle marche à suivre pour l’immigration au Yukon?
Le nouveau programme temporaire se divise en trois volets : travailleurs de la santé, travailleurs d’autres professions essentielles et étudiants étrangers. Pour être admissible, il faut posséder au moins un an d’expérience de travail au pays dans une profession dite essentielle ou en santé. Quant aux étudiants étrangers, ils doivent avoir terminé un programme postsecondaire au Canada dans les quatre dernières années.
« La pandémie a mis en lumière l’incroyable contribution des nouveaux arrivants. Ces nouvell
es politiques permettront à ceux qui ont un statut temporaire de planifier leur avenir au Canada, de jouer un rôle clé dans notre reprise économique et de nous aider à mieux reconstruire, indique le ministre fédéral de l’Immigration Marco Mendicino dans le communiqué de presse du lancement du programme. Le message que nous leur adressons est simple : votre statut est peut‑être temporaire, mais vos contributions sont durables – et nous voulons que vous restiez. »
Cette initiative du gouvernement de Justin Trudeau vise aussi à atteindre la cible de 4,4 % d’immigrant.e.s francophones d’ici 2023, objectif fixé il y a déjà 15 ans. En effet, alors que l’accès aux trois volets de ce programme express est restreint pour les personnes non-francophones – un maximum de 90 000 demandes sera traité pour celles-ci – aucun quota n’a été mis en place pour les personnes d’expression française.
Selon les chiffres de Francopresse, en date du 27 mai 2021, seulement 606 francophones avaient déposé une demande de résidence permanente, contre près de 52 000 personnes dans les catégories réservées aux non-francophones. De plus, en moins de trois semaines, le volet réservé aux étudiants étrangers non-francophones avait atteint son nombre maximal de demandes, soit 40 000.
Boom d’inscription attendu au Yukon?
Selon l’agente de projets en immigration à l’Association franco-yukonnaise (AFY), Maurine Forlin, les effets de cette nouvelle politique au territoire demeureront quand même restreints. D’abord, il s’agit d’une voie temporaire qui prend fin le 5 novembre prochain. Ensuite, selon elle, la majorité des personnes immigrantes installées au Yukon ont déjà entrepris des démarches à travers un autre programme d’immigration. « Est-ce que ces gens-là vont repayer et refaire tous leurs papiers, pour avoir deux demandes en cours? Je ne suis pas sûre que ce soit utile, surtout que ça coûte assez cher d’accéder aux programmes d’immigration », ajoute-t-elle. Selon cette dernière, un questionnement résonnera dans la tête de plusieurs travailleurs temporaires et de la santé : « C’est un beau programme, mais est-ce que ça vaut la peine que je recommence tout à zéro? »
Mais il y aussi des points positifs : « Ça permet à d’autres personnes d’avoir accès rapidement à la résidence permanente », explique Maurine Forlin, puisque certains emplois qui sont considérés comme essentiels dans cette politique tels que caissier.ère, éducateur.trice ou peintre, ne se retrouvent pas dans d’autres programmes d’immigration. « Je crois que ça s’adresse aussi aux gens qui ont contribué à [l’effort contre] la crise de la COVID-19, d’une façon ou d’une autre avec leur travail essentiel, c’est une forme de reconnaissance. »
Selon celle qui a elle-même traversé le processus d’immigration au Canada, la nouvelle voie pourra aussi remédier au déséquilibre dans l’octroi des résidences permanentes. « Il y a des gens qui travaillent depuis des années au Canada et qui passent de permis temporaires en permis temporaires, qui font partie de la communauté et que leurs demandes traînent, alors qu’il y a des gens qui ne sont même pas encore ici et qui obtiennent leur permis avant eux », image-t-elle.
Mieux outiller les équipes en immigration
Dans une entrevue accordée à Francopresse, le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada Jean Johnson propose de mieux « outiller les équipes internes qui travaillent au sein de l’immigration francophone ». Une idée partagée par Maurine Forlin. « Il faut bien prendre en compte qu’au Yukon, il n’y a pas d’agent.e IRCC (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada) agréé.e qui peut officiellement répondre à toutes les questions », ce qui constitue un manque, selon elle. Puisqu’elle et son équipe ne sont pas des conseiller.ère.s en immigration, elle recommande à ceux et celles qui ont des questions de faire affaire avec un.e avocat.e ou un conseiller.ère agréé.e en immigration.
IJL – Réseau.presse L’Aurore boréale