le Dimanche 15 septembre 2024
le Jeudi 19 mars 2020 6:11 Société

Prendre d’assaut l’isolement des aînés

Le groupe Franco 50 se réunit désormais les mardis à 11 h au Centre de la francophonie pour socialiser autour d’une boisson chaude. Une belle façon de briser l’isolement et de permettre aux personnes aînés de revenir au coeur de notre communauté.
Photo : Maryne Dumaine
Le groupe Franco 50 se réunit désormais les mardis à 11 h au Centre de la francophonie pour socialiser autour d’une boisson chaude. Une belle façon de briser l’isolement et de permettre aux personnes aînés de revenir au coeur de notre communauté. Photo : Maryne Dumaine

André Magny Francopresse

Secondée par huit de ses associations membres, la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada (FAAFC) démarre en 2020 un grand projet canadien dont l’objectif est de briser l’isolement des personnes aînées.

Le groupe Franco 50 se réunit désormais les mardis à 11 h au Centre de la francophonie pour socialiser autour d’une boisson chaude. Une belle façon de briser l’isolement et de permettre aux personnes aînés de revenir au coeur de notre communauté.
Photo : Maryne Dumaine

«  On peut être isolé de plusieurs façons. La maladie, un conjoint qui décède. On peut aussi être isolé en hiver à cause d’une tempête de neige ou quand on habite en milieu rural. Et on peut l’être aussi par la langue.  » C’est à partir de la Colombie-Britannique que Stéphane Lapierre va coordonner pour la FAAFC un ambitieux programme, auquel vont participer sept provinces et un territoire pour faire sortir de leur isolement des milliers de personnes âgées.

Sensible à ce problème, le gouvernement canadien par l’entremise du programme Nouveaux Horizons a octroyé quelque 3 700 000 $ pour l’implantation de trois initiatives d’envergure : la conception d’un centre d’activités téléphoniques pour aînées et aînés francophones, la création d’un réseau de sentinelles entre aînées et aînés francophones et enfin, la mise en place d’une plateforme informatique de partage assurant la gestion et la livraison de formations et d’animation d’activités en ligne pour les 50 ans et plus.

Trois initiatives

Stéphane Lapierre explique que, dans un premier temps, l’énergie de la FAAFC et de ses partenaires se concentrera particulièrement sur les deux premiers projets. Le premier, Connect’Aîné sera lancé officiellement en avril. Ce sera plus qu’un simple service téléphonique. En fait, on parle de téléconférence. Les gens qui y participeront pourront discuter, échanger, dialoguer sur différents sujets, mais à distance depuis leur foyer. Il faut savoir que parfois, les distances sont grandes entre diverses communautés francophones dans une région donnée, que ce soit au Nouveau-Brunswick, en Ontario ou au Yukon.

Le deuxième volet portera le nom de Sentinelle entre aînés francophones. Gratuite comme le premier volet pour les participants, cette initiative permettra aux aînés qui sont tout fin seuls d’être contactés par des bénévoles, qui prendront de leurs nouvelles et feront le point sur leur état de santé. La FAAFC et ses associations membres veilleront à la formation de ces bénévoles.

Quant à la troisième initiative, sans mentionner de date de démarrage, Stéphane Lapierre affirme que celle-ci financera les deux autres. Effectivement, il est prévu que les formations qui seront données sur cette plateforme informatique ne soient pas gratuites. Animations d’activités et formations seront suivies par l’ensemble des communautés francophones à travers le Canada.

Le soutien des communautés

Qu’ils soient de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick ou du Yukon, ceux et celles qui se sont confiés à Francopresse ont tous démontré un enthousiasme hors du commun face à l’objectif de vaincre la solitude des aînés.

Anne LeBlanc, coordonnatrice du programme Connect’Aîné pour le Regroupement des aînés de la Nouvelle-Écosse, connaît fort bien la difficulté que certains aînés ont pour se déplacer. Elle a déjà des idées de sujets pour ce premier volet. «  Il y aura des animateurs d’ateliers qui vont les faire parler de leurs souvenirs d’école, par exemple.  » Consciente que ce projet va demander des efforts, son association membre de la FAAFC vise tout d’abord les secteurs de Clare et d’Argyle. «  Après, on ira vers Chéticamp, de l’autre côté.  »

Questionné sur la façon dont les associations de personnes âgées réussiront à joindre ceux et celles qui sont plus isolés que les autres, Gilles Bourassa de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick va s’appuyer sur diverses ressources qui pourront pointer ceux qui vivent une détresse. «  Moi, par exemple, j’ai un ami qui a une popote roulante. Il distribue des repas à douze personnes. Lui, il le sait quand une personne ne va pas bien. Il pourra nous en informer. Même chose pour les bénévoles qui transportent des gens. Ils peuvent être de bons indicateurs.  »

À Whitehorse, Patricia Brennan est gestionnaire au service des aînés à l’Association franco-yukonaise. Ce n’est pas la première fois qu’au Yukon, on développe des initiatives pour briser l’isolement. Mme Brennan rappelle qu’en 2017 l’artiste franco-yukonaise Cécile Girard avait rassemblé jeunes et moins jeunes autour de son projet De fil en histoires, pour la fabrication d’une vingtaine de poupées représentant des personnages historiques francophones du Yukon. Cette fois-ci, Patricia Brennan assure que son association va participer aux Sentinelles et à la ligne téléphonique. Il y a environ 500 aînés francophones au Yukon, principalement à Whitehorse. Si 80 personnes pouvaient être sorties de leur solitude, elle en serait ravie. Le samedi 28 mars, il y aura d’ailleurs le forum « Bien vieillir en français au Yukon » au Centre de la francophonie de Whitehorse. Ce sera l’occasion d’échanger sur les défis du vieillissement en français au Yukon.

Pour l’heure, les associations affiliées à la FAAFC retroussent leurs manches pour former des bénévoles-sentinelles, trouver du contenu pour les téléconférences et répertorier diverses ressources, qui serviront le temps venu à signaler la détresse des aînés. « Personne ne doute de ce projet ambitieux. On avance! », assure Gilles Bourassa.