Avec presque 500 « intéressés » sur Facebook, le débat non partisan sur l’immigration, la situation des réfugiés et le multiculturalisme témoigne de l’intérêt des Yukonnais pour ces enjeux à l’aube des élections fédérales.
Tous les candidats dans la course électorale yukonnaise participeront à l’événement le 28 septembre prochain au Musée du transport du Yukon.
Gurdeep Pandher, l’organisateur et le modérateur du débat, veut présenter toutes les idéologies et politiques reliées à l’immigration, « même si elles ne reflètent pas les miennes ».
Le consultant en informatique pour le gouvernement du Yukon souhaite informer la population sur ces préoccupations en vue des élections fédérales du 21 octobre. « J’ai décidé d’organiser ce débat de manière non partisane pour que les Yukonnais se renseignent sur les différents points de vue des candidats […] et fassent un choix éclairé », souligne-t-il.
Le climat de tension politique à l’ère des médias sociaux et des fausses nouvelles favorise la peur de l’autre en plus de diviser la communauté. « Certains politiciens misent sur une sorte de rhétorique épeurante dans l’optique de gagner leur élection », estime M. Pandher.
« Cela peut créer de la crainte chez les gens. Cette peur se transforme lentement en haine et parfois en colère […] endommageant ainsi notre tissu social », commente-t-il pour expliquer les fondements de sa démarche.
Un apprentissage politique difficile
L’apprentissage d’un nouveau système politique peut sembler difficile d’approche pour certains nouveaux arrivants.
Olivier de Colombel, un expatrié français établi au Yukon depuis cinq ans, témoigne de cette situation. « Il y a beaucoup de questions politiques qui échappent à l’immigrant, comme moi. »
Le conseiller en emploi et développement économique pour l’Association franco-yukonnaise reconnaît avoir eu une période d’adaptation pour mieux comprendre l’enjeu de l’immigration au Canada. « La France a été un empire colonisateur et quand tu nais en France, tu n’as pas du tout cette notion à gérer. En France, côté immigration, c’est toujours de défendre les frontières. Ici, c’est une dimension différente. »
Un apprentissage de l’écosystème politique canadien devient alors nécessaire à une intégration en politique active pour un nouvel arrivant.
La professeure en administration publique et en politique publique d’immigration et d’intégration à l’Université du Québec à Montréal, Carole Simard, explique que la « littératie politique » est au cœur de cette problématique. « Une des raisons expliquées dans la littérature américaine et celle de la France et du Canada [pour expliquer les difficultés de l’intégration politique des immigrants] est ce qu’on appelle la compétence politique. Si je ne comprends pas, je ne sais pas pour qui voter. C’est la même chose pour les Canadiens de souche. »
Un effort personnel
De ce fait, le devoir de se renseigner sur la politique canadienne revient à l’individu. « Pour prendre une décision politique, il faut que je m’y intéresse. Il faut que je regarde les journaux, le débat des chefs en plus d’écouter le discours des politiciens », explique Carole Simard.
La professeure apporte cependant une nuance. L’intégration d’un immigrant se fait en trois étapes : économique, sociale et finalement politique, commente-t-elle.
Trouver un emploi et assurer sa sécurité économique est à la base de l’intégration d’un immigrant. Une fois la stabilité financière acquise, le nouvel arrivant va élargir son réseau social et commencer à comprendre les codes culturels de la société. L’intégration politique peut se faire une fois les deux autres complétés. « C’est ce type d’intégration qui prend le plus de temps », relève la professeure.
Dans les cas d’Olivier et de Gurdeep, tous deux admettent avoir dû faire cette intégration seul. « Je m’informe avec des ressources extérieures, comme les journaux ou la radio », raconte pour sa part Olivier de Colombel.
La boussole électorale de Radio-Canada est un exemple d’outil offert à la population pour déterminer quel parti politique s’accorde le plus avec ses valeurs personnelles.
La société d’État couvre aussi les élections fédérales sous toutes ses coutures avec sa plateforme RAD.
Voter, « un devoir de citoyen »
S’informer sur la politique est « un devoir de citoyen » pour Gurdeep Pandher. « Ça touche tout le monde, c’est pour ça qu’on doit être au courant de ce qui se passe dans le pays ou au Yukon. »
Olivier de Colombel a entrepris les démarches pour devenir citoyen canadien pour cette raison. « J’ai eu une période de transition où je n’ai pas voté, et ça m’a manqué », admet-il. Malheureusement, sa demande n’arrivera pas à temps pour participer à ces élections fédérales.
Gurdeep Pandher espère encourager d’autres immigrants ou minorité ethnique à s’intéresser à la politique. « Je suis une personne de couleur, alors si des gens me voient m’impliquer dans mes projets, cela peut certainement les inspirer à faire la même chose. »
Le débat du 28 septembre se veut un moment d’inclusion où chacun pourra tirer ses conclusions personnelles des discours de la soirée. « Au final, nous sommes tous humains », déclare en souriant Gurdeep Pandher avant d’ajouter : « Et dans un sens, nous sommes tous immigrants aussi. »
Des billets sont en vente sur le site Internet de Gurdeep.ca
en contribution volontaire. Le débat aura lieu le 28 septembre au Musée des transports du Yukon de 19 à 21 h.