le Vendredi 22 septembre 2023
le Jeudi 15 août 2019 13:46 Société

Le fédéral n’écoute pas les médias communautaires en situation minoritaire

Photo : Pixabay
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Émilie Pelletier – Le Droit

Le gouvernement fédéral n’a que « partiellement » suivi les recommandations du commissaire aux langues officielles dans le dossier des publicités dans les médias communautaires en situation minoritaire.

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De plus en plus, le gouvernement fédéral choisit les médias numériques, plutôt que les journaux et les radios, pour le placement de ses publicités. Or, ces stratégies peuvent avoir une incidence directe sur les revenus des médias traditionnels communautaires en situation de minorité linguistique.

Pourtant, la Loi sur les langues officielles oblige le gouvernement fédéral à prendre des mesures positives pour l’épanouissement des communautés en situation linguistique minoritaire. C’est pourquoi une plainte officielle a été envoyée au commissariat en 2015.

La plainte visait Patrimoine canadien, Services publics et Approvisionnement Canada, le Bureau du Conseil privé et le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. À la suite de cette plainte et d’une enquête approfondie, le commissariat avait formulé, dans un rapport d’une quarantaine de pages, des recommandations visant ces institutions. Toutefois, un rapport de suivi dont Le Droit a obtenu copie, révèle que Services publics et Approvisionnement Canada ainsi que Patrimoine canadien n’ont que « partiellement » adhéré aux recommandations qui les visaient.

Manque de consultations

Selon le président de l’Association de la presse francophone (APF), Francis Sonier, les médias communautaires en situation minoritaire ne sont pas assez consultés par les différentes institutions du gouvernement fédéral dans ce dossier. « Nous, c’est ce qu’on réclame depuis toujours. »

Le président de l’APF salue les quelques démarches qu’ont prises les institutions fédérales depuis les recommandations du commissariat aux langues officielles, notamment celles de Patrimoine canadien, mais considère certaines d’entre elles comme étant « bidons ».

Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), par exemple, a commandé un sondage en 2017 pour tenter d’obtenir davantage d’informations sur la façon dont les Canadiens en situation minoritaire préfèrent recevoir l’information. Ce sondage a fait l’objet de fortes critiques de la part de médias traditionnels en situation minoritaire, incluant l’APF, dont fait partie Le Droit, qui lui reproche de ne pas avoir fait un échantillonnage représentatif. « Caraquet, par exemple, qui est francophone à 98 %, n’a pas été sondé. C’est une drôle de méthodologie. Nous, on n’a jamais été consultés. [… J’aimerais bien savoir pourquoi le SPAC ne nous soutient pas. Ils ont fait des gestes qui sont décevants, et je ne peux pas me l’expliquer. »

D’ailleurs, SPAC représente la pire institution gouvernementale du rapport en ce qui a trait au soutien des communautés de langue officielle en situation minoritaire, selon M. Sonier.

« Le gouvernement fédéral a des responsabilités en vertu de la Loi sur les langues officielles. Il doit prendre des mesures positives pour appuyer les communautés, et la meilleure façon de faire ça, c’est en consultant. »