Plus de trois mois après le lancement officiel du magasin du gouvernement du Yukon, M. John Streicker, ministre responsable de la Société des alcools du Yukon, annonce vouloir aller de l’avant en ouvrant le marché à la vente au détail.
Le 17 octobre 2018, la vente de cannabis est devenue légale au territoire et le magasin Cannabis Yukon a accueilli près d’un millier de visiteurs, de consommateurs ou de simples curieux lors de son premier jour d’opération. Depuis cette légalisation, les ventes sont chiffrées à 1 100 000 $ et sont assimilées à des débuts prometteurs : « C’est un début réussi dans la légalisation du cannabis, mais aujourd’hui, nous passons à l’étape suivante », a affirmé M. Streicker lors d’une conférence de presse le 14 janvier 2019. Cette légalisation rentre dans la logique gouvernementale de faire barrage aux activités du marché noir tout en augmentant les
campagnes de prévention à l’intention des jeunes en les décourageant de fumer ou de consommer du cannabis. Aujourd’hui, la volonté gouvernementale sur le long terme est l’ouverture du marché du cannabis à la vente au détail. En effet, d’ici le printemps 2019, les premières licences de vente de cannabis pourront être délivrées à des personnes qui souhaiteraient faire le commerce du cannabis : « Ce règlement est un modèle de base pour le commerce de cannabis, et permet aux collectivités de mieux adapter la vente au détail pour leurs citoyens. Ce règlement appuie notre objectif visant à déloger les activités illicites tout en protégeant les jeunes et en favorisant la santé publique. En 2019, le cannabis sera mis en vente dans des commerces privés et le point de vente de Cannabis Yukon sera graduellement mis hors service », précise M. Streicker.
Plusieurs types de licences
Ces licences d’exploitation seront délivrées par un comité de cinq personnes qui vient d’être formé. Pour espérer obtenir une licence, les personnes intéressées devront satisfaire à plusieurs critères liés à l’âge, au pays de résidence, mais aussi à l’apport financier et au passé judiciaire et personnel. D’une durée de trois ans, deux catégories de licences pourront être délivrées : une licence pour un magasin de vente de cannabis autonome et une pour un comptoir de vente à l’intérieur d’un magasin déjà existant. Actuellement, le plan de zonage de la ville de Whitehorse permet la vente de cannabis dans la zone industrielle de Marwell uniquement. M. Streicker spécifie cependant que le gouvernement du Yukon collabore étroitement avec le conseil municipal de la ville afin de modifier la législation de zonage afin de permettre la vente au détail au centre-ville. « Nous allons réfléchir aux différentes options par le biais de consultations publiques également », souligne M. Dan Curtis, maire de la ville de Whitehorse, présent à la conférence de presse.
Le premier commerce du territoire
Jordi Mikeli-Jones et Jeremy Jones sont propriétaires du magasin Triple J, situé sur la rue Main. Ils ont déjà prévu d’ouvrir un nouvel espace dédié au cannabis au centre-ville. Alors que Mme Mikeli-Jones a déjà recruté du personnel en prévision de l’ouverture, elle se dit un peu surprise par le processus d’obtention d’une licence : « L’obtention d’une licence nous a demandé beaucoup plus de temps que prévu et nous avons exprimé le souhait d’ouvrir notre commerce avant le 20 avril 2019. Nous restons prudemment optimistes quant à l’aide apportée par le gouvernement du Yukon à cet égard. » Ce nouvel emplacement, qui nécessite pour le moment des travaux, permettra la vente de produits au comptoir à l’intérieur d’un magasin.
Mme Mikeli-Jones souhaite proposer davantage que des produits emballés en proposant une sélection d’ouvrages en vente ainsi que tout ce qui a trait à la culture du cannabis. « Nous voulons que dès la porte franchie, notre clientèle ait tous les sens en éveil. Nous sommes des personnes passionnées et nous travaillons sur ce projet depuis quatre ans », précise-t-elle. À ce jour, plusieurs employés ont déjà été recrutés et en attendant qu’ils reçoivent la formation nécessaire, Mme Mikeli-Jones estime que ce nouveau chapitre sur l’histoire du cannabis au Yukon est une chose positive.