Dans le cadre de la Semaine de réduction des déchets, qui s’est tenue du 15 au 21 octobre, l’association « Zero Waste Yukon » avait invité la fondatrice du mouvement, Béa Johnson, à animer une conférence bilingue au musée MacBride.

Béa Johnson est adepte d’un mode de vie sans déchets depuis 2008 et a présenté son concept lors d’une conférence au musée MacBride le 21 octobre 20018. Photo : Jacqui J. Sze
Béa Johnson a décidé de prendre un virage à 180 degrés en adoptant un mode de vie sans déchets. Expatriée aux États-Unis depuis 1992 et vivant dans la région de
San Francisco, cette Française d’origine a embarqué son époux et ses deux enfants dans ce concept qui dure maintenant depuis dix ans. Adepte d’un mode de vie sans poubelles, elle applique au quotidien la règle suivante : « Refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter », dans cet ordre.
« Le zéro déchet, c’est bien plus que de faire ses courses en vrac », assure Béa Johnson. « Pour atteindre le zéro déchet à la maison, il suffit en premier de refuser tout ce dont on n’a pas besoin, car on a l’occasion de dire non dans cette société de consommation. Et chaque fois qu’on les accepte, on crée une demande pour en fabriquer plus. »
Selon Mme Johnson, apprendre à dire « non » serait donc la première chose à faire sur le plan individuel pour amorcer un changement de cap et se diriger vers un mode de vie moins porté sur le matérialisme.
Richesse et contexte nordique
Le contexte d’éloignement typique des territoires nordiques canadiens semble pourtant avoir sa propre richesse. En effet, Mme Johnson estime que chaque région a quelque chose à offrir que d’autres n’ont pas.
« Il faut identifier les produits que la région fabrique et ensuite se trouver des moyens pour les vendre en vrac. »
Avec 65 fermes enregistrées à l’Association d’agriculture du Yukon en 2016, l’offre de produits locaux et de saison stoppe drastiquement avec l’arrivée de l’hiver. Alors, quelles options s’offrent aux consommateurs lorsque les fermes ne produisent plus? En attendant le retour des beaux jours, une solution possible serait de se désintéresser de la culture du « tout » jetable et la remplacer par des choix réutilisables.
Un discours basé sur le bien-être
Dans un rapport diffusé en septembre 2018, l’Organisation des Nations Unies recommande aux pays signataires de l’Accord de Paris de changer de modèle économique et insiste sur l’urgence d’agir avant 2020 afin de lutter contre les effets du changement climatique.
Dans une perspective différente, Mme Johnson, qui ne souhaite pas parler de politique, place son discours sur le bien-être individuel que la vie sans déchets procure.
« Ça peut surprendre, mais mon discours est très peu porté sur la question environnementale parce que je n’ai pas changé mon mode de vie il y a dix ans pour cette raison-là. J’ai découvert des avantages qui vont au-delà des avantages environnementaux. Je crois que l’information sur l’environnement n’incite pas les gens à agir et je crois même que ça fait l’effet inverse. Les gens se sentent dépassés et impuissants devant tout ce qui se passe. »
Notion universelle selon Mme Johnson, le bien-être individuel est donc au cœur de son discours depuis le début de sa transition, et le mode de vie qui en découle est davantage basé sur l’être que sur l’avoir.
« Si toute une société accédait au zéro déchet, je crois que ça résoudrait beaucoup de problèmes », estime-t-elle. Mais est-ce que l’action individuelle influencera une action plus globale sur les plans politique et sociétal? Est-ce que le bien-être de tout un chacun prôné par le mode de vie sans déchets permettra de limiter les effets du réchauffement climatique à l’échelle globale?