Personne ne s’attend à être un jour victime d’un crime et aucun d’entre nous n’est vraiment préparé à y faire face. L’importance de pouvoir communiquer dans sa langue maternelle lorsque le stress, la peur et l’angoisse s’invitent dans une telle situation devient alors primordiale. C’est dans ce contexte qu’un nouveau poste désigné bilingue vient d’être créé au Yukon permettant un accompagnement en français des victimes francophones d’un crime.
Les jours qui suivent l’acte d’un crime ne sont pas faciles pour les victimes. Elles peuvent demeurer longtemps sous le choc ou émotivement paralysées. Ensuite, elles doivent raconter ce qui s’est produit aux policiers et recommencer leur récit devant les tribunaux lorsque les instances policières arrivent à découvrir la personne coupable. Tout ce processus peut être difficile à vivre, voire angoissant, particulièrement si tout se déroule dans une langue qu’on maîtrise moins bien.
C’était le cas jusqu’à tout récemment pour les francophones en milieu minoritaire habitant au Yukon où la langue anglaise prédomine. Toutefois, la situation a changé au début avril alors qu’un nouveau poste d’intervenant bilingue aux services aux victimes est créé grâce à l’entente signée entre le Canada et le Yukon. Il s’agit d’un nouveau poste de deux ans dont le renouvellement dépendra des futures ententes financières conclues entre le Yukon et le gouvernement du Canada.
C’est madame Ketsia Houde-McLennan qui occupe dorénavant ce nouveau poste bilingue au Yukon. Son rôle est de s’assurer que les victimes ont accès aux services en français durant tout le processus qu’elles devront parcourir. « Il est important de comprendre que le droit d’avoir un accès à un juge en français ou à un processus judiciaire en français va à l’accusé et non pas à la victime qui accuse. Or, dans ce contexte, lorsque la victime est francophone, toute cette expérience peut devenir rapidement complexe particulièrement si elle n’a pas accès à du soutien en français », rappelle Ketsia Houde-McLennan qui a travaillé pendant dix ans à différents dossiers en lien avec la violence faite aux femmes, notamment comme directrice pour l’organisme des femmes francophones du Yukon, Les EssentiElles.
Un accompagnement à multiples volets
Ketsia Houde-McLennan accompagne les victimes, peu importe si ces dernières entament des procédures judiciaires ou non. Cet accompagnement se fait dans la confidentialité et le respect pour la victime. Il faut spécifier ici que cet accompagnement peut prendre différentes formes selon les besoins des victimes. Il peut s’agir ainsi d’accompagner la victime en cour, ou au poste de police. On parle aussi de trouver des ressources disponibles au territoire en français ou alors d’effectuer les démarches nécessaires pour avoir accès au Fonds d’urgence pour les victimes d’actes criminels pour les aider à subvenir à leurs besoins immédiats.
« J’accompagne les victimes de A à Z, car, même lorsque l’agresseur est reconnu coupable et va en prison, ça ne s’arrête pas là pour les victimes », rappelle Ketsia Houde-McLennan. En effet, les démarches ne s’arrêtent pas une fois l’emprisonnement obtenu, car la Loi des victimes du crime au Canada permet à ces dernières de s’exprimer quand sonne le moment de la libération sous probation du coupable. Par exemple, une victime de Whitehorse pourrait indiquer qu’elle préférerait que son agresseur n’habite pas dans la même ville qu’elle pendant sa période de probation. Il est donc important pour la victime de bien connaître ses droits et de se faire entendre.
Ketsia Houde-McLannen travaille également avec des enfants victimes de crimes, ainsi qu’auprès des gens qui craignent pour leur sécurité, celle de leur famille ou pour leurs biens. Dans de tels cas, le service aux victimes peut aider à présenter une requête pour obtenir une ordonnance préventive. Cette ordonnance peut viser par exemple la non-communication avec une victime ou un témoin, ou la bonne conduite en vue d’empêcher une personne de faire du mal à une autre personne. « Dès qu’il y a bris des conditions de cette ordonnance, alors il y a automatiquement des accusations criminelles déposées », précise Mme Houde-McLennan.
Les gens qui sont touchés par un acte criminel, même de façon indirecte, ont tous droit aux services de soutien. Toutefois, il est important pour les victimes francophones de mentionner leur besoin d’obtenir du soutien en français. Cette identification peut également se faire auprès des policiers. « Si la police se rend compte que la victime est francophone, alors avec son consentement, elle nous sera référée », explique Ketsia Houde-McLennan.
Il est possible d’entrer en contact avec l’intervenante bilingue aux services aux victimes de crime par téléphone au (867) 667-8500.