Un nouveau prêtre francophone foulait le sol yukonnais lors du récent solstice d’hiver. D’Ottawa en passant par Rome, Vancouver puis Québec, le père Marc se dit heureux de déposer ses valises en sol nordique.
Malgré son titre honorifique de monseigneur, Marc Lalonde préfère de loin se faire appeler père Marc. Malgré un parcours impressionnant au sein de l’Église catholique, c’est d’abord vers une carrière en médecine que se destinait à l’origine ce Franco- Ontarien. Il a même travaillé pendant six ans comme médecin de famille dans les cliniques en périphérie d’Ottawa avant de changer ses plans en répondant à l’appel de l’Église.
« J’ai commencé mon évangélisation durant mes études en médecine. Cet aspect m’a toujours suivi et rempli ma vie », confie le père Marc Lalonde. Une fois son baccalauréat en théologie terminé, il décide de s’envoler pour Rome afin de réaliser une maîtrise à l’Institut Jean-Paul II pour la famille.
À la suite de cette maîtrise, le père Marc est demeuré à Rome y travaillant d’abord comme vicaire, puis travaillant au Vatican pour le Conseil pontifical pour la famille de 2000 à 2009. Ce Conseil a comme mission de stimuler, promouvoir et coordonner les actions et études des différentes œuvres catholiques portant sur la famille. Après neuf ans à ce poste, le père Marc refait ses valises et quitte l’Europe pour retourner dans la ville de Québec où il est nommé recteur d’un séminaire.
Récemment, il a été contacté par l’évêque du Yukon, un ami de longue date, qui lui a demandé de venir au Yukon pour l’aider. C’est ainsi que le père Marc a ressorti ses valises pour se rendre cette fois-ci au pays du soleil de minuit. Il est arrivé le 22 décembre dernier juste à temps pour célébrer la messe de Noël auprès de la communauté franco-yukonnaise. Le père Marc, qui est au Yukon pour une période indéfinie, devra toutefois porter deux chapeaux, c’est-à-dire celui de vicaire pour la cathédrale Sacré-Cœur auprès de la communauté francophone, et celui de curé anglophone de Notre-Dame-de-la-Victoire dans le secteur de Porter Creek.
Les défis de la communauté franco-yukonnaise
Soulignons que le nombre élevé de prêtres francophones qui se sont succédé ces dernières années au Yukon a créé une instabilité importante au sein de la communauté, plusieurs ayant pris leur distance.
« L’enjeu pour nous est de rétablir une stabilité en recommençant à créer des liens pour contribuer à la pérennité de la communauté francophone catholique du Yukon », souligne Élianne Cloutier, présidente du conseil d’administration de la Communauté francophone catholique Saint-Eugène-de-Mazenod.
À cet égard, le père Marc reconnaît que le contact direct avec ses paroissiens représente une expérience relativement nouvelle pour celui qui s’est investi principalement au travail d’étude. D’ailleurs, il prend grand plaisir à rencontrer les gens depuis son arrivée au Yukon.
« Ce n’est pas facile la situation de l’Église dans la francophonie au pays. Aujourd’hui, les moyens de communication prennent tellement de place qu’il y a un danger pour les gens de se nourrir que de ça. Il y a alors une perte de la foi dans ce nouveau contexte », déplore-t-il. « Par la foi, j’entends par là une rencontre avec Jésus-Christ qui donne un sens à notre vie en nous offrant la liberté de donner notre vie pour l’autre », ajoute-t-il.
Rappelons que la communauté franco-yukonnaise était sans prêtre francophone depuis le mois de juillet 2017 après le départ du père Jean Augustin Somé qui est retourné dans son pays d’origine, le Burkina Fasso.
À l’origine, ce sont les pères oblats de Marie-Immaculée (OMI) qui se sont enracinés résolument au Yukon pendant la Ruée vers l’or du Klondike. Ils ont alors construit l’église Sainte-Marie à Dawson et plusieurs lieux de culte sur les champs aurifères. Étant bilingues, ils ont servi à la fois les communautés francophone et anglophone. Les Oblats ont rapidement étendu leurs œuvres à l’ensemble du Yukon. En 1901, le père Camille Lefebvre et le frère Augustin Dumas ont construit l’église Sacré-Cœur de Whitehorse. L’Ordre a aussi collaboré avec les sœurs de Sainte-Anne et les sœurs de la Providence de Montréal pour fournir les services en santé et en éducation.
Plusieurs prêtres se sont succédé au fil des ans. Nommons, entre autres, le père Jean-Paul Tanguay et l’abbé Claude Gosselin.