Après quatre ans de travaux, la nouvelle route reliant Inuvik à Tuktoyaktuk a été inaugurée le 15 novembre dernier. Ces 137 kilomètres de route de gravier qui ont coûté 300 M$ changeront assurément le visage de la petite communauté de Tuktoyaktuk, nichée au nord des Territoires du Nord-Ouest. Ce village de 954 habitants (statistiques de 2012) se trouve sur la baie de Kugmallit, à proximité du delta du fleuve Mackenzie.
Ce lien routier est attendudepuis plus de 40 ans par les habitants du Nord. Jusqu’à tout récemment, on accédait à la communauté par la route de glace en hiver et par avion le reste de l’année. Parmi les espoirs nourris par la communauté se trouve l’ouverture à de nouveaux développements et ultimement, à plus d’emplois. On attend de cette route qu’elle devienne une nouvelle voie vers la prospérité économique.
Les résidents Tuktoyaktuk espèrent aussi que le coût des aliments et de l’essence subira une baisse étant donné que le transport des biens de consommation pourra dorénavant s’effectuer par voie terrestre. Selon le gouvernement, on estime que le coût de la vie de la communauté sera réduit de 1,5 M$ par année.
La route de la liberté
L’Aurore boréale a recueilli les commentaires de Chuck Gruben qui a passé toute sa vie à Tuktoyaktuk. « Beaucoup de gens sont contents de penser qu’ils peuvent maintenant sauter dans leur camion et être à Inuvik deux heures plus tard et en revenir la même journée. La route apportera son lot de changements, mais c’est la vie », explique-t-il d’un ton résigné.
Parmi les changements anticipés, M. Gruben est d’avis qu’il y en aura de bons, mais aussi de mauvais. « C’est une zone ouverte pour les animaux ici. J’imagine qu’il y aura plus de chasseurs. Il y a un système de tags pour la chasse et j’espère qu’il sera respecté. Nous avons aussi beaucoup de grizzlis. Les touristes pourraient se procurer des tags et venir les chasser », s’inquiète-t-il.
Par contre, Chuck Gruben mise beaucoup sur la baisse du prix de l’essence. « Il n’y a qu’une station-service à Tuktoyaktuk. Il n’y a pas de concurrence. »
Interrogé sur l’infrastructure nécessaire pour accueillir les touristes, M. Gruben a sa propre idée. « Pendant longtemps, il n’y avait pas d’hôtel. Les touristes venaient en avion et on allait les chercher à l’aéroport. On les amenait à l’océan Arctique. C’était tout ce qu’ils voulaient voir. Ils se mettaient les pieds dans l’eau pour pouvoir dire qu’ils s’étaient baignés dans l’océan Arctique et repartaient. »
Aujourd’hui, il y a plusieurs B & B. Mais Chuck Gruben pense que ce n’est qu’une question de temps avant qu’un hôtel voie le jour pour accommoder les touristes. D’ailleurs, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest s’apprête à organiser en collaboration avec les communautés d’Inuvik et de Tuktoyaktuk et les autorités autochtones de la région un programme d’activités touristiques au cours de l’été 2018.
Prospection et recherche
Lors de l’Arctic Energy and Emerging Technologies Conference and Tradeshow qui s’est tenue à Inuvik du 14 au 16 juin 2017, le président de CNRG Energy Inc., Colin Nikiforuk, a assuré qu’on pourrait installer la technologie pour produire le gaz naturel liquéfié (LNG) dans la région d’ici trois à cinq ans, selon les découvertes qui seront faites le long de la route.
Grâce au soutien financier de l’Initiative fédérale d’adaptation des transports dans le Nord et du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, on a installé tout le long du tracé de la route un réseau de stations d’analyse du pergélisol.
Les données recueillies alimenteront la recherche sur le pergélisol et les effets des changements climatiques, et les résultats de ces travaux de recherche seront d’une grande utilité pour les administrateurs de corridors de transport à travers le Nord.