On dit que la vie est un perpétuel recommencement. Pour vérifier la véracité de ce dicton, l’Aurore boréale retourne dans le passé, 30 ans plus tôt. Qu’est-ce qui suscitait l’intérêt de la communauté francophone à l’époque? Archives et souvenirs nous aident à retracer une partie de l’histoire.
L’Aurore boréale, 16 avril 1987 :
Des élèves qui voyagent (Jeanne Beaudoin)
Décidément, les étudiants du Yukon ont de la chance. Du 23 au 29 mars, la classe de Madame Lise Peace à l’école Émilie-Tremblay faisait un voyage éducatif à Vancouver et explorait la ville et ses alentours tout en français, ou presque!
Louise Ouimet-Peace se souvient de cette époque. « Il n’y avait pas beaucoup d’occasions pour les jeunes de vivre des expériences en français. À l’époque, j’enseignais à neuf élèves et notre livre de sciences humaines n’était même pas en français. Il était en anglais. »
Cependant, pour les élèves comme pour Madame Peace et M. Luc Prud’homme, qui accompagnait le groupe en tant qu’animateur, les activités trop nombreuses ont rendu le voyage difficile par moments.
« Ils [les jeunes] ont trouvé cela difficile parce que le programme était trop chargé. C’est comme s’ils n’avaient pas eu le temps de s’amuser. Ils devaient toujours faire un travail », se remémore Lise Ouimet.
Les élèves de Mme Ouimet ont travaillé fort pour la réalisation de ce tout premier voyage organisé. Ils avaient commencé à ramasser de l’argent en septembre en organisant des activités pour collecter des fonds. Le projet était titulaire d’un compte de banque et ce sont les jeunes qui effectuaient les dépôts.
À Vancouver, les jeunes étaient logés à l’hôtel et mangeaient dans les restaurants. « T’imagines-tu aller avec des élèves de 5e année dans un hôtel en 2017? Ça ne se ferait plus aujourd’hui! », ajoute Mme Ouimet en riant.
D’ailleurs, elle raconte une anecdote à ce sujet. « Quand on est arrivés à l’hôtel, il y avait un petit monsieur habitué de voyager avec ses parents qui s’est exclamé : “Il n’y a personne qui va s’occuper de mes bagages?” Et le lendemain, je vais dans sa chambre et je formule une remarque sur le désordre qui régnait. Il répond : “La femme de chambre va nettoyer cela.” »
Joint par téléphone, Aaron Cohen a pris plaisir à repenser à ce voyage étudiant. Dans la programmation du séjour, les jeunes visitaient une chocolaterie belge. Ça a été le moment marquant de son voyage dont il se souvient encore 30 ans plus tard.
« Il y avait d’immenses chaudrons en acier inoxydable dans lesquels était brassé le chocolat fondu. C’était comme dans le film Charlie et la Chocolaterie. J’avais le goût de plonger ma main dedans et me mettre du chocolat plein la bouche. À la fin de la visite, nous avions le droit de choisir chacun un chocolat. J’ai choisi une souris fourrée à la crème de noisettes. C’était le meilleur chocolat que j’ai mangé de ma vie. »
Tous s’accordent toutefois pour dire que l’expérience est à refaire et les jeunes voyageurs reluquent déjà du côté du Québec, certains rêvent même de la France! Tous les espoirs ne sont-ils pas permis?
Aujourd’hui, les espoirs de ces jeunes en 1987 se sont transformés en réalité. Plusieurs voyages d’étudiants ont eu la France comme destination. En juin 2014, par exemple, un groupe d’élèves s’était envolé pour la France dans le cadre du 70e anniversaire du débarquement en Normandie.
Durant leur séjour, ces jeunes de 5 et 6e années sont d’avis que Vancouver est une ville trop grande, que la criminalité y est trop présente — le bruit incessant des sirènes semble avoir troublé le sommeil de plusieurs de nos voyageurs! Le mot de la fin revient à Jean-Claude Balmokune, le seul du groupe pour qui c’était le premier voyage à Vancouver : « On apprécie plus Whitehorse en revenant. »
Merci à Jeanne Beaudoin, Lise Ouimet- Peace et Aaron Cohen d’avoir fouillé dans leur mémoire.