Il y a dix ans, Sophie Delaigue était une nouvelle immigrante au Canada. Aujourd’hui, elle est gestionnaire du programme des nominés, volet employeurs, au gouvernement du Yukon. Son parcours l’a menée à se réinventer tout en lui permettant de « s’éclater ».
Un changement s’imposait
Il y a une dizaine d’années, Sophie Delaigue travaillait pour des municipalités rurales en France. Elle a profité du programme Place aux jeunes pour se rendre au Québec pour un séjour de travail qui lui permettait de valider sa méthodologie.
« J’ai vraiment beaucoup aimé le Québec et sa manière de se développer localement », explique Sophie. « Je savais que le Canada était relativement ouvert aux Français. J’étais due pour un changement dans ma vie en France. Je travaillais beaucoup. Quand vient un anniversaire avec un zéro, c’est assez symbolique pour moi. Donc, je me suis dit, pour mes 30 ans, il faut que je fasse un move. Et le Canada, ça a été mon move. »
Elle a demandé sa résidence permanente en passant par le Québec (certificat de sélection québécois).
« Je n’étais pas pressée. Je mettais de l’argent de côté tout en attendant la réponse », raconte-t-elle. Un an plus tard, certificat en poche, elle a pris un billet d’avion pour Montréal, vol aller seulement, le 21 juin, jour du solstice d’été.
Choisir Whitehorse
N’étant pas fanatique des métropoles, Sophie Delaigue a plutôt choisi la ville de Québec comme premier arrêt. Elle a rapidement trouvé du travail à l’Office du tourisme de Québec, mais a vite réalisé qu’elle voulait vivre plus d’aventures.
« De plus, j’étais venue pour améliorer mon anglais », nous confie Sophie.
Après être rentrée en France pour Noël, elle a jeté son dévolu sur l’aéroport de Vancouver pour son retour au Canada. Fuyant les grandes villes, elle est montée dans un autobus qui se rendait à Revelstoke.
« C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à vivre l’aventure, à me réinventer. La famille [qui l’accueillait] était un peu hippie, très verte. J’ai pris des petits jobs en anglais, ce que je n’avais jamais vraiment fait dans ma vie. C’est là aussi que j’ai rencontré ma nouvelle partenaire. Au bout de quelques mois, nous avons décidé de prendre la route vers un endroit où ni elle ni moi n’avions de racines. On va aller quelque part où il faut que les deux on se réinvente, pour que ce soit plus équilibré. Et nous sommes arrivées à Whitehorse. »
De fil en aiguille
À l’automne 2007, les occasions de travail ne manquaient pas à Whitehorse. Après avoir profité des cours d’anglais gratuits au Collège du Yukon et des services de l’Association franco-yukonnaise (AFY), Sophie Delaigue a trouvé un emploi à la Direction des services en français (DSF) un mois après son arrivée.
Au fil des années, elle a acquis de l’expérience au poste de directrice du service de développement économique à l’AFY, qui comprenait un volet l’immigration. Aujourd’hui, elle est employée permanente au gouvernement du Yukon à titre de gestionnaire du programme des nominés, volet employeurs.
« C’est bon que des immigrants travaillent dans le domaine de l’immigration. Ils comprennent l’expérience de la personne et le stress que c’est que d’attendre tes papiers. Le contact en est facilité aussi », commente Sophie.
Conseils aux immigrants
« J’ai l’impression que maintenant, c’est plus difficile d’immigrer au Canada », nous confie Sophie. « Depuis les quatre ou cinq dernières années, j’ai vraiment vu à travers les gens que je rencontrais à l’AFY ou au gouvernement du Yukon que c’est plus difficile et beaucoup plus long aussi. »
Ce que Sophie Delaigue conseillerait aux futurs immigrants, ce serait de venir au Canada sans attentes, avec curiosité et ouverture d’esprit, de ne pas comparer avec leur pays d’origine et d’être patients.
« Il faut pratiquement tout recommencer à zéro. Les gens ne te connaissent pas, ton expérience ne veut pas nécessairement dire grand-chose ici », avoue-t-elle.
Quand on lui demande ce qui lui plaît au Yukon, elle répond sans hésitation que c’est la qualité de la vie, la communauté et les options pour les activités de plein air.
« Le Yukon, c’est un territoire qui fait écho en moi. Je ne me sens pas Canadienne [NDLR même si elle a reçu sa citoyenneté], mais j’ai développé un sentiment d’appartenance au Yukon. Je me sens à la maison ici, je ne me vois pas retourner vivre en France. Si c’était à refaire, je le referais, mais plus tôt dans ma vie », conclut Sophie dans un grand éclat de rire.
Ce publireportage a été réalisé grâce à la contribution financière de Citoyenneté et Immigration Canada.