«Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre », aurait dit Albert Einstein. Comment une si petite bestiole peut-elle posséder tant de pouvoir?
C’est tout simplement parce que l’activité de pollinisation des abeilles est essentielle à l’agriculture. Selon une étude de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), 35 % de la production mondiale de nourriture dépend directement des pollinisateurs. C’est pourquoi le déclin rapide des abeilles inquiète les scientifiques, et ce, partout sur la planète.
Les principales causes en sont les pesticides (40 %); les ondes électromagnétiques (30 %); les OGM (15 %); les infections par des champignons, des virus ou des bactéries (8 %); les nouvelles pratiques agricoles (6 %); autres (1 %).
Apiculture 101
Installé au Yukon depuis trois ans, Étienne Tardif raconte : « On élève des poules et on a un potager, mais je voulais faire autre chose. J’ai fait une recherche pour voir s’il y avait d’autres apiculteurs dans le coin et il n’y en avait pas beaucoup. Comme j’aime les défis, j’ai acheté deux nucléus. » (NDLR Un nucléus = 1 reine et 5 000 abeilles)

Étienne Tardif procède à une inspection en profondeur de la ruche. La Ville de Whitehorse tiendra une assemblée publique le 25 avril au sujet d’un amendement pour permettre au jardin communautaire situé sur la 7e Avenue d’y installer des ruches. Photo: Miyuki Kato
Aucun réseau n’existait pour les apiculteurs au Yukon et surtout pour des débutants. Une amie d’Étienne l’avait mis en contact avec une autre personne du Yukon qui possédait deux ruches. Devant la difficulté de trouver de l’information sur l’apiculture nordique, Étienne Tardif a créé le groupe Bee Keeping in North of 60 sur Facebook. De vingt membres à ses débuts, il en compte maintenant cent.
Les défis de produire du miel biologique
Les principaux défis des apiculteurs au Yukon sont de faire en sorte que les abeilles survivent à l’hiver, aux parasites et aux maladies. Étienne a expérimenté deux sortes de ruches : l’une en bois et l’autre en polystyrène. Lors d’une récente inspection, il a constaté que les insectes dans la ruche de bois étaient morts, mais ceux dans la seconde allaient bien.
Les abeilles cohabitent avec le parasite varroa responsable de la mortalité de milliers de colonies partout sur la planète. En Alaska, les apiculteurs ont contourné le problème en tuant les insectes à l’automne et en rachetant de nouveaux nucléus chaque année.
Mais pour Étienne Tardif qui veut produire du miel biologique, sans pesticides ni traitements, cette façon de faire ne lui plaît pas. Il s’est donné comme mission d’établir des colonies résistantes aux mites. Il vise comme objectif d’accueillir dix ruches et de former de nouvelles colonies.
Cultivons l’avenir
Grâce au programme Cultivons l’avenir 2 du gouvernement du Yukon, Étienne Tardif a mis sur pied un cours pour débutants donné par Rudi Peters, maître apiculteur de Terrace en Colombie- Britannique. C’est ainsi que les 23, 24 et 25 avril, vingt apprentis apiculteurs pourront s’instruire sur les bases de la technique au Centre communautaire du Mont Lorne. Malheureusement pour les intéressés, les places se sont envolées comme des petits pains chauds couverts de miel.
Législation sur l’apiculture
L’intérêt pour l’élevage des abeilles prend de l’ampleur au Yukon. C’est pourquoi la Ville de Whitehorse étudie la possibilité de créer une législation sur le sujet. Des représentants du secteur Agriculture du ministère de l’Énergie, des Mines et des Ressources se rendront sous peu chez Étienne Tardif pour visiter son installation et discuter avec lui des problèmes qu’il aurait pu rencontrer avec les ours par exemple.