En Oregon, nous avons été reçus comme des rois. En effet, l’hospitalité est très présente et neuf fois sur dix, alors que nous demandions l’autorisation de planter notre tente dans un jardin, non seulement nous avions un carré de pelouse pour camper à côté des chevaux ou au milieu des poules, mais bien souvent aussi, nous nous retrouvions invités pour le souper et le petit-déjeuner. Toutes ces rencontres ont fait l’essence de notre voyage en Oregon. Cet État des États-Unis vaut le détour, surtout pour ses habitants charmants et accueillants.
La propriété privée en Californie
En Californie, nous nous heurtons à des gens plus renfermés, un peu moins sympathiques. Nos tentatives de camping à la ferme échouent. Les panneaux indiquant des propriétés privées, « Keep Out », « Private Property » sont aussi plus nombreux et très présents. Nous ne nous sentons pas forcément les bienvenus, particulièrement dans le nord de l’État. Notre impression est confirmée lors de la lecture d’un petit ouvrage trouvé par hasard dans la bibliothèque du village de Ferndale au sujet des populations autochtones de la Californie « Indians of California. Past and present. » En 1926, Robert Spott, membre de la nation Yurok de Klamath River s’exprimait en ces termes : « Il y a longtemps, nous chassions les animaux pour notre nourriture d’hiver et nous nous rendions à des endroits précis pour collecter les baies (…) Mais aujourd’hui, quand nous nous rendons dans ces endroits, il y a un panneau “Défense d’entrer”. Qu’est ce que nous allons faire? Nous ne pouvons rien faire. »

La route 1 que nous suivons pour nous rendre à San Francisco longe la côte et offre une vue imprenable sur l’océan Pacifique, le vent dans le dos la plupart du temps. Photo: Nelly Guidici
À la lecture de ces paroles qui m’ont fait frissonner, je me suis aperçue que la notion de propriété privée était ancrée profondément dans la culture américaine. Alors qu’en Oregon, certaines propriétés arboraient ce message, nous avons quand même eu l’occasion de rencontrer des gens, de discuter et surtout de nous interroger sur leur façon de vivre. En Californie, nous nous sommes sentis moins à l’aise.
La faune en recherche de nourriture
Nous avons donc enchaîné les nuits sous la tente, profitant pleinement du ciel étoilé et de la douce mélopée des vagues toutes proches. À défaut d’interaction prolongée avec les humains, c’est au contact de la faune que nous avons appris. En effet, à une centaine de kilomètres de San Francisco dans le camping de Gualala Point dans le comté de Sonoma, un raton laveur intrépide et affamé a profité d’un moment d’inattention de notre part pour s’emparer d’une pomme et de tranches de pain laissées négligemment en évidence. Comme quoi, il faut toujours faire preuve de vigilance, même après une journée de vélo, même si la fatigue se fait plus grande certains jours. Voici donc le quotidien du voyageur à vélo en terre californienne!
L’hospitalité en métropole
Notre impression plus que mitigée dans le nord de la Californie a été complètement balayée lors de notre arrivée à San Francisco. En effet, nous avions contacté une dame par l’entremise du site d’hébergement pour cyclovoyageurs « Warm Showers » (douches chaudes) : sa gentillesse et son hospitalité ont été au-delà de ce que nous nous attendions à trouver. Une fois de plus, même si une vague de déception nous submerge, il y a toujours un sourire, une discussion partagée autour d’un verre de vin pour nous rappeler que l’hospitalité, finalement, existe aussi dans les grandes villes, même en Californie.
Correspondante de l’Aurore boréale et spécialiste des Premières nations du Yukon, Nelly Guidici s’est lancée sur les routes d’Amérique avec son conjoint et leur petite fille. Retrouvez chaque mois son carnet de voyage dans les pages de votre journal communautaire ainsi que sur son blogue.