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le Mercredi 23 Décembre 2015 13:12 Société

Lhoussain Nouaman, un immigrant nomade

Lhoussain Nouaman dit avoir retrouvé au Yukon la nature de sa région natale : montagnes, forêt et lacs. C’est pourquoi il a décidé d’y rester à condition d’y trouver du travail. Photo: Françoise La Roche
Lhoussain Nouaman dit avoir retrouvé au Yukon la nature de sa région natale : montagnes, forêt et lacs. C’est pourquoi il a décidé d’y rester à condition d’y trouver du travail. Photo: Françoise La Roche

Les chemins que la vie nous propose sont multiples. Et choisir une direction ne nous mène pas nécessairement où l’on pense. La route entre le Maroc et le Yukon ne s’est pas révélée une ligne droite pour Lhoussain Nouaman.

Né dans la région du Moyen Atlas au Maroc, Lhoussain Nouaman y a enseigné pendant onze ans. Berbère d’origine, il a ajouté à sa langue natale l’apprentissage de l’arabe; du français; de l’espagnol; et de l’anglais.

L’idée d’immigrer lui trottait dans la tête depuis un petit bout de temps. À 20 ans, il a demandé un visa de touriste pour aller en France, mais on lui a refusé. Deux autres demandes ont reçu la même réponse. « Quand j’ai vu que mes demandes de visa étaient sans cesse refusées, j’ai décidé de partir loin. C’est quoi loin? C’est soit l’Australie, soit le Canada. L’Australie, c’est anglais. Au Canada, on parle le français et l’anglais, ça me facilite les choses. »

Lhoussain Nouaman dit avoir retrouvé au Yukon la nature de sa région natale : montagnes, forêt et lacs. C’est pourquoi il a décidé d’y rester à condition d’y trouver du travail. Photo: Françoise La Roche

Lhoussain Nouaman dit avoir retrouvé au Yukon la nature de sa région natale : montagnes, forêt et lacs. C’est pourquoi il a décidé d’y rester à condition d’y trouver du travail. Photo: Françoise La Roche

Il a donc opté pour le Québec. Lhoussain a demandé sa résidence permanente depuis le Maroc. « Ça a demandé beaucoup d’argent, beaucoup de documents et d’entrevues de langue, beaucoup de vérifications, de patience. C’était difficile avec un salaire d’enseignant de pouvoir payer tous ces frais », explique l’ancien professeur.

Repartir à zéro

Cinq ans plus tard, en 2008, il débarque enfin à Montréal avec sa femme. Le couple n’a pas de famille, pas d’amis au Québec. Leur vie recommence à zéro. « Ça a été très difficile. Mon diplôme et notre expérience ont été approuvés et notés dans le processus d’immigration, mais une fois arrivés à Montréal, on se rend compte qu’on ne peut pas exercer le même métier. C’est une situation que tout immigrant vit, parce qu’il reçoit deux informations tout à fait différentes. »

Sa conjointe trouve du travail dans un restaurant et lui, comme vendeur de souliers. Six mois plus tard, il s’inscrit à une formation en soins infirmiers auxiliaires. Pendant ses études, il travaille dans un lave-auto. Une fois son diplôme en poche en 2011, il trouve du travail dans son domaine.

Conciliation travail-famille?

Lhoussain Nouaman apprend que son père est malade. Il veut aller au Maroc pour en prendre soin, mais son employeur lui refuse un congé spécial. Il démissionne et se rend au Maroc cinq mois.

« C’est dur de vivre ici deux ans, trois ans ou cinq ans sans aller voir notre famille, parce que t’as pas de congé, parce que t’as pas d’argent. Qu’est-ce qu’on fait? On n’y va pas? Quelle qualité de vie on aura si on a le sentiment que nos parents sont malades? Ça, c’est dur », nous confie Lhoussain.

De retour au Québec, M, Nouaman se retrouve seul (il est divorcé), sans argent, sans travail, sans logement. Avec toutes les coupes effectuées par le gouvernement du Québec, le domaine des soins de santé ne l’attire plus. « J’étais tanné. Je ne savais pas quoi faire. Je suis retourné quelques mois laver des autos pour la moitié du salaire d’un infirmier. »

En route vers nulle part

Il a passé l’hiver 2014-2015 à se préparer à l’idée de quitter le Québec. Il a économisé, acheté une voiture d’occasion, et est parti sans savoir où il allait.

« J’ai pris la route vers les chutes Niagara et je me suis dit que j’allais traverser le Canada pour en voir le plus possible. Comme je n’ai pas d’argent, je vais essayer de trouver n’importe quel travail pour avoir un petit montant pour mettre de l’essence et faire encore un petit bout. Et j’ai roulé 20 000 km en trois mois », raconte Lhoussain.

Lorsqu’il rencontrait un endroit qu’il aimait, il y restait plus d’une semaine pour en prendre le pouls. Et ailleurs, il n’y passait même pas 24 heures. Il dormait sous la tente. Recherchant et découvrant toutes sortes d’ambiance, il sentait l’humeur des gens. Il est allé partout et a terminé son périple à Dawson. N’y ayant pas trouvé de travail, il est revenu à Whitehorse.

Cela fera bientôt quatre mois que Lhoussain vit à Whitehorse. Il a entrepris des démarches pour avoir sa licence pour travailler à titre d’infirmier au Yukon.

« J’ai l’impression que le Yukon est le lieu que j’ai aimé le plus parmi tous ceux que j’ai vus. Mais au début, l’impression peut être différente de celle de la fin. Je dois me donner la chance d’essayer toutes sortes de choses. »

À savoir s’il pense s’établir au Yukon, il répond : « Ça dépend du chemin que je vais emprunter. C’est ça qui va décider de l’avenir », conclut M. Nouaman.

Ce publireportage a été réalisé grâce à la contribution financière de Citoyenneté et Immigration Canada.