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le Mercredi 19 août 2015 13:43 Société

Durables, modulables, économes : les maisons de Paul Girard

Paul Girard construit des maisons efficaces et modulables, pensées pour le Grand Nord. Photo : Pierre Chauvin
Paul Girard construit des maisons efficaces et modulables, pensées pour le Grand Nord. Photo : Pierre Chauvin

Se chauffer avec 75 $ par mois pendant l’hiver, impensable au Yukon? Pas selon Paul Girard, propriétaire d’Ata Pop Homes, qui vient de lancer sur le marché une nouvelle ligne de maisons, pensées pour le Nord et focalisées sur l’économie d’énergie.

« Il y a quelques années, j’ai commencé à penser que le Nord avait besoin d’une différente méthode de construction parce que l’hiver est trop long, c’est trop rigoureux et puis l’électricité coûte trop cher », explique Paul Girard en entrevue avec l’Aurore boréale. « Et on a la capacité de faire des maisons qui sont pratiquement sans besoin d’énergie externe », dit-il.

Paul Girard construit des maisons efficaces et modulables, pensées pour le Grand Nord. Photo : Pierre Chauvin

Paul Girard construit des maisons efficaces et modulables, pensées pour le Grand Nord. Photo : Pierre Chauvin

Entrepreneur au Québec depuis 1993, Paul Girard est venu au Yukon en 2006 pour travailler sur la maison de sa sœur. Au hasard des rencontres, il reçoit une commande au territoire et décide de s’y installer.

C’est en 2013 qu’il crée Ata Pop Homes, et retourne sur la planche à dessin, figurativement, le dessin 3D étant la norme dans cette industrie. Après avoir visité différentes communautés au Yukon et au Nunavut, Paul Girard s’est rendu compte que beaucoup de maisons n’étaient pas adaptées au climat arctique et subarctique. « Une mauvaise isolation crée de la condensation dans la maison, ce qui favorise l’apparition de moisissures, nocives pour la santé », explique-t-il.

Son premier ennemi : les ponts thermiques

« C’est ce qui transfert le froid de l’extérieur à la chaleur de l’intérieur, par exemple la lisse de contour du plafond et les joints de plancher. J’ai redessiné la structure, j’ai éliminé la possibilité de ponts thermiques », explique-t-il.

Il dit avoir réglé ce problème en créant une nouvelle enveloppe. Paul Girard reste avare de détails, sa compagnie a déposé cinq brevets pour la technologie utilisée dans ses maisons. Il dit simplement que sa compagnie fait usage de matériaux qui existent, mais qui sont encore sous-utilisés dans la construction.

Fondamentalement, pour éliminer les ponts thermiques, les maisons de Paul Giard ont des murs épais de 25 cm, avec des fenêtres à quadruple vitrage. « On a eu plein d’embûches durant les deux premières années, mais maintenant, on a un produit qui se vend ».

Autre avantage majeur de ses maisons : elles sont modulables. Paul Girard peut les expédier jusqu’à Iqaluit. « Comme tout est déjà précoupé, tu fais juste assembler », dit-il.

Un moment décisif a été quand Paul Girard a décidé de ne plus suivre les normes de l’industrie pour améliorer ses produits. Au printemps, Paul Girard dit que quelques électroménagers, télévision, réfrigérateur, suffisent à chauffer la maison. Le jour où l’Aurore a visité une des maisons de Paul Girard, il faisait environ +14 °C. À l’intérieur d’une de ses maisons règne une chaleur douce et diffuse. L’utilisation soutenue de bois pour la décoration renforce ce sentiment de confort. Mais l’isolation est aussi sonore : Paul Girard a à peine fermé la porte que le bruit de la circulation sur la route de l’Alaska disparaît.

« Le taux d’insonorisation est tel que quand tu demandes à des gens de venir faire un tour, si tu ne gardes pas une fenêtre ouverte, tu ne sauras pas qu’ils sont rendus dans la cour », dit Paul Girard.

Reste à savoir si les maisons de Paul Girard auront le succès qu’il escompte. Son objectif pour 2016, construire 50 à 100 maisons et créer 50 emplois directs d’ici 2017. « C’est pas juste un rêve, c’est des réalités qui vont voir le jour », dit-il. Dans le prolongement de sa vision durable, il souhaite aussi installer des panneaux solaires sur ses maisons.