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le Mercredi 13 mai 2015 11:07 Société

Une Franco-Yukonnaise au Népal

Les Himalayan Adventures Girls (le groupe avec lequel travaille Natasha Harvey) ont réussi à acheter 125 kg de riz en Inde, à le faire monter en camion et à le distribuer à des familles de Katmandou. Photo : fournie.
Les Himalayan Adventures Girls (le groupe avec lequel travaille Natasha Harvey) ont réussi à acheter 125 kg de riz en Inde, à le faire monter en camion et à le distribuer à des familles de Katmandou. Photo : fournie.

Pierre-Luc Lafrance

Le 25 avril, un violent tremblement de terre a secoué le Népal. Cela a eu des répercussions jusqu’ici, puisqu’une Franco-Yukonnaise, Natasha Harvey, était sur place lors des incidents. Rejointe par téléphone par l’Aurore boréale, Mme Harvey a bien voulu revenir sur les événements.

Les Himalayan Adventures Girls (le groupe avec lequel travaille Natasha Harvey) ont réussi à acheter 125 kg de riz en Inde, à le faire monter en camion et à le distribuer à des familles de Katmandou. Photo : fournie.

Les Himalayan Adventures Girls (le groupe avec lequel travaille Natasha Harvey) ont réussi à acheter 125 kg de riz en Inde, à le faire monter en camion et à le distribuer à des familles de Katmandou. Photo : fournie.

Mme Harvey est au Népal depuis le mois de décembre. Dans le cadre de sa recherche de maîtrise, elle travaille avec un groupe de femmes, Himalayan Adventures Girls. « Ces femmes sont formées pour être guides en rivière. C’est une première compagnie entièrement féminine dans ce domaine. Dans ma recherche, je traite de l’expérience de ces femmes et je m’intéresse au regard féministe là-dessous en regardant les changements sociaux et politiques. »

Lors du tremblement de terre, elle était à Katmandou, dans une maison qu’elle partage avec des colocataires. « On a été beaucoup moins frappé que d’autres endroits. Les gens cherchent des espaces ouverts lors des séismes pour éviter que des débris leur tombe dessus. Comme il n’y en a pas dans mon secteur, j’ai fait comme on nous a appris à l’école et je suis allée dans un cadre de porte. Alors, je n’ai pas vu grand-chose. Par contre, je devais rejoindre des amis dans un temple et il y a eu une mauvaise communication, alors ils étaient déjà sur place. Ils ont vu le temple s’écrouler et en venant nous rejoindre, ils ont vu des maisons en ruine et plusieurs blessés. Une maison est tombée au bout de ma rue. C’est vraiment à travers le regard de mes amis que j’ai réalisé l’impact du séisme. Je n’ai pas vu de corps ou de choses comme ça. Le jour même du tremblement, je n’avais aucune idée de l’étendue des dommages puisque les communications ne fonctionnaient plus. »

Dans les jours suivants, comme bien des Népalais, elle a passé la nuit à l’extérieur. « Personne ne restait dans sa maison. On ressentait encore le choc et il y a eu des secousses dans la nuit; elles n’étaient pas dangereuses, mais suffisamment fortes pour nous réveiller. Il y en a eu pendant trois ou quatre jours. Les gens campaient dans des terrains ouverts avec leurs couvertures et des objets de valeurs. Je n’ai pas vraiment dormi. Chaque secousse réveillait les gens qui pleuraient et criaient. La maison tombée au bout de ma rue s’écroulait un peu plus à chaque secousse. »

Après le quatrième jour, les communications sont revenues et ce fut un retour à la vie presque normale. « C’était ça le pire, ne pas pouvoir communiquer. Je ne pouvais pas rejoindre les filles avec qui je travaillais et je n’avais aucune nouvelle. Quand les contacts ont été rétablis, les gens se sont calmés et on a pu commencer à amasser des fonds pour aider les victimes. »

Des besoins de base

En effet, les besoins étaient et sont toujours nombreux. Jusqu’à 90 % de certains villages ont été détruits. Deux semaines après les événements, certaines personnes n’ont toujours pas reçu d’aide. « Dans l’immédiat, il y a des besoins de nourriture, de riz et d’abris puisque la saison des pluies commence. Dans les jours suivant le séisme, il y avait beaucoup de besoins de soins médicaux, mais là, la plupart des cas urgents ont été traités. Sauf que les gens ont besoin de traitements et de médicaments pour les maladies plus communes, surtout dans les villages où souvent le centre de santé a été détruit. »

Natasha Harvey a accompagné une de ses amies népalaises jusqu’à son village. « On a marché quatre heures sans voir une seule maison. Heureusement, le séisme a eu lieu l’après-midi, alors la plupart des gens étaient au champ. Si ça avait eu lieu le soir, il y aurait eu beaucoup plus de morts. »

Deux campagnes de financement

Une première campagne de financement a été lancée par une Suédoise mariée à un Népalais qui a fondé Himalayan Adventures Girls. Ce sont les filles de l’organisme qui gère l’argent pour venir en aide aux victimes du séisme. On peut y participer en allant à www.gofundme.com/himalayangirls.

Mme Harvey a aussi lancé une campagne avec des amies pour répondre aux demandes d’aide qu’elles recevaient. « Chaque fois qu’on reçoit une requête, on récolte de l’information pour voir comment on peut leur venir en aide. On reçoit surtout des demandes de vêtements ou de nourriture, mais aussi pour des tampons ou du savon. On essaie d’aider les gens jusqu’à ce qu’un autre organisme puisse les soutenir à plus long terme. » La dernière demande d’aide provient d’un village qui compte 41 familles dans une région où l’aide humanitaire ne s’est pas encore rendue. « Il y a des besoins en nourriture, mais aussi de toiles pour des abris et d’aide médicale. Il y a trois femmes enceintes en ce moment. » Pour donner à ce fonds, on peut aller au www.gofundme.com/sindupalchowk.

Au moment de faire cette entrevue, Mme Harvey était à quelques jours de son retour au Yukon prévu pour le 13 mai. « C’est difficile de partir dans ces circonstances. J’espère pouvoir aider à distance. »

Notons en terminant que le gouvernement du Yukon a remis 25 000 $ à la Croix-Rouge pour venir en aide aux victimes du séisme.