le Mercredi 11 septembre 2024
le Mardi 12 mai 2015 9:40 Société

Forum sur les personnes vulnérables : solutions et pistes de réflexion

Diane Pétrin du Centre des femmes Victoria Faulkner estime que le forum sur les personnes vulnérables a permis de prendre conscience du problème et de mettre en place des solutions. Photo : Nelly Guidici.
Diane Pétrin du Centre des femmes Victoria Faulkner estime que le forum sur les personnes vulnérables a permis de prendre conscience du problème et de mettre en place des solutions. Photo : Nelly Guidici.

Nelly Guidici

Le 24 avril dernier, la Ville de Whitehorse a organisé conjointement avec la Première nation de Kwanlin Dün un forum sur les personnes vulnérables. Pour la première fois, tous les corps de métiers concernés par ces personnes étaient présents comme des employés de la Ville, du gouvernement du Yukon, des travailleurs sociaux ou encore la Gendarmerie royale du Canada. Diane Pétrin, avocate au sein du Centre des femmes Victoria Faulkner était présente également : « J’étais un peu sceptique au début, car je pensais qu’il y aurait beaucoup de paroles et pas d’action. Puis, après une heure, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de gens formidables. Et j’ai réalisé lors du discours du maire Dan Curtis que par le choix des personnes invitées à parler, il voulait vraiment trouver des solutions à la question. »

Diane Pétrin du Centre des femmes Victoria Faulkner estime que le forum sur les personnes vulnérables a permis de prendre conscience du problème et de mettre en place des solutions. Photo : Nelly Guidici.

Diane Pétrin du Centre des femmes Victoria Faulkner estime que le forum sur les personnes vulnérables a permis de prendre conscience du problème et de mettre en place des solutions. Photo : Nelly Guidici.

Des intervenants qui connaissent profondément le sujet

Parmi les intervenants, Andy Nieman, ancien itinérant, a parlé de son expérience passée pendant près d’une heure. Le discours de M. Nieman a marqué les esprits, Mme Pétrin se rappelle l’effet que son discours a produit sur l’assistance : « Il nous a dit qu’il fallait toujours respecter ces gens (les itinérants) parce qu’il y a toujours de l’espoir. Il nous a dit de ne jamais abandonner et d’essayer de les aider d’une façon ou d’une autre, car les personnes s’en souviennent. Les gens pleuraient, son discours était vraiment beau. » Le docteur Gabor Maté vivant à Vancouver a également pris la parole. Ayant suivi pendant douze ans des personnes toxicomanes souffrant de maladies mentales ou encore atteintes du V.I.H., il a cofondé le groupe Compassion for addiction (Compassion pour la dépendance) qui propose une nouvelle approche et un traitement de la dépendance. Ses paroles lors du forum ont beaucoup fait réfléchir. En effet, Mme Pétrin qui écoutait pour la première fois le docteur Maté a adoré son discours. « Ce qui m’a fait réfléchir, c’est ce qu’il a dit sur les personnes vulnérables qui sont toujours punies par le système. Ces personnes ont beaucoup souffert et c’est pour ça qu’elles sont vulnérables. »

Des ateliers pour trouver des solutions

Cinq cercles de discussion ont été organisés afin que les personnes répondent à une question essentielle et apposent leurs réponses sur le mur à la vue de tous. Ainsi, la quantité de réponses apportées à chaque question a pu faire naître des discussions et des réflexions productives. L’une des questions était : quels programmes mis en place par la Ville, le gouvernement territorial et le gouvernement des Premières nations visent à aider les personnes? Sont-ils utiles? Pourquoi? L’une des réponses apportées à cette question fut l’Armée du Salut. Mais en y réfléchissant bien, les participants ont réalisé qu’il y avait un problème de transition. En effet, le foyer de l’Armée du Salut ferme ses portes aux alentours de 7 h le matin, alors que les structures d’accueil de jour n’ouvrent pas leurs portes avant 9 h, 10 h ou même 11 h. Il y a donc un trou dans la journée où les personnes se retrouvent dehors et n’ont pas d’endroit où aller.

De plus, le problème principal des personnes vulnérables est l’absence de logement. En effet, si toutes ces personnes avaient un toit sur la tête, elles pourraient commencer à faire des démarches administratives et remettre petit à petit les pieds dans la vie active. « Quand ces personnes n’ont pas de logis, elles n’ont pas de services non plus, car tout est difficile. Recevoir de l’assistance sociale devient problématique, car ils n’ont pas d’adresse postale », souligne Mme Pétrin. L’une des solutions apportées lors des ateliers à ce problème est la Tiny House ou petite maison. Peu coûteuse, confortable et pouvant répondre à un besoin urgent de logement, il semblerait que cette solution soit populaire.

Selon Mme Pétrin, les personnes vulnérables ne sont pas forcément celles que l’on imagine. Travaillant essentiellement avec des femmes en situation difficile, elle estime qu’une personne vulnérable est avant tout une femme âgée, malade, mais pas nécessairement en proie à des problèmes de dépendance et qui a perdu son logement. Actuellement, elle aide une douzaine de femmes qui n’ont pas de toit et qui sont sur la liste d’attente pour un logement social. « Elles ont honte et veulent garder confidentiel le fait qu’elles n’ont pas de logement. Même si ça n’est pas leur faute, elles se sentent responsables de ne pas être capables d’avoir un logis pour leur famille », précise l’avocate.

Ce forum qui a visiblement créé une conscience collective a permis de mettre en route une initiative commune pour régler le problème des personnes vulnérables. Dan Curtis a confirmé que le travail continue et que la tâche à accomplir est encore grande : « La réponse de la communauté a été extrêmement positive. Nous ne voulons pas perdre cette grande dynamique où notre communauté a manifesté une volonté d’aller de l’avant. Cela reste une priorité pour la Ville de Whitehorse et de la Première nation de Kwanlin Dün. Nous allons continuer à discuter de cette question ainsi que des prochaines étapes à suivre lors de nos forums
intergouvernementaux. »