Nelly Guidici
Ces dernières années, la violence envers les femmes autochtones au Canada est devenue un problème que personne ne peut ignorer. En effet, des initiatives pour éradiquer ce phénomène fleurissent aux quatre coins du pays. L’initiative nationale Walking With our Sisters dont le but est d’honorer la mémoire des femmes autochtones disparues ou assassinées à travers l’exposition de plus de 1 700 empeignes de mocassins en est un parfait exemple.
Une initiative yukonnaise : Brothers in Spirit (frères dans l’esprit)
À l’échelle locale, le territoire est très dynamique. En effet, le Conseil des femmes autochtones du Yukon a commencé en 2014 le projet Brothers in Spirit. Destiné aux hommes et aux femmes, l’atelier de deux jours et demi a engrangé une réflexion des participants sur le problème de la violence envers les femmes d’une façon productive. Marian Horne, présidente du Conseil des femmes autochtones du Yukon, mais également vice-présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada précise : « Nous avons utilisé une approche inclusive afin de nous assurer que les participants n’étaient pas ciblés ou jugés, mais plutôt capables de réfléchir et de discuter de ce problème de façon constructive. » Le Conseil des femmes autochtones du Yukon est convaincu qu’il est primordial que les hommes et les femmes travaillent de concert et en harmonie : « Les hommes et les femmes ont chacun le droit de vivre à l’écart de la violence et de se sentir en sécurité », rappelle Mme Horne.
Durant ce symposium, Michelle Audette, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada a pris la parole, de même que Scott Carlson, responsable de la division yukonnaise du Ruban blanc à cette époque. À l’issue du colloque, l’engagement des hommes du Yukon a été renforcé dans la prévention de la violence contre les femmes et les filles autochtones.
Une campagne de modèles masculins
Dans la continuité du succès de Brothers in Spirit, le Conseil a décidé de poursuivre son travail en continuant d’inclure les hommes. C’est ainsi qu’une campagne de photos mettant en scène des modèles masculins a pris forme au printemps 2015. Cette fois-ci, c’est en tant que modèles que les hommes ont pu prolonger leur implication. Six hommes originaires de différentes communautés du Yukon ont donc pris la pose : Percy Henry originaire de Dawson, Eric Morris de Teslin ou encore James Miller de Whitehorse. Ces personnes ont été choisies par le Conseil, car ce sont des personnes non violentes, respectueuses envers les femmes et les gens en général : « Ces modèles se lèvent et disent comment vous devriez vous comporter pour être respecté. Cette approche met en lumière des choix non violents », explique Mme Horne.
Cette campagne publicitaire sera visible dans différents endroits stratégiques de la ville comme le Centre des Jeux du Canada, l’Aréna Takhini ou encore les abribus. Elle sera également visible dans les journaux et en ligne sur le réseau social Facebook.
Un modèle pour la jeunesse
Isaiah Gilson âgé de 25 ans a grandi au Yukon et est membre de la Première nation du Kluane. Connaissant plusieurs personnes membres du comité du Conseil des femmes autochtones du Yukon, il a été abordé au sujet de la campagne photographique : « Ils ont estimé que j’étais un bon choix pour cette campagne. J’ai été honoré et bien sûr, j’ai accepté », explique M. Gilson. Considérée comme une personne très respectueuse de façon générale, la présence de sa mère et de ses sœurs lui a permis de considérer le respect envers les femmes comme quelque chose de normal. « Apprendre au contact de ma mère a été le fondement du respect que je porte aux femmes », confie le modèle. Lorsque vous découvrirez les photos de cette campagne, vous pourrez voir M. Gibson, lunettes sur le nez et sourire aux lèvres devant le Centre culturel des Kwanlin Dün avec cette citation : « Suivre les enseignements traditionnels de ma culture » car toute sa vie, Isaiah Gibson a toujours respecté les femmes et les gens en général. »