Nelly Guidici
La nation Kaska regroupe cinq communautés : Liard (Watson Lake) et Ross River au Yukon, Dease River (Good Hope Lake), Kwadacha (Fort Ware) et le conseil Daylu Dena (Lower Post) dans la province de la Colombie-Britannique. Le 27 janvier 2015, les chefs de ces nations ont annoncé leur intention de sortir une loi sur le développement des ressources sur leur territoire traditionnel. « Nous ne sommes pas anti-développement, assure Brian Ladue, chef de Ross River, mais notre mission est de nous assurer que notre territoire et notre culture sont protégés pour les générations futures. » Pour ce faire, la nation travaille actuellement sur une loi qui devrait être prête dans six mois. Le projet final devra être approuvé à l’été 2015 lors d’une séance de l’assemblée générale Kaska. Le règlement en vertu de la loi sera développé et finalisé pendant les deux prochaines années avec l’appui de conseillers juridiques.
L’objet de cette loi n’est pas de remplacer celles existantes. Les compagnies devront remplir toutes les conditions dictées par les gouvernements fédéral, territorial et provincial. « Notre loi ne remplacera pas les lois qui existent déjà. Nous établirons les conditions qui peuvent renforcer les exigences dans certains domaines et créer de nouvelles obligations dans d’autres », déclare George Miller, président au sein du conseil Kaska Dena.
L’un des objectifs du projet est de permettre aux membres des communautés de bénéficier de formations et d’emplois. Daniel Morris, chef de la Première nation Liard précise : « Pendant que nous travaillons sur le développement de la loi et les règlements, nous allons continuer de nous assurer que les projets de développement sont en accord avec les Kaska, et que de l’emploi, de la formation et des occasions commerciales seront fournis. Les bénéfices de ces projets devront aussi profiter aux nations Kaska tout en protégeant notre terre et notre culture. »
Un appui des compagnies minières
Plusieurs compagnies minières qui sont déjà implantées sur le territoire Kaska ont applaudi l’initiative. Alan Krasnick, membre de la direction au sein de la compagnie North American Tungsten Corporation explique pourquoi cette loi est une bonne chose : « Potentiellement, ce projet est une très bonne chose. Il s’agit ici de reconnaître qu’il y avait un droit autochtone préexistant à l’arrivée des Européens sur le continent. Ce que je trouve exaltant, c’est que deux régimes légaux qui s’appliquent au même endroit doivent trouver un accommodement. J’espère que nous serons impliqués à un moment ou à un autre dans le processus d’écriture. » Installée depuis 1962 à la frontière des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, cette corporation qui affirme avoir de bonnes relations avec les communautés Kaska estime que cette loi ne pourra être que bénéfique.
Maurice Albert, vice-président responsable des affaires extérieures au sein de la compagnie Selwyn Chihong se montre enthousiaste : « Le concept de développer une loi qui va clairement identifier les attentes des communautés Kaska est une bonne idée. Avoir le plus d’information possible sur les attentes de cette nation nous apporte également plus de certitudes. » Implantée depuis plus de six ans sur le territoire traditionnel Kaska, cette compagnie travaille déjà étroitement avec les communautés de Ross River et de Watson Lake. Le 11 février dernier, une réunion de consultation des citoyens de Ross River était organisée concernant le développement d’un projet d’extraction de zinc nommé Selwyn.
Réaction du premier ministre
À la suite de l’annonce, Darrell Pasloski a fait part de son avis. Il ne pense pas que la nation Kaska puisse prendre une telle décision, car aucune entente territoriale n’a été signée et elle resterait donc sous la Loi sur les Indiens. « Selon la Loi sur les Indiens, les bandes sont incapables de proclamer des lois, contrairement aux Premières nations qui ont des ententes. » Cependant, le chef de Ross River, Brian Ladue, ne conçoit pas les choses de la même façon. En effet, selon lui, la nation Kaska qui n’a pas cédé ses droits sur son territoire a le droit inhérent de gouverner sur ses terres et dans ses communautés. « Nous ne cherchons pas d’accord de la part du gouvernement territorial. Nous voulons être considérés sérieusement comme un gouvernement. Nous souhaitons que le gouvernement de M. Pasloski respectera et honorera notre décision. Nous pourrons ainsi travailler ensemble de gouvernement à gouvernement », conclut-il.