Pierre-Luc Lafrance
Le 13 janvier, le gouvernement du Yukon a annoncé qu’il avait octroyé 10 000 $ à Yukon Circle of Change par le biais du Fonds pour la prévention du crime et les services aux victimes. Avec cet argent, l’organisme veut mettre en place un projet de rencontres communautaires de justice réparatrice. L’Aurore boréale a rencontré Christine Klaassen-St-Pierre, vice-présidente de Yukon Circle of Change et facilitatrice bilingue pour le projet afin d’en savoir davantage.

Christine Klaassen-St-Pierre, vice-présidente de Yukon Circle of Change et facilitatrice bilingue pour le projet. Photo : fournie.
Le but de Yukon Circle of Change est de favoriser la gentillesse et la générosité dans la communauté. L’organisme existe depuis huit ans et vient d’un mouvement qui a pris naissance dans les écoles et qui a grandi avec le temps. Différentes institutions scolaires en font partie : F.-H.-Collins, L’Académie Parhélie, les écoles secondaires de Porter Creek, d’Haine Jonction et de Watson Lake. « On s’assure de faire au moins une campagne par année en plus des ateliers. » Parmi les campagnes, il y a l’invitation à dire des choses gentilles sur une autre personne sur la place publique avec des mégaphones, la remise de fleurs sur la rue, des campagnes pour donner au suivant, par exemple en grattant la glace sur les pare-brise d’une voiture stationnée et en laissant un grattoir sur place avec une invitation à poser un acte de gentillesse à son tour.
Qu’est-ce que la justice réparatrice?
Le projet pilote en justice réparatrice répond à un besoin exprimé par le milieu. « On a découvert qu’il y avait un besoin pour des conférences réparatrices, ce qui correspond à la forme la plus formelle dans la philosophie de la justice réparatrice. Cette philosophie vient de la culture autochtone et on la trouve un peu partout dans le monde, en Nouvelle-Zélande par exemple. C’est de plus en plus utilisé dans les écoles, et on le voit dans la justice jeunesse, mais la plupart du temps après la plainte à la police. Nous voulons travailler en amont. Au lieu d’aller devant une autorité (un juge, un directeur ou un superviseur) qui doit donner un verdict, la victime et le contrevenant ont l’occasion de s’asseoir ensemble sous la supervision d’un animateur expérimenté. Le but est de décider de la meilleure solution autant pour la victime que pour le contrevenant. Il y a trois questions de base lors des rencontres, les trois Q : Qu’est-ce qui s’est passé? Qui a été affecté? Et comment peut-on réparer? »
Mme Klaassen-St-Pierre donne l’exemple d’un jeune qui vandalise un centre communautaire. En temps normal, il y aura une punition (souvent, il sera banni du centre) ou même des actions qui mèneront les différentes parties dans le système judiciaire. « Avec la justice réparatrice, on cherche plutôt à travailler sur des solutions. On ne juge pas la personne, mais on tente de travailler sur des actions. Par exemple, on pourrait déterminer que le jeune a manqué de respect pour le groupe, alors il pourrait assister le concierge dans l’entretien des lieux, ou même se joindre au conseil d’administration pour constater le travail qui doit être fait. Ce qui permettrait en même temps de développer ses compétences. Bien sûr, pour que ça fonctionne, il faut que la victime se sente à l’aise avec ce recours. »
L’argent reçu du gouvernement servira principalement à s’assurer des services d’animateurs d’expérience. « Ça peut prendre une vingtaine d’heures de préparation avant la tenue de la conférence. Le facilitateur devra préparer son dossier, parler avec la victime, le contrevenant, les personnes d’appui, les gens de la communauté touchés par le dossier, etc. Il faut aussi mener la conférence, faire le suivi. On ne peut pas demander ça à un bénévole. »
L’objectif dans un premier temps serait de traiter entre huit et dix cas lors de cette première phase. Si le projet pilote est concluant, le service pourrait prendre plus d’ampleur. Ce service est offert gratuitement aux organismes non gouvernementaux. « Ça peut être des organisations sportives, des milieux de travail, des centres communautaires, des familles, des individus. » Les dossiers sont évalués par un comité qui détermine s’ils s’insèrent bien dans la philosophie réparatrice. On peut aller chercher l’information sur le site yukoncircleofchange.com. On peut aussi contacter l’organisme en appelant au 333-9936 ou en écrivant à [email protected].
Assemblée générale annuelle
Ceux qui voudraient en savoir plus sur l’organisme peuvent assister à l’assemblée générale annuelle qui aura lieu le 19 février à 19 h 30 au centre communautaire Heart of Riverdale. L’organisme est sans cesse à la recherche de nouveaux bénévoles.