Pierre-Luc Lafrance
Le Yukonnais Jaret Slipp vient de partir pour une grande aventure de quatre mois et demi, alors qu’il a accepté le poste de directeur de Class Afloat. Cette école privée qui s’adresse aux étudiants de 11e et 12e années ainsi qu’à ceux qui font leur première année d’université a pour cadre un bateau en pleine mer. Nous avons rencontré M. Slipp quelques jours avant son départ.
Sur le bateau, il y a une équipe de marins, mais aussi sept professeurs et une soixantaine d’étudiants. Ceux-ci proviennent principalement du Canada (le port d’attache de l’école est en Nouvelle-Écosse), mais il y a aussi des étudiants internationaux.
C’est un hasard qui a permis à M. Slipp de se joindre à l’aventure. « Le directeur a dû partir en milieu d’année, alors ils avaient besoin de quelqu’un pour prendre le relais pour la fin de l’année. Un de mes amis a parlé de moi et ils m’ont contacté. C’est assez génial, je n’ai même pas eu besoin de postuler. » Il faut dire que le Yukonnais a déjà une bonne expérience dans l’éducation hors du contexte des écoles traditionnelles. Par contre, il a accepté de se joindre à l’aventure seulement à court terme. « C’est une expérience extraordinaire, mais c’est dur de partir et de laisser ma conjointe et ma fille derrière moi. »
En tant que directeur, il devra bien sûr venir en aide aux professeurs en s’assurant de répondre à leurs besoins autant en matière de ressources que de résolutions de problème, il devra aussi s’occuper de la discipline et de l’aide aux étudiants. Par contre, la particularité de cette école en plein océan fait en sorte qu’il aura aussi pour tâche d’assurer certains aspects liés à la logistique du bateau. « Le défi sera de s’assurer que l’aspect scolaire puisse se dérouler en harmonie avec les besoins du bateau. »
Une autre façon d’aborder l’apprentissage
Pour M. Slipp, cette formule scolaire est gagnante. « Les élèves ont un curriculum standard qui respecte le programme provincial. Ils vont étudier les mathématiques, l’anglais, le français, la physique, etc. Ils vont passer les examens standardisés de la province. Mais à cela vont s’ajouter des cours d’études maritimes pour développer leurs compétences en navigation, mais aussi pour qu’ils en apprennent davantage sur la météo et sur divers aspects liés à la vie maritime. Chaque étudiant va avoir à faire deux heures de garde tous les jours. Ça peut être à différents moments de la journée, même en plein cœur de la nuit. Ils seront avec un professionnel et devront s’occuper des petites réparations, de l’entretien, mais aussi de la surveillance. Ils vont apprendre beaucoup. C’est différent d’une école régulière. On va vivre une expérience de groupe et apprendre ensemble, ce qui va aider les étudiants à développer leur leadership. Sur le bateau, on ne peut pas décider de prendre congé et de rester au lit une journ
ée, on a besoin de l’engagement de chacun. » M. Slipp a une certaine expérience sur de plus petits bateaux, mais il s’attend à apprendre lui aussi sur l’aspect maritime.
Lors de ce semestre, le bateau fera trois escales de quelques jours dans différents ports. Des apprentissages spécifiques sont prévus lors de chacun de ces arrêts. Dans un port, les étudiants travailleront avec un centre de recherche océanique. Dans un autre, ils vivront quelques jours dans des familles dominicaines afin de découvrir la culture et la langue.
De la Barbade à Amsterdam
Pour M. Slipp, le voyage a commencé à la Barbade. Le bateau va ensuite conduire l’école autour de la mer des Caraïbes dans le sens des aiguilles d’une montre. Puis, ce sera le départ sur l’océan Atlantique en direction de l’Europe. Le bateau passera par les îles Açores et Saint-Malo, avant la destination finale prévue pour la fin mai : Amsterdam. Jaret Slipp prendra alors un avion pour revenir au territoire.