Pierre-Luc Lafrance
Du 8 au 12 décembre, plus de 1 200 personnes se sont réunies à Ottawa dans le cadre de la Conférence internationale Arctic Change 2014. L’Aurore boréale s’est entretenu avec Martin Fortier, le directeur général d’ArticNet qui coordonne cet événement.
ArcticNet est un Réseau de Centres d’excellence du Canada qui regroupe des scientifiques et des gestionnaires en sciences naturelles, en science de la santé et en sciences sociales avec leurs partenaires des organisations inuites, des communautés nordiques, des organismes fédéraux et provinciaux ainsi que du secteur privé, pour étudier les impacts des changements climatiques dans l’Arctique canadien côtier.
Artic Change 2014 est en quelque sorte une version internationale de la conférence annuelle d’ArticNet qui est basé à Québec à l’Université Laval. « Chaque année, nous organisons une conférence scientifique qui réunit des chercheurs et des étudiants des différentes régions du Canada. Cette année, tout comme en 2008, nous étendons nos efforts à l’international puisque la question du changement climatique touche différents pays. Il y a déjà 1 200 inscriptions et on s’attend à avoir 1 400 participants. »
Sur place, il y aura des représentants de 25 pays. « On compte environ 800 personnes du Canada, mais des pays comme l’Allemagne, la Norvège, les États-Unis et la France auront une délégation de plus de quarante pays. » S’il y a beaucoup de chercheurs et d’étudiants, la conférence attire aussi des intervenants, des décideurs ainsi de gens de l’industrie ou du gouvernement. « C’est notre mandat de travailler avec les preneurs de décision et les autres parties prenantes. »
Bien sûr, les Premières nations sont aussi présentes. « Nous sommes en relation étroite avec les communautés inuites notamment. Beaucoup de chercheurs travaillent avec elles dans les régions nordiques. » D’ailleurs, l’an dernier, plusieurs représentants des communautés inuites étaient sur place lors de la conférence annuelle d’ArticNet.
Lors de la conférence, il y a eu des présentations dans plusieurs domaines avec pour trame de fond le changement climatique. « On essaie d’avoir des présentations orales et des présentations visuelles. De plus, les sujets abordés touchent différentes disciplines, mais toujours avec une base scientifique, ce qui nous différencie d’autres réunions sur le même thème qui sont davantage politique ou géopolitique. »
Plusieurs grands thèmes ont été abordés : la souveraineté, l’insécurité alimentaire, les effets du pergélisol, la fonte de la banquise, etc. Toutefois, l’approche multidisciplinaire permet de toucher à des sujets plus sociaux comme l’émancipation sexuelle des jeunes femmes inuites.
Prix Inspiration arctique
En parallèle de l’événement, il y a eu la cérémonie du Prix Inspiration Arctique le mercredi 10 décembre au Centre des congrès d’Ottawa. Un à cinq prix d’une valeur totale d’un million de dollars sont remis à des équipes pluridisciplinaires dont la contribution à la collecte de savoirs sur l’Arctique est substantielle, démontrée et de qualité, et qui ont fourni des plans tangibles pour transformer ces connaissances en applications concrètes pour le bien de l’Arctique canadien, des résidents du Nord et par conséquent du Canada en entier. Pour reprendre les mots de M. Fortier, c’est un prix qui vise à « amener de la connaissance à l’action ».
Le prix a été décerné en 2014 au projet communautaire de recherche participative FOXY (Fostering Open eXpression among Youth) pour son plan de conversion des connaissances en action visant à travailler avec les jeunes hommes et femmes résidents du Nord, afin de faciliter le dialogue sur les questions de santé sexuelle, développer leur leadership et leurs capacités d’adaptation, et rehausser la confiance en soi qui permet de faire des choix de vie sains.
Parmi les projets finalistes, il y en avait un provenant du Yukon, le projet scolaire d’Old Crow. Ce projet communautaire propose de concevoir un système énergétique hybride de stockage d’énergie solaire et de diesel. Cette solution de rechange serait plus viable au plan économique et plus écologique que la seule combustion de carburant diesel pour répondre aux besoins en énergie de la collectivité.