Pierre-Luc Lafrance
Pascale Geoffroy est ergothérapeute pour le service des soins à domicile au Yukon depuis deux ans. Elle s’intéresse également aux questions liées à l’ergonomie du travail. C’est sur ce dernier sujet que nous l’avons interrogée afin de démystifier cet aspect de la vie de bureau.

Pascale Geoffroy procède à l’ajustement de la chaise de travail. D’ailleurs, elle recommande l’utilisation d’un appui-pieds. Photo : Pierre-Luc Lafrance.
Selon Pascale Geoffroy, l’ergonomie est une façon de revoir la manière d’évoluer et de bouger dans son environnement. En milieu de travail, cela peut toucher différents aspects : de la disposition du poste de travail à la répartition des tâches. « Ça permet d’assurer le bien-être des gens, mais aussi d’augmenter l’efficacité en revoyant certains processus, mais aussi parce qu’un employé est plus performant dans les bonnes conditions. »
Mme Geoffroy estime qu’il faut toujours garder en tête que les principaux problèmes physiques sont liés aux troubles musculo-squelettiques. « Les inflammations, les problèmes de dos et les tendinites proviennent souvent des mouvements répétitifs. C’est pour ça qu’on se retrouve avec des gens de 40 ou 50 ans qui ont des problèmes physiques et qui en ignorent l’origine. »
Quand on parle de mouvement répétitif, ce ne sont pas nécessairement des efforts physiques importants, ça peut être aussi insignifiant que l’utilisation d’un clavier, d’une souris ou même du téléphone. « Il n’y a pas d’inconfort, mais à long terme, ça peut causer des blessures musculo-squelettiques. »
L’ameublement le plus important dans un bureau serait la chaise de travail et souvent les gens n’investissent pas assez dans cet accessoire. « Il faut que la chaise soit ajustée à la grandeur de l’individu et qu’il y ait des accoudoirs pas trop éloignés. Il faut aussi qu’il y ait un bon support lombaire. »
Bouger
Le principe de base, c’est de bouger. « Si quelqu’un est toujours debout, il doit s’asseoir à l’occasion. Celui installé devant son écran d’ordinateur doit pouvoir se lever ou, s’il doit demeurer stationnaire, il peut marcher sur place ou changer de position pour changer les points de pression. »
Dans le poste de travail classique, il faut penser à des angles de 90 % pour réduire la tension. Les pieds doivent être au sol, les coudes appuyés sur des appuie-bras. Le dos doit avoir un bon appui. L’objectif est de trouver des angles neutres.
L’ergonomie du travail permet de prévenir les blessures. Au-delà de ça, les études tendent à démontrer qu’il y a une corrélation entre la productivité et le bien-être des employés. « La culture à ce sujet est en train de changer. Les gens sont de plus en plus sédentaires et il faut trouver des façons de les faire bouger. »
Une nouveauté dans ce domaine est le poste de travail assis-debout-marche. Dans ce cas, la table peut monter et descendre pour permettre à la personne d’alterner les moments où elle travaille debout et celle où elle est assise. De plus, quand elle est debout, elle peut profiter d’un tapis roulant silencieux qui permet de marcher tout en travaillant, ce qui est excellent pour le cerveau. Attention, on ne parle pas ici, de course, mais bien de marche lente. On ne cherche pas à s’essouffler non plus. De plus en plus de centres d’appel en profitent. « Le corps est davantage stimulé, ce qui fait en sorte que l’employé est dans de meilleures dispositions pour accomplir son travail. »
Le fait d’être assis une bonne partie de la journée met beaucoup de pression sur la colonne vertébrale. Plusieurs techniques pour améliorer les choses ont été développées, mais Mme Geoffroy met en garde contre les solutions miracles. « Plusieurs personnes pensent que l’usage du ballon au travail peut vraiment aider. Et c’est le cas… pour une ou deux heures pas jour. En revenant au principe que ce qui est bon pour le corps est de bouger, le ballon a du bon, car il fait travailler les muscles à court terme. Mais après deux heures, les muscles s’affaiblissent et on développe une mauvaise posture. »
Les yeux aussi
Au-delà de la fatigue physique, il y a de plus en plus de cas de fatigue visuelle. « On passe trop de temps devant nos écrans. En plus, souvent, quand on revient du travail on s’installe devant l’ordinateur ou la télévision. Cela fait en sorte que les yeux deviennent paresseux, car ils sont habitués à une certaine distance et à une certaine luminosité. »
Des trucs simples permettent d’améliorer les choses, comme de prendre une pause visuelle de vingt secondes toutes les vingt minutes. Pour ce faire, on peut regarder à l’horizon pour tenter de distinguer les détails ou encore cacher ses yeux avec ses paumes pour voir la noirceur.