Jacinthe Laforest (La Voix acadienne)
Les chefs des provinces et territoires ont conclu leur 55e rencontre estivale à Charlottetown le vendredi 29 août par une conférence de presse menée par le premier ministre Robert Ghiz, de l’Île-du-Prince-Édouard.
« Cette rencontre a été historique car c’est la première fois depuis longtemps que le Québec y participe de façon aussi ouverte. Nous avons une table des premiers ministres pleinement fonctionnelle et cela augure bien pour l’avenir. Avec le premier ministre fédéraliste, Philippe Couillard, le Québec fait maintenant partie du leadership dont nous devons faire preuve pour apporter les changements que nous souhaitons au Canada. »
La rencontre s’est amorcée le 28 août par une discussion sur les défis de la confédération dans le contexte du 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown. Une séance spéciale a eu lieu à la Province House où, en 1864, les Pères de la Confédération ont amorcé des travaux visant à définir les rôles et les responsabilités des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
Les premiers ministres ont reconnu que la fédération canadienne a réalisé plusieurs des aspirations de ses fondateurs. Souhaitant continuer de bâtir une fédération solide, ils ont réaffirmé leur engagement à travailler ensemble à créer des emplois et à améliorer l’économie dans un climat économique hautement concurrentiel. Ils veulent favoriser une société juste et inclusive dans laquelle tous les citoyens auront accès à des services publics et à des possibilités économiques assurant leur bien-être.
Au cours des discussions, les premiers ministres ont reconnu que le Québec n’a pas adhéré à la Loi constitutionnelle de 1982. C’est pourquoi la pleine participation québécoise a été qualifiée d’historique, d’autant plus que la province s’est joint à plusieurs comités et tables thématiques, destinés à améliorer les relations entre les juridictions et la qualité de vie des citoyens, notamment tout ce qui concerne les changements climatiques.
Les premiers ministres ont discuté de l’environnement, notamment des approches adoptées par certains gouvernements en matière de détermination d’un prix pour le carbone. Ils ont souligné la récente déclaration de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) sur l’importance d’inclure le coût des émissions de carbone dans l’économie.
Au printemps 2015, le Québec tiendra un sommet sur les changements climatiques auquel sera convié l’ensemble des premiers ministres. Le Québec s’est aussi joint à la Stratégie canadienne de l’énergie (SCE). Après la Colombie-Britannique qui avait donné son aval en novembre 2013, il ne manquait à la table que cette province.
La SCE repose sur une vision et des principes à partir desquels les provinces et les territoires travailleront ensemble, dans le respect de leurs compétences, sur les questions relatives à l’énergie et feront croître l’économie, a expliqué Robert Ghiz. Cette stratégie protégera l’environnement, selon lui, et créera de nouvelles possibilités pour les individus, les organismes et les entreprises.
« Chaque province fait des choses pour améliorer son apport en énergie tout en réduisant l’empreinte sur l’environnement. Nous, à l’Île, nous développons l’énergie éolienne, en collaboration avec l’institut de North Cape. La stratégie respecte les approches propres à chaque gouvernement. »
Les changements apportés par le gouvernement fédéral ont une incidence financière sur les provinces et les territoires qui, selon les chefs réunis, multiplient les initiatives pour contrôler les coûts des programmes et faire croître l’économie.
Les premiers ministres s’inquiètent des impacts négatifs des changements unilatéraux imposés par Ottawa aux transferts et aux programmes. Ils ont déploré certaines mesures adoptées pour parvenir à un surplus fédéral, imposant des pressions supplémentaires aux autres juridictions et se répercutant sur les services offerts aux Canadiens.
Les premiers ministres ont dit regretter que le fédéral s’approprie des deux tiers des impôts des contribuables, alors que la grande majorité des services aux citoyens sont livrés par les provinces et territoires, qui manquent de ressources.
Sur la question de la disparition de près de 1 200 femmes autochtones au cours des dernières décennies au Canada, les premiers ministres ont demandé en vain la création d’une commission d’enquête fédérale. Mais avec l’appui de cinq chefs des Premières nations, ils ont réclamé la tenue d’une table ronde nationale sur la question.