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le Mardi 5 août 2014 8:25 Société

Ouvrir le commerce, la culture et l’éducation ?

Le nouveau président de RDÉE Canada, Denis Laframboise. (Photo : RDÉE)
Le nouveau président de RDÉE Canada, Denis Laframboise. (Photo : RDÉE)

Jean-Pierre Dubé (Francopresse)

Avec 12 traités de libre-échange international en vigueur ou signés et une autre douzaine en négociation, le Canada ouvrira-t-il enfin son commerce intérieur? La Francophonie y trouverait-t-elle son compte?

L’initiative lancée par la Saskatchewan aurait déjà rallié l’Ouest, l’Atlantique et le Québec. Le fédéral est d’accord et le ministre James Moore mène une campagne nationale. Une seule province résiste, comme l’explique le président de RDÉE Canada (Réseau de développement économique et d’employabilité), l’Ontarien Denis Laframboise.

 

Le nouveau président de RDÉE Canada, Denis Laframboise. (Photo : RDÉE)

Le nouveau président de RDÉE Canada, Denis Laframboise. (Photo : RDÉE)

« La situation économique en Ontario est très difficile à cause du déficit. Mais le libre-échange est une excellente idée. On a des ententes avec plusieurs pays : pourquoi pas à l’intérieur du Canada pour stimuler l’économie et assurer la prospérité ?

« Il y a déjà beaucoup d’échanges entre l’Ontario et le Québec, soutient Denis Laframboise, et personne ne savait ça. Le problème majeur, c’est la main-d’œuvre. Ça fait des années qu’on essaie de régler ça. »

Un gestionnaire de portefeuille de la Banque nationale, Robert Tétrault, s’étonne du retard à régler la question. Selon lui, le marché des alcools est un enjeu pressant. Mais le principal demeure les appels d’offres sur les infrastructures. « Est-ce qu’on perd des opportunités parce que les grands projets vont aux États-Unis ? »

Le Manitobain accueille favorablement l’idée de créer une autorité nationale des marchés financiers. « Chaque année, je dois faire la même démarche pour renouveler mes licences dans les sept provinces et territoires où j’ai des clients. C’est un problème. »

Les pertes d’opportunités dues aux barrières commerciales s’élèveraient annuellement dans les dizaines de milliards. Mais les bénéfices d’ouvrir les marchés ne seraient pas uniquement économiques, selon Amélie Caron, présidente de Ecosynergie, une entreprise albertaine spécialisée en performance des bâtiments.

« Il y aura des avantages sous forme d’opportunités d’emploi et de découvrir l’ensemble du pays. Un échange culturel plus global aussi. Les Québécois devront peut-être apprendre l’anglais et devenir bilingues, les anglophones devront peut-être apprendre le français et devenir bilingues aussi. »

Robert Tétrault renchérit. « C’est souvent plus facile pour une petite entreprise de pénétrer un grand marché que des grands commerçants du Québec pénétrer les petits marchés francophones. »

Selon Denis Laframboise, l’initiative va bénéficier aux communautés entre elles et avec le Québec, étant donné l’affinité linguistique. « Mais on ne peut pas transiger seulement entre nous, les francophones. La Francophonie est un nouveau joueur économique, on envisage aussi la création d’alliances en Europe. »

RDÉE Canada est depuis juin le partenaire de l’édition nationale de La Voix des affaires, une publication du quotidien du Nouveau-Brunswick, L’Acadie Nouvelle. Le mensuel veut « mettre en valeur l’entreprenariat francophone hors Québec et présenter des opportunités pour les entrepreneurs des régions du pays ».

La fin des barrières aurait-elle un impact en éducation ? Une collaboration s’amorce, selon le Conseil des ministres de l’éducation du Canada.

Le rôle des systèmes d’éducation dans « l’acquisition des compétences dont les Canadiens ont besoin aujourd’hui et à l’avenir » a dominé les débats de la réunion du Conseil le 9 juillet. Avec les ministres provinciaux responsables du marché du travail et 200 personnes d’affaires, le Conseil a tenu un colloque sur les « Compétences pour l’avenir ».

L’évènement aurait permis « d’engager un dialogue sur les pratiques prometteuses en matière de formation et d’explorer des façons novatrices d’améliorer l’adéquation entre les systèmes d’éducation et de formation et les marchés du travail afin de mieux répondre tant aux besoins des personnes qu’à ceux des entreprises. »

Robert Tétrault demeure prudent : « Les provinces reconnaissent qu’elles doivent travailler ensemble pour combler les besoins de main-d’œuvre avec l’éducation, mais on est loin de voir du vrai progrès. »