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le Vendredi 13 juin 2014 9:38 Société

Déception pour le RESDAC

Isabelle Salesse, présidente du RESDAC. Photo : Pierre-Luc Lafrance.
Isabelle Salesse, présidente du RESDAC. Photo : Pierre-Luc Lafrance.

Pierre-Luc Lafrance

Après un an d’attente, le couperet est tombé à la fin mai : le ministère de l’Emploi et du Développement social du Canada a décidé de ne pas financer le projet « Développer des pratiques innovantes en ACE pour la main-d’œuvre qui vit en contexte linguistique minoritaire ». La réponse, tout comme la façon de faire a choqué le Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (RESDAC) ainsi que ses partenaires.

Isabelle Salesse, présidente du RESDAC. Photo : Pierre-Luc Lafrance.

Isabelle Salesse, présidente du RESDAC. Photo : Pierre-Luc Lafrance.

Le projet, qui comprenait plusieurs partenaires nationaux, visait à développer de nouveaux outils pour le développement des compétences dans une perspective d’employabilité. Il visait plus directement les adultes qui vivent en situation minoritaire au Canada. Il a été déposé le 22 mai 2013 dans le cadre d’un appel de proposition du ministère. Puis, un an plus tard, les organismes ont reçu un simple courriel générique pour dire que le projet ne serait pas financé. C’est ce qui a choqué et inquiété Isabelle Salesse, la présidente du RESDAC : « On a l’impression qu’il n’y a pas de vision ou que s’il y en a une, elle n’est pas partagée. Cela fait au moins dix mois qu’on les contacte pour avoir des réponses. Et là, on n’a aucun élément de communication. Ça manque de transparence et de clarté. »

Mme Salesse établit un lien avec la Feuille de route pour les langues officielles du Canada. « En mars 2013, la Feuille de route annonçait que 7,5 M$ seraient investis sur cinq ans en alphabétisation et en développement des compétences en milieu minoritaire. Eh bien, il s’agit d’un des axes de la Feuille de route qui n’a toujours pas été mis en œuvre. On ne sait même pas quels sont les critères. C’est donc dire que lors de la première année, rien n’a été fait. »

Pour Mme Salesse, la situation est d’autant plus incompréhensible que le projet « Développer des pratiques innovantes en ACE pour la main-d’œuvre qui vit en contexte linguistique minoritaire » répondait aux quatre fonctions exigées par l’appel de proposition soit : l’innovation, la recherche, l’information et les relations. « On a l’impression d’avoir répondu à un examen, mais qu’on a changé les questions après et que la correction s’applique aux nouvelles questions. Il y a eu un changement de ministre en juillet dernier et on a l’impression qu’il y a eu un changement de vision… seulement personne ne nous en a avertis. »

Normand Lévesque, le directeur général du RESDAC, soutient que l’attitude du ministère est incompréhensible. « Nous n’avons aucune idée des projets retenus, mais nous savons par contre que tous les projets des partenaires du RESDAC ont été refusés : CLLN, COPIAN, ABC Life, le Centre for Literacy ainsi que ceux des coalitions provinciales. »

Si la situation n’a pas d’impact direct sur les services offerts au Yukon, il y aura tout de même des contrecoups jusqu’ici. « Il n’y a pas beaucoup de gens qui font de la recherche concernant l’éducation aux adultes. Alors tout ce qui ne se fera pas va avoir un impact, car on ne pourra pas développer les outils pour offrir de nouveaux services. De plus, une partie du financement devait revenir aux partenaires sur le terrain pour offrir les services. »

Dans une lettre ouverte envoyée aux médias le 26 mai, le RESDAC et ses partenaires concluaient que : « Le ministère de l’Emploi et du Développement social du Canada (EDSC) a décidé de se passer des expertises et des compétences d’un réseau solide, implanté partout au Canada, qui œuvre avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, avec les acteurs sociaux et économiques, avec différents groupes linguistiques, culturels et avec les populations les plus vulnérables. C’est un choix. À notre avis, c’est un mauvais choix pour le Canada! »