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le Vendredi 28 mars 2014 14:27 Société

Un besoin de renouveler le leadership

Me Benoît Pelletier, constitutionnaliste et professeur à l'Université d'Ottawa.
Me Benoît Pelletier, constitutionnaliste et professeur à l'Université d'Ottawa.

Lucien Chaput, collaboration spéciale, APF

Quels liens existeront-ils entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes après le 7 avril 2014? Tout dépend si le Parti Québécois (PQ) ou le Parti Libéral du Québec (PLQ) forme le prochain gouvernement.

Du moins, c’est l’évaluation de Benoît Pelletier, professeur de droit à l’Université d’Ottawa. Ce constitutionnaliste est aussi, en quelque sorte, le père de la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, adoptée en 2006 alors qu’il était ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne de 2003 à 2008 dans l’ancien gouvernement libéral de Jean Charest.

En mai 2004, à l’occasion de la clôture du Forum de la francophonie, le ministre Pelletier avait annoncé les couleurs de son gouvernement. « Quiconque souhaite, par des actions d’envergure, contribuer à l’avancement de la langue française, la confirmant ainsi dans son statut universel, trouvera le Québec à ses côtés […]. Amis francophones du Canada, tenez-vous le pour dit, à compter d’aujourd’hui, le Québec est de retour. »

Dix ans plus tard, Benoît Pelletier, rappelle l’importance et la raison d’être de ce retour du Québec au sein de la francophonie canadienne. La Politique se fonde sur l’idée que la pérennité du fait français au Canada passe par une coopération plus étroite entre le Québec et les communautés de langue française. En tant que seul État francophone en Amérique du Nord, le Québec doit exercer un leadership rassembleur pour accroître le rayonnement et la vitalité du français.

« Le rôle de leadership s’est surtout manifesté depuis 2003 », affirme Benoît Pelletier. « Sous le PQ, je ne crois pas qu’on puisse parler de leadership. Ça ne veut pas dire que le PQ n’a pas de l’intérêt ou de la sympathie pour les minorités francophones et acadiennes. »

« Mais bien entendu, c’est plus facile pour les libéraux de donner le leadership. Ils croient dans le lien canadien, dans la fédération canadienne, voient davantage de partenariats. Je ne dis pas qu’il n’y avait pas eu d’intérêt. Mais quand on dit leadership, quand on parle de développer de nouveaux projets, de faire plus qu’on faisait avant, c’est vraiment sous le gouvernement Charest que cela a eu lieu. »

En consultant le site Web du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, responsable de la mise en œuvre de la Politique, on constate qu’aucun changement n’a été apporté depuis l’arrivée au pouvoir il y a 18 mois du gouvernement péquiste de Pauline Marois. Aucun des deux partis n’a répondu à une demande d’entrevue.

Pourtant, le professeur Pelletier ressent « que le leadership doit être renouvelé. Je le sens très certainement depuis 2012. Le leadership doit être exercé de nouveau parce que depuis quelques années, ça s’est affaibli. »

« Il faut faire du travail à sensibiliser les Québécois à la francophonie canadienne que trop d’entre eux méconnaissent. Il faut continuer à faire des efforts pour que les Québécois se sentent inclus, pour qu’ils veuillent s’y inclure. »

La Politique prévoit de l’aide financière pour des projets dans le cadre du programme d’appui à la francophonie canadienne et du programme de coopération intergouvernementale. Alors qu’il était ministre, Benoît Pelletier devait justifier cette aide destinée aux organismes francophones et acadiens. Une tâche qui n’était pas facile.

« Le réflexe des politiciens et des fonctionnaires, explique-t-il, était de ne penser qu’au Québec. Il fallait défaire ce réflexe et les amener à penser à une francophonie extra-provinciale et pancanadienne.

« C’est très important qu’il y ait une implication du Québec dans la francophonie canadienne, qu’il y ait des liens avec les communautés et entre les gouvernements aussi, parce que globalement, ça permet à la langue française d’être plus vivante et plus rayonnante. Le Québec en tire profit et les autres communautés aussi. C’est le renforcement de la langue. »