Juliette Anglehart-Zedda a bénéficié il y a trois ans d’un programme d’aide aux personnes souhaitant développer leur compréhension de la mort et du deuil. Cette formation d’un an offerte par Hospice Yukon lui a notamment permis de vivre plus sereinement la perte de plusieurs êtres chers, mais elle lui a également donné les clés nécessaires pour soutenir d’autres personnes endeuillées par la perte d’un proche.
Le temps de la réflexion
« Cette formation a été incroyable et m’a apporté énormément. Quand on se donne le temps de penser à quelque chose, comme lors d’une recherche ou d’une thèse, on se construit une sorte de dossier mental où l’on peut classer nos données plutôt que de les laisser s’éparpiller », explique Juliette. « Cela nous aide à être plus terre-à-terre, plus calmes avec les événements de la vie. »

Juliette Anglehart-Zedda a suivi une formation pour soutenir les gens en deuil. Photo : Archives A.B
Puisqu’elle est inévitable, se questionner sur la mort ne peut qu’être bénéfique, affirme Mme Anglehart-Zedda qui précise que cette réflexion peut certainement apporter une meilleure qualité de vie à ceux qui ont le courage de la mener.
Au programme de la formation d’Hospice Yukon, plusieurs ateliers au cours desquels se succédaient lectures et écritures de textes, séances d’écoute active et échanges avec d’autres participants. Chaque personne était suivie par un conseiller et un éducateur, et une formation de groupe avait lieu chaque trimestre lors d’une longue fin de semaine.
« Il nous fallait par exemple remplir puis laisser dans la boîte à gants de notre véhicule notre propre dossier indiquant ce que l’on veut qu’il se passe (en cas de décès) », indique Mme Anglehart-Zedda. « Je pense que c’est une bonne façon de se préparer et de réfléchir à des questions comme “si je suis dans le coma et qu’il n’y a plus rien à faire, qu’est ce que je souhaite qu’il m’arrive?” »
Soutenir les autres
Les participants n’étaient pas nécessairement entourés de proches ou de personnes en fin de vie qui demandaient du soutien, et certains ne participaient à la formation que pour aider les autres, éduquer sur le deuil ou accompagner les mourants hospitalisés.
La formation permettait ainsi de jouer également le rôle d’accompagnateur bénévole à l’occasion de visites aux personnes organisées dans le cadre des activités d’Hospice Yukon. Un soutien que Juliette Anglehart-Zedda continue d’apporter aujourd’hui.
« J’ai suivi un processus que d’autres personnes n’ont peut-être pas réalisé, et j’ai quelquefois l’impression que les gens sont freinés dans leur souhait de venir me voir », explique-t-elle. « Il faut donc que je m’ajuste et que je me mette à leur niveau, afin de savoir où ils en sont et ce qu’ils vivent. »
Mme Anglehart-Zedda se dit ouverte, mais elle avoue souvent ressentir chez ses interlocuteurs un sentiment de colère ou de frustration généré par l’anxiété, la peur du vide, du rien.
« Je leur explique que nous pouvons parler de leur situation objectivement ou subjectivement; que nous pouvons toucher aux émotions, ou ne pas y toucher, dépendamment de là où ils en sont et de ce qu’ils vivent. Il y a vraiment beaucoup de différentes façons d’approcher le sujet. »