Propos recueillis par Thibaut Rondel.
Depuis cinq ans, Christophe Marie est à la tête de la compagnie de tourisme d’aventure Jack & Son. Guide en rivière et accompagnateur en montagne, ce Français d’origine a développé un concept commercial axé sur l’authenticité et la tradition, deux valeurs sûres qui lui permettent de joindre une clientèle française en quête d’aventure et de grands espaces. En cette fin de saison estivale, l’Aurore boréale a pu s’entretenir avec Christophe Marie.
L’Aurore boréale : Comment est née la compagnie Jack & Son?
Christophe Marie : J’ai été formé au tourisme d’aventure en France et en Gaspésie, puis j’ai travaillé un an pour Aventure arctique au Yukon. Sur les plans de l’esthétique et de l’ambiance, j’avais vraiment une idée précise de ce que je voulais présenter en matière de guidage, mais comme personne ne pouvait me donner ça, j’ai décidé de monter ma propre entreprise l’année suivante.
A.B. : Parlez-nous de votre parcours d’aventurier.
C.M. : J’ai passé huit ans au sein des troupes de montagne de Chamonix, dans les Alpes françaises. Cette expérience m’a donné envie de vivre du métier de guidage et je suis parti de Chamonix, car je considérais davantage les grands espaces que l’altitude pour faire ce métier. Mon regard s’est vite porté vers le Nord et le Canada, où j’ai obtenu ma résidence permanente et où j’ai été formé. Ensuite, les agences m’ont vite sauté dessus, car j’étais le seul Français installé au Yukon dans le domaine du tourisme d’aventure. Cela m’a ouvert un marché intéressant.
A.B. : Pourquoi avoir choisi le Yukon?
C.M. : Car c’est le numéro un en matière de rivières, l’Eldorado des pagayeurs, et que c’est un territoire encore peu connu des Français. Jusqu’à maintenant, seuls quelques films de Nicolas Vanier leur ont par exemple permis de découvrir ce coin.
Pour ma part, je l’imaginais sauvage et peu fréquenté, et c’est ce qui m’a permis de développer ma compagnie et d’être vrai dans ce que je raconte sur mon site Internet et dans ce que je propose. J’imaginais aussi que le Yukon allait devenir une nouvelle porte d’entrée pour le tourisme d’aventure, et c’est effectivement ce qui se passe.
A.B. : Vous jouez sur plusieurs tableaux…
C.M. : J’ai en effet la chance d’être guide, mais aussi directeur de l’entreprise, et c’est un métier parfait pour moi : je suis sur le terrain avec les clients, je vis avec eux et je cuisine pour eux, mais en ce moment, je suis par exemple au bureau à Montréal et je me repose physiquement après trois mois passés sur l’eau. Je m’occupe du site Internet, je fais du marketing, des brochures, etc. Sur le plan personnel comme professionnel et familial, je me suis vraiment développé, et je m’enrichis chaque jour un peu plus, car je touche vraiment à différents secteurs.
A.B. : Quel est votre plus beau souvenir de guide?
C.M. : Naviguer sur la rivière Porcupine, en route vers Old Crow, me lever au petit matin, entendre les loups hurler, puis les voir descendre au bord de l’eau pendant le petit-déjeuner. Ça, c’est pour moi quelque chose d’assez remarquable. C’est arrivé plusieurs fois depuis, mais la première fois, on ne l’oublie jamais, et c’est ce qui fait que mon cœur reste accroché à la Porcupine.
A.B. : Votre pire expérience…
C.M. : Les moments durs, comme en septembre où ce n’est pas toujours facile quand il ne fait pas beau sur l’eau. Cette année, nous avons par exemple eu deux jours de neige. À la suite d’un faux mouvement, je me suis aussi cassé deux côtes flottantes en pagayant dans un petit rapide de la rivière Porcupine. Ce sont des choses assez difficiles, mais elles font partie du métier!