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le Mercredi 26 juin 2013 13:10 Société

Le harcèlement sexuel demeure une réalité mal comprise

Sarah Cloutier – Les EssentiElles

Certains cas récents de harcèlement sexuel au travail portés devant la Commission des droits de la personne du Yukon ont attiré dans les derniers mois l’attention des médias et du public sur ce sujet souvent méconnu. L’an passé, la Commission a reconnu qu’une jeune femme avait été harcelée sexuellement par son entraîneur et employeur d’un magasin de sport de Whitehorse. De plus, les plaintes de deux anciennes employées d’une garderie de Whitehorse, selon lesquelles leur employeuse n’aurait pas pris les mesures nécessaires pour empêcher le harcèlement sexuel sur leur lieu de travail, ont été entendues par la Commission dans les derniers mois. Un cas à Haines Junction a également été rapporté récemment par deux jeunes femmes, dénonçant le harcèlement sexuel à leur égard par leur ancien patron dans un restaurant.

Bien que ces cas aient permis de sensibiliser la population à ce sujet, une grande partie des réactions publiques ont consisté à invalider les dénonciations et banaliser les incidents. On peut donc constater que malgré sa présence dans les médias, le harcèlement sexuel demeure une réalité mal comprise. Il est donc nécessaire de faire la lumière sur cette problématique qui touche un grand nombre de travailleurs, et principalement de travailleuses.

Il est courant d’entendre que les accusations de harcèlement sexuel sont exagérées, et que plusieurs comportements pointés du doigt sont inoffensifs et font partie d’un environnement de travail normal. Il importe ainsi de rappeler qu’il existe un fossé significatif entre des comportements banals entre collègues et le harcèlement, et que ce dernier ne devrait jamais faire partie du travail. Où est donc cette ligne entre un flirt ou des plaisanteries inoffensives et le harcèlement sexuel? Le harcèlement sexuel peut être défini comme étant un comportement de nature sexuelle, persistant ou sévère, ayant un impact négatif sur l’environnement de travail ou les conditions d’emploi de la victime. Contrairement au flirt ou aux plaisanteries de bonne nature, il s’agit d’un comportement non désiré et non bienvenu de la part de la personne qui le subit. Il peut s’agir entre autres de contacts physiques, commentaires, blagues, messages ou invitations. Le harcèlement est généralement ancré dans une relation de pouvoir. Il crée un environnement de travail nocif et peut avoir d’importantes conséquences psychologiques sur la victime.

Plusieurs groupes de femmes et organismes constatent que le harcèlement sexuel est un problème important au Canada et au Yukon. Il est difficile cependant d’en connaître l’ampleur exacte étant donné l’inexistence de données statistiques canadiennes récentes. Les dernières données récoltées en 1993 par Statistique Canada sur le sujet indiquaient que 23 % des femmes interrogées avaient été harcelées sexuellement au travail. En outre, certaines études indiquent qu’entre 40 et 50 % des femmes des pays industrialisés sont victimes de harcèlement sexuel au travail. De plus, ce sont les jeunes travailleuses de 18 à 24 ans qui sont les plus touchées par cette problématique.

La loi reconnaît le droit de chacun à un environnement de travail sécuritaire. En effet, le Code canadien du travail et la Loi sur les droits de la personne du Yukon assurent non seulement à toutes et tous un milieu de travail exempt de harcèlement, mais établissent également la responsabilité de l’employeur de prendre les mesures nécessaires pour empêcher le harcèlement sur le lieu de travail.

Si vous, ou une personne que vous connaissez, êtes victime de harcèlement, vous pouvez contacter la Commission des droits de la personne du Yukon pour obtenir plus d’information, au 1-800-661-0535 ou à [email protected].

L’organisme les EssentiElles prépare présentement un projet de sensibilisation et de prévention du harcèlement sexuel au travail. Pour plus d’information ou pour toute suggestion, écrivez à [email protected] ou appelez au 867-668-2636.