Une étude de Statistique Canada publiée le 28 mai dernier révèle un léger recul du taux de bilinguisme au pays.
Alors qu’en 2001, 17,7 % de la population canadienne affirmait pouvoir soutenir une conversation aussi bien en anglais qu’en français, le taux est tombé à 17,5 % en 2011.
Sur cette même période, le nombre d’individus s’affirmant bilingues a quant à lui connu une légère augmentation, passant de 5,2 à près de 5,8 millions de personnes.
C’est la première fois en l’espace de 50 ans – depuis l’étude menée en 1961 – que le taux de bilinguisme au Canada fait face à une régression.
Alors que dans les provinces de l’Est, la proportion de personnes bilingues est en augmentation – à l’exception du Nouveau-Brunswick, dont le taux de bilinguisme est passé de 34,2 % à 33,2 % en 10 ans –, les provinces de l’Ouest connaissent un déclin significatif.
L’Ouest en régression
L’Alberta et la Colombie-Britannique suivent la tendance nationale, puisqu’avant de régresser, ces deux provinces avaient connu une augmentation continue de leur taux de bilinguisme entre 1961 et 2001. L’Alberta affiche ainsi aujourd’hui un taux de bilinguisme de 6,5 % (contre 6,9 % en 2001), la Colombie-Britannique, un taux de 6,8 % (contre 7 % lors de la précédente étude).
La tendance à la baisse est plus marquée au Manitoba et en Saskatchewan. Depuis 1961, le taux de bilinguisme de cette dernière province a connu des fluctuations, oscillant autour d’environ 5 %. En chutant de 5,1 % en 2001 à 4,6 % en 2011, il dépasse aujourd’hui d’à peine 0,1 point le taux de 1961.
Le constat est sensiblement différent au Manitoba où le taux de bilinguisme a chuté de 0,7 point au cours des 10 dernières années (9,3 % contre 8,6 %), alors qu’il était de 7,4 % en 1961.
Après une augmentation sans interruption de son taux de bilinguisme depuis 1961, l’Ontario connaît également une importante récession, puisqu’il perd 0,7 point pour s’établir en 2011 à 11 %.
Le Yukon, bon élève
Au Québec, milieu majoritaire francophone, le taux de bilinguisme connaît une belle progression, passant de 40,8 % à 42,8 % entre 2001 et 2011. En 1961, seuls 25,5 % des Québécois affirmaient maîtriser les deux langues officielles.
Bon élève du bilinguisme, le Yukon présente la meilleure progression sur le plan national, avec une hausse de l’ordre de 3 % au cours des dix dernières années.
En progression régulière – 5,6 % en 1961, puis une progression moyenne d’environ 1,2 % par décennie, le territoire enregistre désormais un taux de bilinguisme de 13,1 %, contre 10,2 en 2001.
Le Yukon fait donc figure d’exception au pays. Seule circonscription officiellement bilingue au regard de la loi – avec le Nouveau-Brunswick –, le territoire à large majorité anglophone bénéficie également d’une bonne reconnaissance du fait français. Très plébiscités, les programmes des écoles en matière d’immersion française participent également à l’essor de la langue au territoire.
Les Territoires du Nord-Ouest connaissent également une hausse de leur taux de bilinguisme (9,1 % en 2011, 8,4 % en 2001). Le Nunavut stagne à 3,8 %.
Les facteurs éducation et immigration
Bien qu’à l’échelle nationale l’immersion remporte le même succès, les programmes réguliers connaissent eux une baisse des inscriptions. Sur les dix dernières années, 400 000 élèves de moins auraient été comptabilisés, expliquant ainsi en partie la baisse du taux de bilinguisme au pays.
Second facteur pouvant expliquer sa diminution, le choix prioritaire des nouveaux immigrants pour l’apprentissage de l’anglais.
Ne parlant souvent aucune des deux langues officielles lorsqu’ils arrivent au Canada, les immigrants, dans un souci d’intégration, privilégient en effet la langue la plus utilisée sur le marché du travail au pays.
À l’extérieur du Québec, seulement 6 % des immigrants sont par ailleurs bilingues, dont une proportion significative de francophones européens ou africains.