le Dimanche 24 septembre 2023
le Mercredi 1 mai 2013 14:42 Société

Réchappée du tout inclus

Les gens et les lieux simples, dignes et propres parlent d’espoir pour un avenir meilleur.
Les gens et les lieux simples, dignes et propres parlent d’espoir pour un avenir meilleur.

Le long hiver yukonnais fait rêver des pays chauds. Les complications du travail font imaginer des vacances où tout serait simple et facile… y compris les voyages vers le Sud! Les forfaits de vacances formule « tout inclus » semblent répondre parfaitement à ces deux désirs, mais toutes nos faiblesses personnelles sont aussi au rendez-vous.

Les voyagistes offrent, pour un prix fixe, hôtel, repas, alcool, divertissements, sports de plage et billet d’avion, en particulier pour les destinations des Caraïbes et du Mexique. Cette formule du tout inclus comprend aussi la possibilité de tous les excès selon vos péchés mignons. Aimez-vous un peu trop la nourriture, le jeu, l’alcool? La gratuité et l’abondance rendent la modération très difficile dans ces circonstances.

De passage à Cancún, sur la côte est du Mexique, dans le cadre d’un de ces voyages tout inclus, mon péché mignon s’est révélé : j’ai l’ennui facile. Qu’à cela ne tienne, les voyagistes ont aussi pensé aux voyageurs comme moi! Au bureau de tourisme de l’hôtel, un homme me propose pour un supplément une sortie dans la jungle en véhicule tout-terrain. « Ou encore une tournée guidée, de nuit, des divers cabarets de la ville? Ou bien nager avec les dauphins? » poursuit-il.

Durant notre conversation, le vendeur perçoit mon admiration pour la grande civilisation maya qui a marqué la région. « Évidemment, si vous voyagez dans notre péninsule du Yucatan sans aller voir un de nos grands monuments, c’est un peu comme se rendre au Caire sans visiter les pyramides. Le complexe de temples de Chichén Itzá par exemple, est sur la liste du patrimoine mondial des Nations-Unies, comme les pyramides de Gizeh, en Égypte », dit-il.

« Vous savez, les Mayas n’ont pas disparu comme on le prétend. Il y a des villages entiers où vivent leurs descendants. Si vous avez la santé, je pourrais vous suggérer une sortie un peu hors des sentiers battus, une journée durant », propose-t-il. « Certains villages mayas se sont associés à des voyagistes pour faire découvrir leur existence au grand public. Ils en profitent pour vous faire vivre toutes sortes d’aventures qui demandent une certaine forme physique. Par exemple, on vous emmène découvrir le complexe de temples de Coba, beaucoup moins développé que Chichén Itzá, où vous avez encore la permission d’escalader les pyramides. Vous rencontrez un shaman près d’un lac souterrain. Vous faites du kayak et une petite marche dans la jungle. Les activités sont nombreuses et variées, mais leur rythme reste celui des vacances. »

Ce qui me convainc enfin, cependant, reste la décision des villageois de se prendre en main et de s’ouvrir au monde moderne. « Je veux voir les résultats de cette fierté », pensais-je.
Quelle aventure m’attend! Pour moi à la cinquantaine avancée, tout est nouveau : un petit tour de tyrolienne dans le village, une descente en rappel de 21 pieds dans une doline, un bain dans un lac souterrain après une descente à reculons, en rampant, dans un tunnel étroit. Puis, notre groupe de douze personnes garde merveilleusement l’exclusivité des eaux rafraîchissantes de ce cénote pendant une vingtaine de minutes.

Mon meilleur souvenir de la visite du village, cependant, est de voir la détermination collective d’améliorer le sort du groupe. La plupart des hommes mûrs travaillant à l’extérieur, souvent sans retourner des jours durant, le fardeau du travail retombe sur les femmes qui cuisinent un bon repas facile à digérer pour les touristes, et les hommes âgés qui harnachent les visiteurs aux tyroliennes. Les jeunes garçons et filles photographient toutes les activités puis offrent, sans insister, de vendre les clichés sur disque compact. Les gens et les lieux simples, dignes et propres parlent d’espoir pour un avenir meilleur.

Après quatre heures passées avec les villageois, notre guide multilingue pilote rapidement la camionnette un peu déglinguée vers Coba. Nous visitons cet immense site millénaire encore très sauvage durant deux heures, émerveillés. Pas étonnant que les descendants d’un tel peuple veuillent encore se forger une place honorable au soleil et échapper à la misère!

« Si je connaissais l’espagnol, je pourrais encore plus apprécier cette rencontre », pensais-je, « mais cette visite est définitivement beaucoup plus exaltante qu’une journée à la piscine de l’hôtel! »
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