En marge de cette rencontre, Philippe Mouchet dévoilait aux passants de la rue Main un nouveau concept de maison-roulotte écologique. Selon lui, la lutte contre la crise du logement qui frappe actuellement le territoire pourrait passer par le développement de ces mini-logements abordables.
« Il s’agit de présenter ce concept, d’essayer d’éveiller les consciences et de montrer qu’il y a d’autres façons de vivre, en dépensant moins d’argent tout en étant un peu plus efficace sur le plan environnemental », explique Philippe Mouchet.
Trois tonnes, huit pieds par dix-huit
Philippe Mouchet a entamé la construction de sa roulotte au mois de juin dernier, à la demande d’une amie qui souhaitait acquérir ce type d’habitation. Le logement s’apparente à une petite cabine posée sur une remorque. À vide, l’ensemble pèse environ trois tonnes.
« La roulotte mesure 8 pieds par 18, et nous sommes donc un peu limités sur le plan de l’agencement, mais nous avons insisté sur la finition et les détails de menuiserie », explique-t-il. « Le bois de référence, le bouleau, vient de Haines, et nous avons également utilisé du bois provenant de Teslin. »
Point de cache-misère pour ce menuisier de formation qui pourtant mettait pour la première fois en œuvre les techniques de charpenterie.
« Chaque fois que j’entrais ici, je me disais que j’allais travailler sur quelque chose que je n’avais jamais vraiment fait », raconte Philippe Mouchet. « Ça a été un processus assez dur sur les plans psychologique et technique! »
Des murs en laine
Au chapitre de l’isolation, Philippe Mouchet a pu bénéficier du soutien du Centre Energy Solutions ainsi que du Cold Climate Institute du Collège du Yukon, qui lui a offert plusieurs panneaux d’isolation sous vide. Les murs contiennent par ailleurs de la laine de mouton provenant d’Oregon.
« Les animaux s’isolent avec, nous nous habillons avec, alors pourquoi ne pas la mettre dans les murs », lance-t-il. « La laine est un matériau sain et capable de réguler l’hygrométrie. Elle ne peut pas moisir et permet en quelque sorte aux murs de respirer. »
Une toilette à incinération a également été installée, ainsi qu’une petite douche qui sera raccordée au réseau d’approvisionnement en eau de la ville. L’apport en électricité sera assuré par deux transformateurs basse tension, pour éviter les pollutions électromagnétiques, précise Philippe Mouchet, et un petit chauffage au propane fournira de la chaleur au logement.
Une solution abordable
Au total, la roulotte aura coûté environ 80 000 dollars, main-d’œuvre incluse. Philippe Mouchet assure néanmoins que ces constructions sont à la portée de (presque) toutes les bourses.
« Nous avons mis le paquet sur la menuiserie et j’ai passé du temps sur les détails, car nous voulions quelque chose de très épuré », explique-t-il. « Mais si tu prends ton temps, que tu fais avec ce que tu as ou que tu récupères des matériaux et que tu ne prêtes pas d’importance au style, ça peut ne pas coûter cher du tout », assure-t-il, précisant qu’un investissement minimum de 10 000 dollars peut suffire.
Philippe Mouchet reconnaît que sa maison roulante n’est pas vraiment adaptée à de multiples déplacements – par exemple pour aller camper chaque fin de semaine –, mais que sa mobilité et son coût présentent tout de même des avantages.
« J’adore juste le concept, et nous sommes plusieurs à vouloir faire connaître ce genre d’habitation », confie-t-il. « Pour le moment, ces types de logement sont interdits en ville et doivent être stationnés dans un parc à roulottes (trailer park), mais si la loi change, je pense qu’ils peuvent constituer une réponse à la crise du logement. »