Une commotion cérébrale est un terme utilisé dans le sport pour parler d’un traumatisme crânien léger. « C’est comme une espèce de bleu au cerveau. La boîte crânienne est un espace fermé rigide, dans lequel on trouve le cerveau entouré d’eau. Donc, si on a un coup, le cerveau peut se promener et se plaquer contre la boîte crânienne [ce qui peut causer des lésions cérébrales] », explique Dre Anne-Marie LeBlanc, médecin du sport et de l’exercice à Whitehorse.
Ce type de blessure, non visible sur les examens d’imagerie médicale, s’identifie par un examen médical. « On a besoin de trois choses pour poser le diagnostic : un mécanisme de blessure (un coup, une chute ou un accident), de symptômes (le patient se plaint de quelque chose), puis de signes à l’examen clinique. C’est un spécialiste de la santé, un médecin ou un physiothérapeute qui peut diagnostiquer une commotion », poursuit Dre Anne-Marie LeBlanc.
Si une commotion cérébrale peut arriver dans n’importe quel sport, certains sont plus à risques que d’autres. « Les sports où on parle de vélocité, donc de vitesse et les sports où il y a un risque d’impact. Je vois surtout des commotions dans le vélo de montagne, le ski alpin, l’escalade, le hockey ou le football américain », remarque-t-elle.
Impact et symptômes
Alizée Salesse et Lolita Meyer témoignent de leurs expériences des commotions cérébrales.
« C’était au soccer. J’étais à un mètre d’un autre joueur qui a tiré de toutes ses forces. La balle m’a frappée dans la face. J’ai perdu l’équilibre et je me suis cogné la tête sur le plancher », raconte Alizée Salesse. « J’ai été sonnée. Je suis restée un peu à terre. On m’a aidée à me relever et j’ai quitté le jeu », continue-t-elle.
« Moi, c’est arrivé plusieurs fois à vélo de montagne. Y’a un crash, la tête tape. J’ai toujours un casque, mais malgré cela, j’ai quand même eu des commotions cérébrales », se souvient Lolita Meyer.
Toutes deux ont eu des symptômes similaires : mal de tête pendant plusieurs jours, vision trouble, problèmes de concentration et nausées. Selon Dre Anne-Marie LeBlanc, il y a plusieurs types de symptômes. « On peut avoir des symptômes émotionnels [comme la tristesse, l’anxiété ou la dépression], physiques ou cognitifs », détaille-t-elle.
Arrêt et repos relatif
Pour la professionnelle de la santé, il est essentiel d’arrêter immédiatement l’exercice en cas de présomption de commotion cérébrale. « Le risque du second impact est le plus important dans les 48 premières heures. Ce contrecoup peut entraîner la mort. C’est rare. Il ne faut pas être dramatique non plus, mais il faut reconnaître que les commotions cérébrales, c’est sérieux », rapporte-t-elle.
Selon Dre Anne-Marie LeBlanc, il n’y a pas nécessité de consulter systématiquement en cas de doute, si la personne a des symptômes légers et se sent à l’aise de les gérer seule chez elle.
C’est le cas de Lolita Meyer. Elle a souffert de cinq commotions cérébrales sans jamais aller chez le médecin. « Je reconnais les symptômes : mal de tête pendant trois jours environ, après ça, je ne suis pas encore remise à 100 %. Je cherche encore quelquefois mes mots. La concentration est compliquée, surtout le travail sur écran. Je dirais qu’il me faut trois semaines pour me sentir à nouveau normale », résume-t-elle.
La docteure préconise un repos relatif pendant les 48 heures suivant le coup. « C’est-à-dire que l’on fait nos activités de la vie quotidienne en limitant au maximum l’exposition aux écrans. Puis on fait une activité légère. On peut aller faire des petites marches par exemple. Puis après 48 heures, selon comment nos symptômes sont, on reprend doucement l’activité physique », explicite-t-elle.
Retour progressif au sport
« Si on n’a pas besoin de voir un médecin à chaque fois, idéalement, on aurait quelqu’un qui nous accompagne dans le retour au sport, un médecin ou un physio », soutient Dre Anne-Marie LeBlanc. « La reprise se fait selon un tableau bien défini en six étapes. Le plus rapidement qu’on peut retourner à une pratique normale, c’est huit jours, car on peut progresser d’une étape à l’autre, toutes les 24 heures. » Parachute, un organisme de bienfaisance national dédié à la prévention des blessures, propose sur son site Web de nombreuses ressources sur les commotions cérébrales, dont la stratégie de retour au sport en six étapes.
« Il faut être à l’écoute de ses symptômes. Quand on progresse dans les étapes, si on voit que les symptômes empirent, ça veut dire qu’on va trop rapidement. S’ils reviennent à leur niveau de base en dedans d’une heure après l’activité, c’est correct », précise-t-elle.
Selon elle, la plupart des adultes n’auront plus de symptômes en une dizaine de jours alors que pour les enfants cette période peut s’étendre à un mois. « Si des douleurs cervicales, des maux de tête importants et des étourdissements persistent, il faudrait consulter un physiothérapeute spécialisé en commotion pour voir s’il n’y aurait pas justement une composante de l’impact qui maintient les symptômes, qui empêchent de progresser », attire-t-elle l’attention.
Un retour non progressif à l’activité physique présente le risque de maintenir ou d’empirer les symptômes. Alizée Salesse a repris le soccer avant de se remettre complètement de sa commotion cérébrale. Lors d’une partie, elle est à nouveau tombée, cognant sa tête au sol et aggravant sa commotion. « Mes symptômes ont été beaucoup plus forts. Pendant plusieurs mois, je n’ai pas pu participer aux deux premières périodes de l’école, car mon cerveau n’arrivait pas à suivre. J’avais l’impression d’avoir la tête qui allait exploser. J’avais des nausées et des pertes d’équilibre. Mes maux de tête étaient empirés avec la luminosité. Depuis, j’ai une sensibilité, donc si je me cogne la tête, disons contre une étagère, j’ai des maux de tête pendant plusieurs heures voire jours », témoigne-t-elle.
Prévenir les commotions cérébrales
Au niveau individuel, Dre Anne-Marie LeBlanc affirme que l’on peut changer son comportement, en ayant une approche au sport moins risquée. Elle suggère aussi de porter des protections, comme les protège-dents au hockey, seul équipement qui diminue effectivement le risque de commotion cérébrale. Car contrairement aux idées reçues, le port d’un casque peut empêcher une fracture du crâne, et donc possiblement la mort, mais ne réduit pas les chances d’une commotion.
Au niveau collectif, des choses ont été mises en place, comme la diminution du temps d’exposition aux contacts dans le football américain ou l’interdiction des mises en échec pour les enfants au hockey, mais il reste encore du chemin à faire pour sensibiliser la population.
Pour la professionnelle de la santé, une des choses les plus importantes à faire serait d’enlever la stigmatisation tough it out. « J’ai vu une statistique : un Canadien sur quatre ne connaît pas les symptômes d’une commotion. C’est ça qu’est important : faire de l’éducation là-dessus. […] C’est important de ne pas banaliser. Si on suspecte une commotion, c’est toujours correct de retirer quelqu’un du jeu. Si on suspecte une commotion et que ça s’avère ne pas en être une, ce n’est pas grave. Mieux vaut prévenir que guérir », conclut-elle.
Cette année, la Semaine de sensibilisation aux commotions cérébrales devrait commencer le 23 septembre prochain.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale
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