Lisa Pillot habite Calgary. Cette mère de deux enfants de moins de 5 ans cherche, comme bien d’autres parents, des ressources pour l’appuyer et aussi pour aider ses enfants. Pour elle, le défi de la langue s’ajoute aux défis du quotidien. Elle tient à transmettre son bagage culturel à ses enfants : «Le français, ça fait partie de moi», dit-elle.
Pour les parents francophones vivant dans les communautés francophones et acadienne en situation minoritaire, le défi de transmettre son identité linguistique, et de vivre, un tant soit peu, en français est réel. L’accès aux ressources dans leur langue est soit limité ou inexistant, que ce soit pour les services de garde, les programmes sociorécréatifs ou les soins de santé.
De manière générale, les jeunes familles jonglent avec des horaires chargés auxquels s’ajoutent des défis externes, comme le cout croissant de la facture d’épicerie ou encore l’accès difficile au logement. Dans plusieurs milieux francophones minoritaires, l’accès aux services de garde ou l’accès à des ressources et à des formations pour appuyer les nouveaux parents sont plus difficiles à trouver.
Les familles n’ont pas toujours accès à une gamme complète de services et de programmes qui les appuie de la grossesse jusqu’à l’adolescence des enfants, selon la revue de données «Impact des barrières linguistiques sur la qualité et la sécurité des soins de santé», publiée par la Société Santé en français (SSF) en 2015.
La petite enfance… en français
À Calgary, la plus grande ville de l’Alberta, Lisa Pillot réussit à trouver les programmes et les services dont elle a besoin, notamment au Centre d’appui familial Sud de l’Alberta.
À l’autre bout du pays, Valerie Kendall, qui habite à Chéticamp, une région qui compte 5000 habitants dans l’Île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, éprouve parfois des difficultés à accéder aux biens essentiels. «On n’a pas toutes les ressources», confie la jeune mère. «Des fois, juste trouver la bonne sorte de formule des couches qui sont de la bonne grandeur, ou même les tétines de bouteilles que mes petites voulaient, c’est vraiment dur.»
Elle se souvient d’une nuit au cours de laquelle son chat a mangé toutes les tétines des bouteilles : il aura fallu deux heures de route avec un bébé affamé pour trouver celles qu’il fallait pour que la petite accepte la bouteille. Une expérience difficile, reconnait Valerie Kendall.
Heureusement, chez elle, les cercles sociaux sont tissés serrés, ce qui aide souvent dans les moments plus difficiles. «On se connait tous et on se rassemble beaucoup à la Pirouette.»
La Pirouette, un centre familial comme il en existe bien d’autres au Canada, offre un lieu de rassemblement, de jeu et de formation pour la famille. En juillet et en aout, notamment, La Pirouette joue un rôle d’autant plus crucial dans la région en raison de la fermeture de la garderie.
Pour une petite enfance douce
Le Centre d’appui familial en Alberta et La Pirouette en Nouvelle-Écosse sont des organismes qui offrent des programmes d’appui aux familles francophones, et qui profitent aussi du financement de projet par le programme Petite enfance en santé.
Le programme vise à améliorer l’état de santé et le mieux-être global des enfants de 0 à 6 ans et de leur famille issus des communautés de langue officielle en situation minoritaire, tout en s’adaptant aux réalités locales. Une solution globale, par l’action locale, en somme. Le programme permet de mettre en œuvre des activités de promotion de la santé et de renforcement des capacités, pour les tout-petits et leurs parents comme pour les personnes œuvrant en petite enfance.
Financé par l’Agence de la santé publique du Canada depuis 2019, le programme Petite enfance en santé a permis d’investir 8,5 millions de dollars dans les communautés francophones et acadienne en situation minoritaire (CFASM) grâce à la coordination nationale de la Société Santé en français et l’appui des réseaux de santé en français.
Depuis 2019, de nombreux projets portés par des organismes francophones à but non lucratif, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve-et-Labrador, en passant par le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, ont vu le jour pour répondre aux besoins locaux. Les activités proposées et les outils développés sont multiples et variés : des répertoires de ressources, des activités thématiques, des groupes d’appui, des cours pré et post nataux, des webinaires et des conférences, des vidéos et des balados, des trousses d’activités en ligne ou à emprunter dans sa bibliothèque locale… En quatre ans, les projets ont déjà rejoint plus de 13 000 enfants et plus de 14 000 parents/gardiens.nes à la recherche d’un peu de sens, d’organisation et d’un contact avec des personnes qui relèvent les mêmes défis.
«Le principal défi, c’est d’essayer de comprendre son enfant», résume Lisa Pillot, une adepte des ateliers de discussion. «Comme parents, on est assez démunis quand notre enfant fait une crise. [Quand] ma fille a commencé ses crises, je ne savais pas quoi faire. [Un atelier en particulier] m’a aidée à retrouver du calme, en tant que maman, et à communiquer de façon différente.» En plus, ces rencontres deviennent souvent des discussions dirigées entre parents. «C’est un appui précieux», croit-elle.
Pour en savoir davantage sur le programme Petite enfance en santé, consultez le site santefrancais.ca.