Le rapport Une stratégie sur la démence pour le Canada publié par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) en 2019 met en avant trois objectifs principaux liés à la démence : prévenir les troubles neurocognitifs, faire progresser les thérapies et trouver un remède curatif. Tout cela pour enfin améliorer la qualité de vie des personnes atteintes et des proches aidants.
Pour soutenir la mise en œuvre de cette stratégie, le Fonds stratégique contre la démence (FSD) a été créé avec un budget prévisionnel de cinquante millions de dollars sur cinq ans. Grâce à ce financement, plusieurs initiatives ont germé au pays.
Une collaboration communautaire
L’Abécédaire d’un cerveau en santé est une des initiatives rendues possibles grâce au FSD. Ce projet francophone, mené par le RésoSanté de la Colombie-Britannique, a été mis en place en collaboration avec les réseaux santé de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Yukon.
Le projet de L’Abécédaire d’un cerveau en santé comporte deux étapes, explique Sandra St-Laurent, directrice du Partenariat communauté en santé (PCS) au Yukon.
Tout d’abord, une recherche et une consultation seront menées afin d’effectuer un état des lieux parmi les Yukonnais et Yukonnaises francophones souffrants de démence et leurs proches. Puis, un programme de sensibilisation basé sur les résultats de cette recherche sera lancé auprès du grand public l’année prochaine.
Le programme de sensibilisation permettra d’apporter des outils et des ressources en français à la population active de plus de 40 ans, pour les personnes atteintes de démence comme pour les proches aidants. L’ASPC explique qu’il est en effet possible de ralentir les effets de la maladie lorsque le diagnostic est précoce.
Des besoins spécifiques pour le public francophone
Pour Sandra St-Laurent, cette initiative en français est cruciale : « Très peu de ressources sont disponibles en anglais et encore moins le sont en français. Une personne bilingue qui a passé sa vie dans les deux langues, si elle est atteinte de démence, il y a des chances qu’elle revienne à sa langue maternelle et ne pourra plus communiquer avec ses proches et les spécialistes de la santé. Cette personne risque d’être isolée et mal diagnostiquée en pensant que la maladie est à un stade avancé, alors que son problème majeur est une question de communication, de langue. »
Pour aider les patients et les patientes francophones, le PCS avait déjà mis en place un projet de musicothérapie en français. Un carnet de cartes de conversations musicales a été créé pour identifier les musiques qui rappellent des souvenirs afin de produire une liste musicale personnalisée.
« [L’ouïe] est le premier sens que l’on acquière et le denier que l’on va perdre, précise la directrice. Cette méthode permet de stimuler les compétences linguistiques, améliorer la mémoire, mais aussi l’empathie, la confiance. »
L’Abécédaire d’un cerveau en santé est donc un projet de plus en appui aux efforts du PCS pour soutenir les personnes francophones atteintes de démence et leurs proches.
« Ce sont des projets essentiels, car le nombre d’habitants étant plus faible ici que dans d’autres provinces, la population yukonnaise francophone atteinte de démence est trop peu élevée pour être relevée dans les enquêtes à l’échelle nationale, conclut Sandra St-Laurent, Pourtant, la population francophone du Yukon vieillit et nous devons nous y préparer. »
IJL – Réseau.Presse
L’Aurore boréale