Ce texte est suivi d’une capsule « Lecture simple ».
[photo 1] Connue comme la communauté la plus au nord du Yukon, la Première Nation des Gwitchin Vuntut, située à 128 km du cercle arctique, vit au rythme des caribous de la Porcupine depuis au moins 12 000 ans. Ces animaux, membres de la famille des cerfs, lui permettent de se nourrir, se vêtir, s’outiller et de pratiquer de l’artisanat.
La communauté de Old Crow s’est fait connaître à l’international en 2019 lorsqu’elle a déclaré l’état d’urgence climatique, affirmant que les valeurs et les connaissances autochtones viennent de la terre et que le changement climatique est une menace pour ses traditions et ses modes de vie.
[photo 2] « Nous nous adaptons. Nous n’avons pas le choix. Donc, à mesure que ceux-ci changent et évoluent vers ce que nous connaissons aujourd’hui, nous changeons en même temps avec ce que nous savons », confie Lorraine Netro, une aînée et défenseure de l’environnement de longue date.
Emprunter de nouveaux chemins
[photo 3] Comparativement à presque toutes les autres hardes de la toundra, les caribous de la Porcupine ne sont pas en déclin, notamment grâce à l’activisme environnemental des Premières Nations. Ce sont plutôt leur parcours migratoire qui tend à se modifier, indiquait Robert Bruce Jr. – ancien chef de la Première Nation des Gwitchin Vuntut – à l’été 2022. Celui-ci s’est éteint le 15 avril 2023.
Selon lui, les causes sont multiples. La croissance des saules sur le territoire en est une. « Ça grossit. Quand on regarde les saules là-bas, très épais. Vous croyez que le caribou sera capable de passer par là? J’en doute fortement », avait lancé à ce moment Robert Bruce Jr.
[photo 4] Selon Danny Kassi, un résident de Old Crow et ancien conseiller de la Première Nation Gwitchin Vuntut, il est de plus en plus difficile de vivre du caribou, puisqu’il ne passe pas nécessairement tout près de la communauté. « [On dépend] plus de la nourriture qui provient du magasin », lance-t-il, visiblement déçu.
[photo 5] En outre, les moustiques seraient également de plus en plus nombreux et féroces sur leur territoire. Un nuage de moustiques suit d’ailleurs de près quiconque ose s’avancer vers le bord de la rivière de la Porcupine, et ces insectes bourdonnent au sommet de la montagne.
Protéger un mode de vie millénaire
[photo 6] Une autre menace guette le caribou de la Porcupine, et la communauté Gwitchin Vuntut est bien au fait de celle-ci. Le potentiel de développement dans le Refuge faunique national de l’Arctique (RFNA), en Alaska, est immense. Or, c’est aussi le lieu de mise bas de la harde de caribous de la Porcupine.
Ces terres, riches en ressources pétrolières, sont si convoitées qu’une délégation de la Première Nation Gwitchin Vuntut a dû se déplacer à Washington plusieurs fois pour plaider contre le forage dans cette zone il y a quelques années. « En ce moment, aujourd’hui, il n’y a aucun développement pétrolier et gazier dans le RFNA. Ce travail n’est pas facile », précise Lorraine Netro.
Pour elle, le meilleur moyen d’empêcher ces développements est de devenir les visages de la défense du caribou. « Il faut qu’ils nous voient », assure-t-elle.
LECTURE SIMPLE
La Porcupine, un habitat à protéger
La rivière Porcupine, c’est un cours d’eau en Alaska et au Yukon. Plusieurs animaux vivent près de la rivière, comme le caribou, le castor et l’orignal. Plusieurs sortes de poissons vivent dans la rivière, comme le saumon, la lotte, ou le brochet. Il y a aussi des grizzlis et des ours noirs dans cette région.
C’est de la rivière que vient le nom des caribous de la Porcupine. Cette harde de caribous est protégée par les Premières Nations, notamment la Première Nation Gwitchin Vuntut. Les Premières Nations chassent ces caribous depuis très longtemps et veulent continuer de le faire à l’avenir.
En 2019, la Première Nation Gwitchin Vuntut a déclaré l’urgence climatique. Cette déclaration est une façon d’encourager plus de mesures et d’actions concrètes pour protéger l’environnement.