Le 14 février marquait le 50e anniversaire de Together Today for our Children Tomorrow (Ensemble aujourd’hui pour nos enfants demain), un document historique présenté au gouvernement du Canada par le conseil des Indiens du Yukon, qui a mis la table aux ententes d’autogouvernance autochtone telles qu’on les connait aujourd’hui au territoire.
« Nous avions un leader, un aîné bien connu, leader dans ce temps, son nom était Elijah Smith », explique Judy Gingell. L’aînée de la Première Nation des Kwanlin Dün a participé à l’élaboration du document et s’est rendue à Ottawa en 1973. Elle se rappelle qu’Elijah Smith et d’autres représentants autochtones ont voyagé à travers le Yukon afin de sonder l’avis des chefs et des membres des communautés au sujet des revendications territoriales.
« Nous sentons que la seule façon pour nous d’avoir un avenir est d’établir une revendication territoriale […] qui nous rendra notre fierté perdue, le respect de soi et notre indépendance économique. Nous ne sommes pas ici pour demander la charité. Nous sommes ici avec un plan. » avait déclaré à l’époque Elijah Smith.
Les revendications
« Ce qu’on voit aujourd’hui n’aurait jamais pu être vu en 1973. Nous étions gouvernés par la Loi sur les Indiens. Nos fonds étaient très limités, nos maisons très petites, l’éducation n’était pas présente pour notre communauté », relate Judy Gingell.
Le document représente bien la frustration ressentie à l’époque et le désir d’un avenir empli d’espoir pour les générations futures, mais également le souci de travailler en collaboration avec le Canada.
À travers le document, on note une envie de participer à l’économie, de développer ses propres institutions et planifier son propre avenir, tout en respectant les façons de vivre autochtones. « C’était très important qu’on ramène notre langue et notre culture », ajoute Judy Gingell.
Les revendications territoriales sont également au centre des préoccupations qu’on retrouve dans le document : « Sans le territoire, les Indiens n’ont pas d’âme – pas de vie – pas d’identité, pas de but. Contrôler notre territoire est nécessaire à notre survie culturelle et économique. Pour que les Indiens du Yukon se joignent à la vie sociale et économique du Yukon, nous nécessitons des droits spécifiques sur le territoire et les ressources naturelles qui seront suffisants à nos besoins présents et futurs. »
Accord-cadre définitif
En 1993, une version finale et définitive du document est finalement signée par le gouvernement du Canada, le gouvernement du Yukon ainsi que le conseil des Premières Nations du Yukon. Aujourd’hui, onze des quatorze communautés Premières nations du Yukon ont signé l’entente finale.
Le nouveau document remplace complètement la Loi sur les Indiens pour les communautés signataires. Il prévoit alors la conservation de leur titre autochtone sur 41 595 km² du territoire; l’obtention de 242,67 millions de dollars; l’engagement de négocier des Accords d’autonomie gouvernementale; un modèle de règlement, sur l’imposition, la planification de l’aménagement du territoire et le règlement des différends; des principes et structures de gestion du patrimoine, de la faune, du territoire et des ressources.
Les célébrations
Du 11 au 18 février, des célébrations se sont tenues en mémoire du document historique qui a tracé la voie de la réconciliation. Ce dernier a été affiché et mis à la disposition de tous.
Différentes sections du centre culturel Kwanlin Dün ont été aménagées en « expositions nostalgiques », transformées en pièces historiques de l’époque.
« [Le Conseil des Premières Nations du Yukon] a ses propres archives des années 1970 aux années 1990 […] Ils ont environ 90 000 photos que nous avons passées en revue pendant ces 18 derniers mois », explique Teagyn Vallevand, une des organisatrices des célébrations.
Plusieurs événements culturels et conférences animées par des aîné·e·s et personnes autochtones se sont aussi tenues tout au long de la semaine au centre culturel.
Justin Trudeau s’est joint aux célébrations le dimanche 12 février. Il a tenu à renouveler son engagement à travailler vers la réconciliation. « Il y a 50 ans cette semaine, le conseil des Premières Nations du Yukon est venu à Ottawa pour présenter à mon père un plan pour l’avenir […] et j’ai la chance de venir ici à Whitehorse pour les remercier », a-t-il partagé lors de son passage.