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le Jeudi 19 mai 2022 5:01 Premières Nations

Principe de Jordan : l’ourson spirituel fête ses six ans

Le CYFN est le coordonnateur principal du Yukon quant à l’application du principe de Jordan. — Photo : CYFN
Le CYFN est le coordonnateur principal du Yukon quant à l’application du principe de Jordan.
Photo : CYFN
C’était jour de célébration le 10 mai dernier, au Centre culturel des Kwanlin Dün, alors que familles, enfants et ours en peluche se sont rassemblés autour d’un pique-nique pour commémorer le chemin parcouru depuis l’adoption du principe de Jordan en 2016. L’occasion de revenir sur cette importante décision et d’annoncer la programmation du Symposium sur le principe de Jordan, qui aura lieu au territoire les 30 et 31 mai prochains.

Le Conseil des Premières Nations du Yukon (CYFN) et la Direction de l’Éducation pour les Premières Nations du Yukon (YFNED) ont coorganisé l’événement sur l’heure du dîner, le 10 mai dernier. Les familles et les personnes invitées ont partagé un repas et assisté à une projection cinématographique sur le principe de Jordan.

Le principe découle de la décision émise par le Tribunal canadien des droits de la personne (TCDP), le 26 janvier 2016. Il statuait que les enfants des Premières Nations avaient droit à la même qualité de services sociaux, éducatifs et de santé que le reste de la population canadienne, rectifiant le tir après des décennies de négligence et de discrimination.

Le 10 mai suivant, une première ordonnance de non-conformité était émise, imposant au gouvernement fédéral de mettre en œuvre « efficacement et significativement » le principe de Jordan.

« Depuis la décision de 2016, beaucoup de travail a été fait pour s’assurer que le principe de Jordan soit efficacement mis en œuvre. Cependant, il continue d’y avoir des ordonnances de non-conformité émises par le TCDP », dénonce Shadelle Chambers, directrice du CYFN. Ces ordonnances sont délivrées lorsque des lacunes – des délais ou des refus – surviennent dans la prestation de services des enfants autochtones.

L’ourson de l’égalité

« Nous organisons le pique-nique de l’ours en peluche pour honorer l’ours spirituel, qui était vraiment une icône pour la Dr Cindy Blackstock, lorsqu’elle a poursuivi le gouvernement [devant le TCDP] au nom de Jordan River Anderson », explique Mélanie Bennett, directrice du YFNED.

Le petit Jordan, un enfant cri, est décédé à l’hôpital en 2005, alors que les différents paliers gouvernementaux tentaient de savoir à qui incombait la responsabilité de payer pour ses services à domicile. Pour honorer sa mémoire et celle des enfants autochtones aux quatre coins du Canada, l’avocate Cindy Blackstock, de la Première Nation Gitxsan, amenait un ourson en peluche à toutes les audiences devant le tribunal.

Cindy Blackstock a inspiré plusieurs personnes qui défendent les droits des enfants, à travers le pays, notamment Annette King, du Bureau du défenseur de l’enfance et de la jeunesse du Yukon (YCAO). « Une des citations phares de Cindy Blackstock pour moi est “notre but est d’élever une nouvelle génération d’enfants autochtones qui n’ont pas à guérir de leur enfance” », affirme cette dernière.

Symposium sur le principe de Jordan

Cindy Blackstock sera présente les 30 et 31 mai prochains au Centre culturel des Kwanlin Dün pour le symposium sur le principe de Jordan. « Nous sommes extrêmement chanceux de voir qu’elle continue de tisser des liens avec les communautés à travers le Canada et qu’elle poursuit son travail sur le sujet », mentionne Shadelle Chambers.

Le symposium sera l’occasion pour les communautés autochtones et les spécialistes travaillant dans le milieu de la jeunesse d’en apprendre plus sur l’utilisation du principe de Jordan, précise Mme Chambers. « C’est un moment durant lequel on peut partager nos meilleures pratiques et voir comment on peut combler certaines lacunes qui continuent d’apparaître », ajoute-t-elle.

Un panel sur la question des immobilisations figure également à l’ordre du jour. Le 18 janvier 2022, le TCDP a modifié ses ordonnances quant au financement des immobilisations. Cela permet désormais aux prestataires de services d’avoir accès à des fonds pour développer des projets et des infrastructures qui seront bénéfiques pour les enfants des Premières Nations. « Cela étend le principe de Jordan de manière significative, se réjouit Shadelle Chambers. Nous allons pouvoir mettre sur pied des centres pour les jeunes, des garderies, des programmes adaptés culturellement et embaucher du personnel, par exemple. »

En matière d’accès égalitaire à des services de qualité pour les enfants autochtones, Mélanie Bennett croit que « nous sommes seulement à la pointe de l’iceberg, mais que le succès du principe de Jordan dans les dernières années montre que nous sommes sur la bonne voie ».

Autres événements en mai

5 mai : La Journée de la robe rouge, symbole des femmes et filles autochtones disparues et assassinées au Canada, a été soulignée à Whitehorse. Des robes rouges ont été accrochées à des arbres le long du fleuve Yukon et une marche ainsi qu’un rassemblement ont eu lieu.

27 mai : Ce sera le triste anniversaire de la découverte tragique des restes de 215 enfants sur les terrains du pensionnat de Kamloops en Colombie-Britannique, en 2021. Selon Shadelle Chambers, cette découverte a « mis en lumière l’histoire et l’héritage des pensionnats et le traumatisme intergénérationnel que les enfants vivent encore aujourd’hui ».

« Cela a ranimé la conversation autour de ce qui est vraiment important pour comprendre notre histoire, mais aussi pour comprendre ce que nous devons faire pour aborder l’avenir de nos enfants », conclut-elle.