le Dimanche 6 octobre 2024
le Jeudi 6 avril 2023 8:00 Francophonie

La communauté francophone catholique n’a plus son indépendance

La perte du prêtre francophone crée des remous au sein de la communauté francophone catholique. — Photo : Pixabay
La perte du prêtre francophone crée des remous au sein de la communauté francophone catholique.
Photo : Pixabay
La communauté francophone catholique n’a plus de prêtre francophone depuis 2019, et les effets de cette perte se font ressentir. La collectivité pratiquante ainsi que les revenus de la communauté en sont affectés.

La perte de son prêtre francophone a causé certains torts à la communauté francophone catholique de Whitehorse. Notamment, les heures de messe ont dû changer : « On doit maintenant tenir compte de l’horaire des prêtres anglophones qui sont là pour offrir un rituel de messe en français », explique Yann Herry, membre de la communauté francophone catholique.

L’enjeu des horaires fait partie des principales difficultés, car les nouvelles heures de messe ne conviennent pas à toutes et tous. « Comme la messe est maintenant à midi, ce n’est pas pratique pour les familles », souligne Yann Herry. « C’est sûr quand on a une famille […] que la messe est à midi et que ça vient en compétition avec plein d’autres engagements, c’est difficile d’être là souvent », convient également Jean-Sébastien Blais, père de famille et membre de la communauté.

Une baisse de participation a été notée depuis l’implantation de cette nouvelle formule.

Impacts financiers

Les effets de cette diminution de participation se font particulièrement ressentir au niveau financier. « Ça fait diminuer les revenus, donc si les revenus sont plus bas, on dépend plus de la paroisse », rapporte Yann Herry. Effectivement, la communauté catholique francophone collabore désormais avec le Diocèse catholique romain de Whitehorse, qui offre maintenant divers services en français pour accommoder les francophones.

Dans l’attente d’un prêtre francophone, certains services de base sont donc maintenus. « La messe est offerte en français, le rituel est en français et on offre toujours la catéchèse, les sacrements », se réjouit tout de même Yann Herry, très reconnaissant des efforts déployés par les prêtres anglophones.

« C’est un moins pour un plus dans le sens que le Diocèse est maintenant conscient des besoins des francophones », souligne-t-il.

Certain∙e∙s ne sont cependant pas tout à fait satisfait∙e∙s des services offerts. « Ça me tente presque plus de participer à la messe », confie Juliette Parrott, membre de la communauté francophone catholique.

Le prêtre actuel ne maîtrise pas le français et doit donc se résoudre à la lecture de textes. La compréhension de ses lectures est également difficile, due au fait que le prêtre n’est exposé au français que depuis très récemment.

Le métier de prêtre : une vocation délaissée

L’ancien prêtre francophone, Jean-Augustin Somé, a quitté Whitehorse pour servir au Burkina Faso. « Vu la situation politique au Burkina Faso, il y a de grands besoins pour ses paroissiens, parce qu’il y a beaucoup de réfugiés […] et nous on aide à ce niveau-là financièrement. On envoie des sous, on fait des levées de fond pour l’aider avec ses paroissiens qui sont réfugiés dans la capitale », explique Yann Herry.

Un manque criant de prêtres se fait ressentir. La communauté catholique francophone de Whitehorse est à la recherche d’un remplacement depuis déjà quatre ans et n’a toujours pas reçu de candidature.

La transmission de la foi dans sa langue natale

« Pour moi, c’est très important pour mes petits-enfants c’est sûr, de participer à la messe, mais aussi d’avoir leurs sacrements et d’avoir une instruction religieuse catholique qui m’a été transmise de génération en génération […] C’est important qu’ils aient une catéchèse et des services en français. Je ne verrais pas comment je pourrais faire la transmission de la foi dans une autre langue que le français », partage Yann Herry, pour qui le maintien des services catholiques en français est d’une très grande importance.

« Je tiens beaucoup à ma langue francophone […] j’ai toujours été dans des endroits anglophones, mais j’ai quand même gardé ma langue et j’aimerais la garder ici aussi au Yukon en incluant la vie religieuse », partage également Juliette Parrott.

IJL – Réseau.Presse  L’Aurore boréale