Sous le regard bienveillant de Cécile Girard, responsable du projet, ces femmes qui n’avaient pour la plupart jamais fait de couture, de perlage, de tricot ou encore de broderie ont confectionné vingt et une poupées dont dix représentent des personnages féminins.
Des matériaux recyclés
Mme Girard qui est artiste multidisciplinaire explique l’importance de l’utilisation de matériaux recyclés dans le processus de création : « Il y a toute la dimension du recyclage qui a été importante parce que les poupées ont été fabriquées entièrement avec du matériel recyclé ou usagé. Mais c’est aussi dans le fait d’aller chercher le matériel que l’on est allé chercher dans le passé. »
Chacune des participantes a reçu une trousse contenant le corps de leur poupée, ainsi que les patrons pour leurs vêtements respectifs. Est ensuite est venue l’étape de la création des vêtements, du visage, des cheveux et des accessoires.
Ainsi, Denise Beauchamp, qui a choisi de représenter le père Jean-Marie Mouchet, a confectionné une paire de skis en bois et des bâtons qui rappellent son engagement pour la santé mentale et physique.
La partie la plus délicate du processus de création semble avoir été le travail sur le visage et le regard. Marie-Stéphanie Gasse, l’une des participantes, se souvient : « Les yeux ont été durs à coudre, la tête et le visage aussi. Il a fallu travailler le contraste de couleurs et ça s’est joué sur ces détails. »
L’histoire d’une amitié
Patricia Brennan a choisi de représenter Lorenzo Grimard, le doyen francophone du Yukon qui s’est éteint le 1er septembre dernier à Dawson à l’âge de 101 ans. « C’était un homme qui aimait rire et il a vécu une existence remarquable. Ce qui m’a le plus impressionné chez lui, c’est sa résilience dans son processus de vieillissement. »
Mme Brennan a terminé la poupée avant son décès et a pu lui faire parvenir une photo le représentant alors qu’il est âgé d’une quarantaine d’années. La poupée a les cheveux frisés, un veston de cuir et le regard malicieux.
Lancement à Haines Junction
Le 14 octobre dernier, la collection de poupées a été présentée pour la première fois au public du Centre des congrès St Elias à Haines Junction. Une quarantaine de personnes pour la plupart originaires de Whitehorse avaient fait le déplacement. Outre un brunch d’antan, le public a renoué avec ses racines lors d’une séance de danses traditionnelles.
Deux personnes anglophones vivant à Haines Junction ont pu écouter les présentations faites par les participantes présentes. En effet, une personne traduisait en temps réel les propos des apprenties couturières.
L’idée d’un partenariat et d’une présentation dans les écoles a été émise lors de la période d’interaction avec le public : « Je les verrais bien exposées dans les écoles afin d’expliquer la place de la francophonie au Yukon et démontrer l’importance et la vitalité de la communauté franco-yukonnaise », a proposé Angélique Bernard.
Les poupées vont poursuivre leur voyage et seront présentées à Dawson le 26 octobre au Centre des visiteurs, ainsi qu’à Whitehorse le 10 novembre prochain à 17 h au Centre des arts du Yukon, dans le cadre du spectacle Onde de choc.