Quand Suzanne Crocker a bouclé en août 2018 une année tout entière à manger des produits locaux, récoltés, cueillis, chassés et pêchés autour de la ville de Dawson, c’est un formidable défi qu’elle a relevé pour elle et sa famille, mais aussi pour tous les Yukonnais et toutes les Yukonnaises! Elle a démontré, non sans le sacrifice de certains produits, tels que le sel, le café, le chocolat ou encore la farine de blé, que la souveraineté alimentaire était encore possible au nord du 60e parallèle. Les Premières Nations étaient bien autosuffisantes avant l’arrivée de l’homme blanc, mais l’introduction du régime alimentaire occidental a changé la donne, ainsi que l’augmentation de la population du territoire.
Une dépendance quasi totale au Sud
Le Yukon ne peut nourrir tous ses habitants. Bien au contraire, on estime que seulement 2 % des produits alimentaires consommés au territoire sont produits ici. Cela nous rend très dépendants et vulnérables. C’est l’une des raisons qui avaient poussé Suzanne Crocker à manger exclusivement local.
La fermeture de l’autoroute de l’Alaska à l’été 2012 avait en effet causé une grave pénurie sur les rayons des supermarchés et fait grimper les prix. Cela avait aussi engendré une prise de conscience de la valeur de produire et manger local sur l’environnement et sur la vitalité économique et sociale de notre communauté.
Des produits locaux plus nombreux
On compte environ 150 fermes au Yukon et leur nombre est en hausse. L’élevage est en pleine explosion et il est désormais possible d’acheter de la viande locale tout au long de l’année. L’agriculture hydroponique est aussi en plein développement. Deux entreprises locales, Yukon Gardens et Cold Acre, se sont lancées dans cette aventure avec succès et vendent leurs produits verts tout au long de l’année. Et en été, on peut compter sur les deux principaux marchés locaux pour se procurer les nombreux produits des fermes yukonnaises : le marché Fireweed de Whitehorse les jeudis après-midi et le marché de la ville de Dawson les samedis matin.
Le choix des circuits courts
Avec la nouvelle stratégie sur la souveraineté alimentaire annoncée en 2020, le gouvernement territorial s’est fixé l’objectif de produire 10 % des aliments consommés par les Yukonnais.e.s d’ici dix ans. Mais 2020, c’est loin, et 10 %, c’est encore peu.
Alors, quelles sont les solutions? Cultiver son jardin potager, chasser, pêcher, cueillir des baies sauvages, bien sûr! Mais aussi favoriser les produits alimentaires canadiens et plus particulièrement ceux des régions les plus proches, comme la Colombie-Britannique. Fromages, fruits, vins, farines, mais aussi laits végétaux! Savez-vous par exemple que la marque de lait Earth’s Own que l’on trouve dans tous les supermarchés de la ville est basée à Vancouver et qu’elle produit son lait d’avoine avec des récoltes biologiques provenant des prairies canadiennes? Et les exemples comme celui-ci sont nombreux : il suffit de porter attention à la provenance des produits.
Une bonne adresse pour faire les bons choix est l’épicerie Riverside dans le centre-ville de Whitehorse. Cette entreprise familiale s’est donné pour mission de privilégier les produits biologiques, issus du commerce équitable et, dans la mesure du possible, canadiens. Bonnes emplettes!