le Mardi 8 octobre 2024
le Jeudi 1 juin 2023 4:01 Éducation et jeunesse

Manon Carrière tire sa révérence

À quelques semaines de la retraite, Manon Carrière a hâte de ne plus avoir à faire autant de planification. Elle affirme toutefois que les réflexions avec le corps enseignant sur l’accompagnement des élèves est un aspect de son travail qui va lui manquer. — Photo: Laurie Trottier
À quelques semaines de la retraite, Manon Carrière a hâte de ne plus avoir à faire autant de planification. Elle affirme toutefois que les réflexions avec le corps enseignant sur l’accompagnement des élèves est un aspect de son travail qui va lui manquer.
Photo: Laurie Trottier
Pour les élèves de l’École Émilie-Tremblay, c’est « la madame à l’autobus », « la voix du haut-parleur » ou « la madame avec les cheveux frisés » qui quitte pour de bon. Pour les autres, il s’agit du départ d’une collègue de travail de longue date, d’une directrice dévouée ou d’une enseignante enthousiaste. Après plus de quinze ans au sein de l’école primaire francophone, Manon Carrière prendra sa retraite en juin.

Manon Carrière

Photo : Laurie Trottier

La directrice de l’École Émilie-Tremblay, qui fermera ses livres d’école à la fin de l’année scolaire, approche de la retraite. « Je vais pouvoir voyager et revenir quand ça va me tenter, je n’aurai plus de dates qui me contraignent », se réjouit-elle. Après un passage à l’école d’immersion française Whitehorse Elementary et à l’École Hidden Valley, c’est à l’École Émilie-Tremblay que la Québécoise d’origine a passé la majeure partie de sa carrière. En plus d’être enseignante, elle a occupé le poste de directrice adjointe, puis de directrice depuis septembre 2011.

Évoluer vers un poste de direction aura permis à Manon Carrière de développer de nouvelles compétences et de s’épanouir à l’École Émilie-Tremblay. Elle affirme avoir « le meilleur des deux mondes », puisqu’elle travaille avec les enfants et une équipe formidable.

Enseignante, pour le meilleur…

Lorsqu’elle revient sur ses années d’enseignement, Manon Carrière n’est pas du genre à se lancer des fleurs. « Oh là là, que j’ai fait des erreurs! », dit-elle en riant, en pensant à ses premières classes au Québec. Selon elle, les outils pédagogiques se développent au fil du temps. « J’ai progressé énormément, c’est certain et ça devient plus fluide. Mais il y a encore quelques fois, avec certains enfants, que tu te demandes : ‘‘De quoi ont-ils besoin pour que ça fonctionne?’’ C’est la beauté de l’enseignement. » Il s’agit d’ailleurs de la phrase que Manon Carrière s’est répétée le plus souvent. « Dans une classe, il n’y a pas un enfant qui est au même niveau académique et il n’y a pas un enfant pareil », affirme-t-elle sans équivoque.

Quand on lui demande ce qui permet au personnel enseignant de revenir, jour après jour, devant leurs élèves avec une énergie nouvelle, sa réponse est immédiate : l’amour des enfants. Pour elle, le désir de partager ses connaissances avec des élèves aux yeux pétillants a été sa principale motivation. « Notre cerveau est toujours allumé à penser à nos élèves, même en dehors des classes », ajoute-t-elle.

Celle qui a particulièrement aimé enseigner les sciences se rappellera les premiers ajustements qu’elle a dû faire en arrivant au Yukon. « Je donnais un exemple avec des pommes, mais ici, c’est les canneberges à l’automne! Je parlais aussi beaucoup des vers de terre, mais il n’y en a presque pas ici. Il fallait s’ajuster. »

… et pour les défis

Difficile de déterminer le nombre d’élèves que Manon Carrière aura vu défiler. Elle arrive cependant à faire une estimation : « j’ai enseigné comme titulaire et enseignante à plus de 600 élèves, et accompagné environ 550 élèves », évalue la future retraitée.

En deux décennies, le système éducatif a subi de multiples transformations et bouleversements. Sur ce sujet, pour Manon Carrière, la pandémie de la COVID-19 remporte la palme d’or. « C’est l’enjeu de la santé mentale qu’on réalise qui est le plus important. Post-pandémie, il y a des choses qu’on réalise tranquillement, la façon dont les enfants ont été affectés. On apprend encore beaucoup. » Selon elle, l’arrivée de la technologie a aussi modifié considérablement la façon d’enseigner et les besoins des jeunes.

Des changements positifs ont également rythmé sa carrière, comme l’arrivée des classes flexibles – un aménagement plus convivial de la salle de classe – et la prise en compte des besoins de mouvement des jeunes. « Maintenant, on a des bancs en mouvement, des vélos dans les écoles, on a un trampoline et plein d’outils pour les faire bouger », s’enthousiasme la directrice.

Toutefois, à travers tous ces changements, une chose est demeurée constante dans les classes de madame Carrière : les casquettes ne sont pas les bienvenues. « Je ne suis pas capable et les élèves le savent! », lance-t-elle, le sourire aux lèvres. Qui sait, en juin, les élèves dérogeront peut-être une dernière fois à la règle, le temps de lui lever leur chapeau.