La directrice de l’École Émilie-Tremblay, qui fermera ses livres d’école à la fin de l’année scolaire, approche de la retraite. « Je vais pouvoir voyager et revenir quand ça va me tenter, je n’aurai plus de dates qui me contraignent », se réjouit-elle. Après un passage à l’école d’immersion française Whitehorse Elementary et à l’École Hidden Valley, c’est à l’École Émilie-Tremblay que la Québécoise d’origine a passé la majeure partie de sa carrière. En plus d’être enseignante, elle a occupé le poste de directrice adjointe, puis de directrice depuis septembre 2011.
Évoluer vers un poste de direction aura permis à Manon Carrière de développer de nouvelles compétences et de s’épanouir à l’École Émilie-Tremblay. Elle affirme avoir « le meilleur des deux mondes », puisqu’elle travaille avec les enfants et une équipe formidable.
Enseignante, pour le meilleur…
Lorsqu’elle revient sur ses années d’enseignement, Manon Carrière n’est pas du genre à se lancer des fleurs. « Oh là là, que j’ai fait des erreurs! », dit-elle en riant, en pensant à ses premières classes au Québec. Selon elle, les outils pédagogiques se développent au fil du temps. « J’ai progressé énormément, c’est certain et ça devient plus fluide. Mais il y a encore quelques fois, avec certains enfants, que tu te demandes : ‘‘De quoi ont-ils besoin pour que ça fonctionne?’’ C’est la beauté de l’enseignement. » Il s’agit d’ailleurs de la phrase que Manon Carrière s’est répétée le plus souvent. « Dans une classe, il n’y a pas un enfant qui est au même niveau académique et il n’y a pas un enfant pareil », affirme-t-elle sans équivoque.
Quand on lui demande ce qui permet au personnel enseignant de revenir, jour après jour, devant leurs élèves avec une énergie nouvelle, sa réponse est immédiate : l’amour des enfants. Pour elle, le désir de partager ses connaissances avec des élèves aux yeux pétillants a été sa principale motivation. « Notre cerveau est toujours allumé à penser à nos élèves, même en dehors des classes », ajoute-t-elle.
Celle qui a particulièrement aimé enseigner les sciences se rappellera les premiers ajustements qu’elle a dû faire en arrivant au Yukon. « Je donnais un exemple avec des pommes, mais ici, c’est les canneberges à l’automne! Je parlais aussi beaucoup des vers de terre, mais il n’y en a presque pas ici. Il fallait s’ajuster. »
… et pour les défis
Difficile de déterminer le nombre d’élèves que Manon Carrière aura vu défiler. Elle arrive cependant à faire une estimation : « j’ai enseigné comme titulaire et enseignante à plus de 600 élèves, et accompagné environ 550 élèves », évalue la future retraitée.
En deux décennies, le système éducatif a subi de multiples transformations et bouleversements. Sur ce sujet, pour Manon Carrière, la pandémie de la COVID-19 remporte la palme d’or. « C’est l’enjeu de la santé mentale qu’on réalise qui est le plus important. Post-pandémie, il y a des choses qu’on réalise tranquillement, la façon dont les enfants ont été affectés. On apprend encore beaucoup. » Selon elle, l’arrivée de la technologie a aussi modifié considérablement la façon d’enseigner et les besoins des jeunes.
Des changements positifs ont également rythmé sa carrière, comme l’arrivée des classes flexibles – un aménagement plus convivial de la salle de classe – et la prise en compte des besoins de mouvement des jeunes. « Maintenant, on a des bancs en mouvement, des vélos dans les écoles, on a un trampoline et plein d’outils pour les faire bouger », s’enthousiasme la directrice.
Toutefois, à travers tous ces changements, une chose est demeurée constante dans les classes de madame Carrière : les casquettes ne sont pas les bienvenues. « Je ne suis pas capable et les élèves le savent! », lance-t-elle, le sourire aux lèvres. Qui sait, en juin, les élèves dérogeront peut-être une dernière fois à la règle, le temps de lui lever leur chapeau.