Le soir du 27 janvier dernier, l’équipe derrière la Direction de l’éducation des Premières Nations du Yukon (YFNED) avait de quoi festoyer. Environ un an et demi après avoir été créée dans le but d’obtenir une meilleure gestion du cursus scolaire, un de ses objectifs principaux est atteint : l’attachement d’écoles à une commission scolaire des Premières Nations.
À l’issue des référendums tenus dans neuf institutions yukonnaises, les écoles Chief-Zzeh-Gittlit (Old Crow), Ross River (Ross River), St. Elias (Haines Junction), Nelnah-Bessie-John (Beaver Creek), Grey Mountain (Whitehorse), Takhini (Whitehorse) et les écoles Johnson et Watson Lake (Watson Lake) ont voté en faveur de la proposition et seront donc administrées par la nouvelle commission scolaire. L’École J.-V.- Clark à Mayo a rejeté la proposition.
Les dirigeants et dirigeantes autochtones se réjouissent
Historique, important, valorisant, réconciliateur. Voici quelques-uns des mots qui ont été utilisés par différentes organisations et leaders pour qualifier le résultat du référendum.
« Il en a fallu du temps pour franchir ce pas, car près de 50 ans ont passé depuis que les chefs des Premières Nations du Yukon ont demandé à assumer le contrôle de l’éducation dans le document Together Today for Our Children Tomorrow. Aujourd’hui, nous célébrons. Demain, nous retrousserons nos manches », a lancé Dana Tizya-Tramm, chef de la Première Nation des Gwitchin Vuntut et président du Comité des chefs sur l’éducation, par voie de communiqué le 31 janvier.
« Nous veillerons à ce que tous les élèves aient la possibilité d’apprendre l’histoire, la culture et les langues des Premières Nations du Yukon, car elles font partie intégrante de nos vies », a souligné pour sa part la ministre de l’Éducation, Jeanie McLean.
Un « changement systémique » mis en branle
Toute l’équipe du Bureau du défenseur de l’enfance et de la jeunesse a été impressionnée par les résultats du référendum, affirme Annette King. La défenseure de l’enfance et de la jeunesse n’est cependant pas surprise, croyant « que cela va améliorer le système éducatif pour tous les élèves et minimiser l’écart pour ceux qui ont besoin de plus de soutien ».
Son bureau est derrière la publication de L’examen de l’assiduité scolaire au Yukon, un rapport qui a exposé au grand jour les lacunes du système éducatif actuel, notamment son taux d’absentéisme.
« Dans ce rapport, on a remarqué que ce qui est essentiel à l’école, c’est un sentiment d’appartenance. Si nous pouvons créer une appartenance culturelle pour tous les élèves à travers une lentille autochtone, nous obtiendrons beaucoup plus de succès », ajoute-t-elle.
Une des recommandations du rapport publié en mai dernier était d’ailleurs d’accroître la représentation des Premières Nations à tous les niveaux : personnel, enseignants, culture et programme d’études.
Pour Annette King, voilà justement la réconciliation : « Notre rapport montre les besoins réels d’une réconciliation qui passe par l’enseignement de l’histoire des pensionnats et de ses impacts. Mais ça, c’est vraiment une étape concrète. »
La directrice des communications de YFNED, Katharine Sandiford, abonde dans le même sens : « Tout le monde porte leur chandail orange, mais elle ressemble à quoi, mise en action, la réconciliation? », lance-t-elle.
Participation de la CSFY
La Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) a offert de précieux conseils à YFNED, et ce, depuis presque le début des négociations avec le gouvernement yukonnais visant la création d’une commission scolaire autochtone au territoire.
Selon Jean-Sébastien Blais, directeur de la CSFY, il s’agit d’une immense contribution aux efforts de réconciliation. Il aimerait que cette collaboration continue de se développer : « Ce qui m’intéresse le plus, c’est de voir avec les élus autochtones s’il y a un appétit pour avoir chaque année une rencontre entre nous, pour voir ce qui concerne nos deux [commissions scolaires] », précise-t-il.
Le but de Jean-Sébastien Blais et de Marc Champagne, directeur général de la CSFY, était de partager leur propre expérience en termes de création d’une commission scolaire, sans imposer leur démarche aux organisations autochtones.
« On est tous appelés à faire notre part pour la réconciliation avec les Premiers Peuples », explique-t-il, avant d’ajouter que cette collaboration lui a appris à ne pas avoir peur de tendre la main dans le domaine politique et éducatif.
D’ici le mois d’août prochain, il y aura beaucoup de travail à faire à la commission scolaire autochtone. La prochaine étape consiste d’ailleurs à élire cinq commissaires.
IJL – Réseau.Presse
L’Aurore boréale