« Êtes-vous d’accord pour que cette école soit gérée par la commission scolaire des Premières Nations du Yukon? »
Pour huit écoles du territoire, c’est la question posée aux personnes résidentes et majeures vivant dans la zone de fréquentation scolaire ou ayant un enfant qui fréquente une de ces institutions. Ces dernières sont réparties sur l’ensemble du territoire : l’École J.-V.-Clark, l’École Nelnah-Bessie-John, l’École élémentaire de Takhini, l’École Chief-Zzeh-Gittlit, l’École primaire Grey Mountain, l’École élémentaire Johnson, l’École secondaire de Watson Lake .(un même référendum), l’École de Ross River et l’ École St Elias.
Une commission scolaire est l’autorité de gestion d’une ou des écoles sur un territoire déterminé. Elle est entre autres responsable de sélectionner le personnel, d’offrir des programmes d’études, d’établir des principes directeurs et de réviser le plan de l’institution.
Les référendums ont lieu dans ces huit institutions, puisque celles-ci ont récolté une pétition avec suffisamment de signatures ou parce qu’une résolution du conseil scolaire a été votée, précise le directeur des élections Maxwell Harvey.
Pourquoi une nouvelle commission scolaire?
Le désir de former une commission scolaire distincte a émergé au sein de la Direction de l’éducation des Premières Nations du Yukon (YFNED) à la suite de rapports peu reluisants sur les conditions d’éducation au territoire, indique la directrice des communications Katharine Sandiford.
« Il y a eu des dizaines de rapports et d’évaluations qui ont montré que le ministère de l’Éducation laisse derrière certains élèves, principalement des Autochtones, des élèves des communautés rurales ou ayant des besoins spéciaux », soutient-elle.
En 2019, le vérificateur général du Canada a sonné l’alarme une nouvelle fois. Dans son rapport, on dénote que « le ministère [de l’Éducation du Yukon] n’a pas entièrement assumé ses responsabilités à l’égard de la culture et des langues des Premières Nations du Yukon » et « n’a pas pris de mesures suffisantes pour comprendre et corriger les écarts de longue date dans les résultats des élèves ».
C’est dans ce contexte que la YFNED a entamé les démarches avec le ministère de l’Éducation pour mettre sur pied une commission scolaire des Premières Nations. Cette nouvelle structure ne s’adresse pas seulement aux enfants autochtones, insiste Katharine Sandiford : « C’est un nouveau modèle pour tous les enfants. C’est simplement pour proposer un meilleur système éducatif, pourvu d’une approche différente. »
Les orientations de la nouvelle commission scolaire restent à déterminer. Cela dépendra entre autres des commissaires qui seront élus.
Guidé par la réconciliation
« Chaque enfant mérite d’avoir accès à une éducation de qualité, fondée sur les valeurs de la communauté. En collaborant avec les gouvernements des Autochtones du Yukon pour créer de solides occasions d’apprentissage pour les enfants du territoire, nous favorisons la réconciliation et leur offrons des compétences et des expériences précieuses qui leur serviront toute leur vie », a soutenu la ministre de l’Éducation Jeanie McLean par voie de communiqué lors de l’annonce de la tenue des référendums.
Pour Katharine Sandiford, il ne fait aucun doute que la mise en place d’une commission scolaire autochtone permettrait de passer des paroles aux gestes : « C’est différent des écoles autochtones. Là, c’est une collaboration directe entre le ministère de l’Éducation, les Premières Nations et les gens qui ne sont pas Première Nation. Tout le monde peut être commissaire et tout le monde est le bienvenu dans les écoles. »
Cela représente aussi l’occasion de « mettre en valeur la culture autochtone et sa contribution au Canada, en plus d’apprendre d’autres langues et visions du monde », selon la directrice des communications.
Premier processus référendaire
C’est la première fois qu’un processus référendaire de la sorte est utilisé au territoire, soutient le directeur d’Élections Yukon Maxwell Harvey. « Quand la commission scolaire francophone a été établie, on n’a pas eu recours au référendum », souligne-t-il.
Pour Katharine Sandiford, le plus difficile a été de transmettre une information concise et claire au public en vue de la période de vote : « La plupart des gens ne savent pas vraiment ce que fait une commission scolaire. Il y a beaucoup d’informations à transmettre et rendre le tout accessible au public a représenté un défi », ajoute l’ancienne journaliste.
La YFNED a tenu de nombreuses séances d’information sur Zoom pour répondre aux interrogations des résidents, résidentes et parents, et a publié une foire aux questions sur son site Web pour clarifier le processus.
L’organisation a été grandement aidée par le directeur général de la Commission scolaire francophone du Yukon Marc Champagne. « Nous avons travaillé conjointement avec lui tout au long du processus. Il nous a donné des conseils et des encouragements, en plus d’être très disponible », ajoute Katharine Sandiford.
La période de vote prendra fin le 27 janvier à 16 h. Toutes les informations sur les manières de voter sont disponibles sur le site Internet d’Élections Yukon.
IJL – Réseau.Presse
L’Aurore boréale