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le Mercredi 6 mars 2013 22:19 Technologie

La face cachée du Web

close-ups of mouse and woman hand – addiction
close-ups of mouse and woman hand – addiction

Félix Turcotte

Bonjour. Je vous avais prévenu lors de la chronique précédente que celle-ci parlerait du côté sombre de la Toile, celui qu’on préférerait ne pas voir. Bien que le sujet ne soit pas nouveau, il fait l’objet ces derniers temps d’un intense débat au sein de la communauté médicale. Vous avez deviné, c’est de la cyberdépendance dont il est question.

L’Association médicale américaine (AMA) est à finaliser ce qui sera la cinquième version de son très connu Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSMV). On est à se demander si on mettra ou non dans cet ouvrage la cyberdépendance en tant que maladie.

On connaît tous quelqu’un dans notre entourage dont la vie semble régulée au rythme des sonneries et des vibrations de son téléphone portable. Ils l’ont toujours avec eux et les plus honnêtes vous avoueront qu’ils dorment avec.

Les réseaux sociaux et la messagerie texte peuvent être d’excellents outils de communication. Il faut toutefois apprendre à s’en servir. Comme pour l’alcool et autres sources de dépendance possibles, il y a un apprentissage à faire, l’apprentissage de la modération. Dans l’Antiquité, on parlait de la tempérance, c’est-à-dire de la modération des plaisirs, des désirs.

Mais voilà, dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC), nos jeunes n’ont pas de modèles sur qui s’appuyer pour se définir un code d’usage.

La dépendance aux jeux électroniques m’apparaît davantage un problème quasi insurmontable pour certains. Au cours des six années ou j’ai enseigné l’informatique à la formation professionnelle, j’ai vu beaucoup (au bas mot 20 %) de mes élèves « décrocher » de la réalité pendant la durée de leur formation. Ils ne dormaient que quelques heures par jour. Aussitôt à l’école, ils reprenaient la partie en ligne qu’ils avaient quittée quelques heures plus tôt. Ils n’étaient plus disponibles pour apprendre. Ils étaient physiquement dans une école, sans plus.

Ça donne à réfléchir. Qu’est-ce qui fait que la fonction première des TIC qui est un moyen de communication, d’apprentissage ou de distraction devient un nouveau moyen d’évasion? On laisse le soin à l’Association médicale américaine de poser les jalons de cette nouvelle maladie qu’est la cyberdépendance. Mais, sans crainte de se tromper, on peut affirmer que si évoluer et interagir dans le monde virtuel devient la réalité dans laquelle on vit et dont on tire la plus grande satisfaction, il y a un problème certain. Selon vous, parmi vos amis, connaissances et collègues de travail, croyez-vous qu’ils seraient assez nombreux pour former un groupe de thérapie pour cyberdépendants?

Mais avant de parler de maladie, il y a lieu de définir ses caractéristiques, ses symptômes et l’intensité des symptômes. Lorsqu’une collectivité entière affiche des comportements de dépendance, est-ce que c’est la société tout entière qui est malade? Vous savez, les populations vivant en Asie sont celles qui jouent le plus de jeux sur Internet. Faut-il y voir un peuple malade ou tout simplement le fait qu’il s’agit d’un loisir fort économique?

Aujourd’hui, on a mis des lunettes foncées. Dans notre prochaine chronique, nous mettrons des lunettes noires et parlerons de la véritable économie de l’Internet. Qui sont les acteurs et comment font-ils pour en tirer des revenus?

Vous voulez réagir à cette chronique et aimeriez apporter votre point de vue? Vous avez des sujets dont vous aimeriez qu’on discute? Écrivez-moi à [email protected]

L’astuce de la semaine : vous voulez faire une blague à votre collègue de bureau? Modifiez la vitesse de la souris ou mettez la souris en mode gaucher! D’autres trucs de même genre? http://alturl.com/nac2i